Le Danxôme devenu République Populaire du Bénin, puis République du Bénin a célébré le jeudi 1er Août dernier, le 53ième anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Et comme le prescrivent les textes, le chef de l’Etat, pour une énième fois, a pris langue avec ses concitoyens au travers de son traditionnel discours de la veille de l’indépendance. Très laconique, ce texte de grande solennité a laissé sur le carreau bien des points tels les avancées et surtout les ambitions de la haute autorité pour le secteur de l’éducation, épine dorsale de la construction et du développement de toute nation. Décryptage !
Comme sur un terrain de football, le premier des Béninois a driblé au point de laisser les uns et les autres sur leur faim. Un discours laconique d’une vingtaine de minutes qui est resté muet sur bien des préoccupations. Le chef de l’Etat n’a certainement pas comblé les attentes en occultant dans son discours de la veille du 53ième anniversaire de l’indépendance du Bénin, des sujets clés tels le bilan du secteur de l’éducation, les probables avancées à l’actif du gouvernement et des décideurs de ce secteur pointu du développement et surtout les ambitions nourries pour révolutionner le système éducatif national qui, hélas, a montré ses failles lors des derniers examens de fin d’année avec des résultats qui nécessitent méditation. Ce fut un silence radio qui a laissé plus d’un dans l’émoi et la perplexité. Personne n’a compris ce choix de discours singulier du président Boni Yayi qui tranche avec ceux des années précédentes. Pas un seul mot sur l’éducation, la culture, le sport…. Des domaines d’activité de la République qui sont aujourd’hui affectés, à la limite alités par une série de crises. Les acteurs à divers niveaux, cadres tout comme les citoyens attendaient donc du chef des décisions fortes qui, soit arrêtent la saignée, soit annoncent de nouvelles orientations pour redresser la barre. Mais… Le chef de l’Etat a plutôt axé son discours sur trois (03) à quatre (04) sujets qui lui paraissent fondamentaux pour la construction du Bénin nouveau. La promotion de la bonne gouvernance, la lutte ardue contre la corruption, la croisade contre l’insécurité galopante et l’invite au travail effectif des fils et filles de la République. Il a estimé qu’il faille mettre fin aux exclusions de tout genre entretenues par la corruption, l’inégalité d’accès au foncier, à l’eau, à l’électricité, à la santé, à la liberté et à l’éducation. Et c’est pour la seule fois que la terminologie éducation apparut dans le discours du chef de l’Etat. A en croire les observateurs, il plaiderait pour l’éducation pour tous sans revenir en détails sur la structuration, la conception des outils, l’organisation du secteur, la formation des encadreurs et la restitution de la connaissance aux apprenants qui imposent indubitablement de nouvelles approches pour relever le défi de l’éducation pour tous. Même si on doit reconnaître qu’il s’agit d’une option éducative appropriée dont la mise en œuvre efficace permet de déboucher sur des résultats probants. « Le moment est venu d’assurer la sécurité humaine… Placer le développement durable au cœur de nos débats, construire la paix, des institutions crédibles… », a-t-il martelé dans son discours sans occulter les questions de la cybercriminalité, des crimes divers, les braquages à main armée qui ont pris des proportions inquiétantes de nos jours. « Pas de démocratie véritable sans la liberté. Il faut maintenant une croisade contre l’insécurité », a-t-il repris. Et c’est ainsi qu’il décrète la croisade pour l’insécurité zéro. Mais au sujet de l’éducation, rien de consistant à se mettre sous les dents si ce n’est le plaidoyer pour un accès équitable à l’éducation.
Un choix justifié ?
Seul le chef de l’Etat reste le détenteur exclusif des motifs du choix de ce type de discours. Surtout qu’il n’a jamais offert un tel discours au peuple béninois à la veille de la fête du premier août. Depuis 2006, date de son avènement au pouvoir confirmé par le K.O de 2011, il a coutume de passer en revue les différents secteurs de la vie sociopolitique, économique, culturelle, éducative et sportive du pays. Aucun pan du cercle du développement n’échappe au décryptage du président. Pour cette fois-ci, l’homme a opté pour un discours qui suscite bien des interrogations. Faut-il arrimer le texte de Yayi à l’austérité généralisée ? Le chef a-t-il décidé de ne pas offrir de la matière pour alimenter les débats ? Surtout que déjà, les langues se délient pour critiquer tel ou tel autre aspect de la gestion du pouvoir d’Etat ? Et encore, bien des questionnements restent sans réponses. On retient que les uns et les autres n’ont pu assouvir leur soif quant à la qualité du discours de la veille du 1er août. Un discours laconique qui n’a offert rien à moudre parlant du secteur de l’éducation. Peut-être que c’est un choix motivé.
Le BAC 2013 a connu son épilogue depuis quelques semaines avec à la clé plusieurs statistiques qui reflètent le niveau d’instructions des élèves, le niveau d’encadrement des enseignants et le sens organisationnel des autorités. Retrouvez dans cette compilation, les noms et prénoms des premiers au BAC, toutes séries confondues, les 20 meilleurs établissements, le classement des établissements par série, les statistiques des admis par départements et les statistiques des ajournés, des absents, des abandons et des échecs.
Identité des 13 premiers par série
l Mlle NAKPONKOU H. Fifamè Ariane : mention Très Bien avec 18,091 – série D (st Augustin);
l Mlle OKETOKOUN Yassine : mention Très Bien avec 17,286 – série C (st Augustin);
l Mme EDOUN B. Victoire : mention Bien – série G1
l Mme HOUENAGNON Faustelle Houéfa : mention Très Bien avec 17,450 – série G2 (CP Espoir 2000)
l BIO BERl Hamdane : mention Très Bien avec 16,450 – série G1 de Parakou
l ATOGOUINON Angelo : mention Très Bien 16,635 – série A1 du Séminaire N D de Fatima à Parakou ;
l DAGBA Maria Princene : mention Très Bien – série A2 du CC St J-B de Cotonou
l AQUEREBURU Alicia : mention Bien – série B
l SAGBO Alban : mention Très Bien avec 16, 192 – série EA
l TOKPO Olindé Boris : mention Bien – série F1 du LTC
l AWENOUDE Mahussi Borel : mention Bien – série F2 de CC St J BOSCO
l ADIKPETO Sidoine G. : mention Bien – série F3 de CC St J-BOSCO
l HOUNSOUGA Dénis : mention Très Bien – série F4 de LTC
Taux de réussite par département
Les 20 meilleurs établissements du BAC 2013
57930 Echecs, 9432 Ajournés, 145 Abandons, 3341 Absents pour un taux de réussite de 32,45%
Etablissements Privés Etablissements Publics
Contre performance du Baccalauréat 2013 : « Les résultats sont l’échographie de la situation réelle »
Le Baccalauréat 2013, faut-il encore le rappeler est l’un des rares examens dont l’organisation a été saluée par plusieurs acteurs du système éducatif de notre pays. Au lendemain de la proclamation des résultats de cet examen, l’on se désole de ce que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, Alphonse Da Silva, le Directeur de l’Office du Baccalauréat parle du secret du succès de l’organisation de cet examen en même temps qu’il soulève les réelles causes à l’origine de l’échec du taux d’admissibilité au Bac 2013. Voici la substance de l’entrevue accordée à l’équipe de Educ’Action !
Educ’Action : Pouvez-vous partager avec nous, le secret de l’organisation du Baccalauréat 2013 qualifiée de succès par plusieurs acteurs du système éducatif ?
Alphonse Da Silva : Je vous remercie pour cette reconnaissance mais nous avons le succès modeste parce que le Bac est un examen emblématique qui est observé sur le plan national et par le monde et jusqu’à présent, le Baccalauréat béninois garde son label sur le plan régional et international. C’est vrai qu’avec une population de candidats de plus de cent mille (100.000), c’est difficile, les difficultés s’accroissent et nous, nous avons passé plus de quatre mois en cabine pour tirer les épreuves dans la plus stricte confidentialité et faire en sorte que le Bac soit organisé sans faille sur toute l’étendue du territoire. Le sentiment que j’ai aujourd’hui, c’est un sentiment de satisfaction puisque ce qu’on redoute au Bac, ce sont les fuites. Il n’y a pas eu de fuite ni de confusion d’épreuves encore moins de substitution d’épreuves. Il y a par contre eu un complément d’informations pour certaines épreuves telles que la Physique, les Mathématiques, la Svt. Tout ceci permet au candidat de traiter le sujet sans équivoque. C’est un dispositif qui est pris à l’Office du Bac dès l’entame des sujets, d’apporter des compléments d’informations. C’est ce qui a été fait cette année. Et d’ailleurs, ça a porté ses fruits puisque dans ces sujets-là ou dans ces épreuves, nous avons eu des candidats qui ont obtenu 20/20. Vous vous rendez compte, nous avons plus de mille cinq cent (1.500) 20/20 en Svt, près de neuf cents (900) en Mathématiques, et des notes allant de 17 à 19 en Physiques nous en avons eu aussi près de six cents (600). C’est dire que, effectivement, les sujets sont abordables et les candidats moyens ont pu traiter les sujets. Evidemment, les candidats qui sont au-dessus de la mêlée ont traité les sujets.
Mais les résultats contrastent avec le succès de l’organisation de cet examen remarque t-on nonobstant l’accalmie enregistrée au cours de cette année académique. Qu’est-ce qui, selon vous, pourrait justifier ces résultats que d’aucuns qualifient de « catastrophiques » ?
Ces résultats ne sont que des résultats objectifs, de ce que les candidats ont fait, du niveau de formation des candidats, des élèves. C’est en quelque sorte comme j’ai l’habitude de le dire l’échographie de la situation réelle. Donc, nous avons 32,45%. Ce qui fait près de trente trois mille (33 000) nouveaux bacheliers. C’est beaucoup aussi sur le plan national. Au Burkina Faso, mon collègue qui m’a appelé il n’y a pas longtemps, disait qu’il a eu 34% de réussite avec un nombre de bacheliers candidats de cinquante mille (50.000). Donc ça fait quelque chose comme dix sept mille (17.000) candidats. Vous voyez, nous sommes très en avant malgré ce taux-là, mais comme je le dis, une fois encore, c’est l’échographie de la situation réelle. Il va falloir prendre des mesures pour voir comment réformer, il faut améliorer le système d’apprentissage au niveau des enseignants…Il y a plusieurs causes. Vous vous rendez compte d’ailleurs qu’il y a très peu de candidats au métier de professeurs pour les élèves et beaucoup ne veulent pas aller à l’enseignement. Chacun veut avoir une profession libérale (médecins, ingénieurs dans une entreprise où c’est bien payé parce que l’enseignement d’après certains, ne nourrit pas son homme). Mais avec le problème du chômage des jeunes, on a dû recruter des enseignants qui n’avaient pas la vocation. C’est ce qu’on appelle les reversés et autres. Le gouvernement a dû faire cela et il y a les conséquences qui sont là. Il va falloir effectivement que les enseignants soient formés pour mieux former les élèves.
Justement Mr le Dob, certains candidats évoquent pour justifier ce taux d’échec d’éventuelles erreurs dans la conception des épreuves. Qu’en est-il réellement ?
Je l’ai dit encore, il n’y a pas longtemps, vous savez, le Baccalauréat est un examen humain. Ça se prépare dans la confidentialité. Et chaque année, il y a toujours ce que l’on appelle des irracas qu’on apporte. On aurait pu laisser ça et dire parce que ça fait partie aussi des épreuves, on laisse des taupes et on leur demande de traiter l’épreuve. L’élève intelligent peut se retrouver tout de suite et dire non, à la place de B, c’est plutôt A qu’il faut mettre. A la place de construction, c’est plutôt constitution qu’il faut mettre, etc…Mais le système du baccalauréat est si organisé que nous avons un système de cobayage. Avant l’épreuve, une équipe de professeurs se retrouve deux heures avant c’est-à-dire à partir de 6heures et traitent l’épreuve ici à l’Office du baccalauréat. Ils n’ont pas le droit de sortir. Ils traitent l’épreuve ici pour voir dans quelles conditions le candidat moyen peut effectivement réussir à rendre sa copie plus propre, s’il y avait quelques difficultés structurelles, on l’indique, s’il y avait quelques informations qu’on pourrait apporter pour faciliter la composition, on l’apporte et le Directeur de l’Office du Baccalauréat se charge de mettre tout ceci à la disposition des superviseurs dans les centres de composition sur l’étendue du territoire pour que ces informations et ces compléments d’informations soient portés aux candidats dès 8h ou 15h avant qu’ils ne commencent par traiter les sujets. Et ces informations sont mises au tableau. C’est ce qui s’est passé et c’est ce qui se passe chaque année. Il y a ce système de cobayage. Donc il ne peut pas avoir des épreuves erronées qu’on donne aux candidats. La preuve, c’est que vous avez des candidats qui ont 18/20, qui ont 20/20 dans des matières, est-ce que l’épreuve est pour autant erronée. Et même il y a une deuxième parade, c’est qu’après la composition, les professeurs se réunissent souvent le 3ème jour pour confectionner les corrigés-types. S’il y avait des difficultés dedans, on en tient compte pour que les candidats ne soient pas lésés. Voilà ce qu’il en est. Et je suis malheureusement obligé de vous parler des dessous de l’organisation du Bac qui rentrent dans le cadre de la confidentialité. Ceci pour faire taire tout ce qui est colporté. Les gens cherchent des boucs émissaires pour justifier ce faible taux de réussite dont les raisons sont ailleurs. Donc, je rectifie. Le système est si organisé que tout est pris en compte.
Que dites vous alors de la polémique qui se fait persistante et qui tend à faire croire à l’opinion publique que les professeurs qui sont invités aux travaux de correction du Bac ne sont pas qualifiés ?
Il se pourrait qu’il y ait quelques difficultés, quelques situations qui se posent çà et là mais nous faisons tout pour corriger cela. Alors comment se choisissent les professeurs? Pour les choisir, on lance d’abord un appel aux chefs d’établissement qui proposent des enseignants qui tiennent les classes d’examen. Ces listes arrivent à l’Office du Baccalauréat. Ensuite, on organise des réunions départementales où on sélectionne les enseignants qui tiennent les classes d’examen pour la correction. Enfin, il y a la phase nationale où on peaufine encore ces listes s’il y avait d’autres problèmes et on arrête enfin la liste de ces enseignants. Je ne dis pas qu’à 100% tous les enseignants qui sont retenus répondent à tous les critères mais quand même, je pense qu’à 90%, les enseignants répondent aux critères et corrigent tel que cela doit se faire puisque dans les salles de correction, il y a d’abord le Président de la sous-commission, il y a aussi des contrôleurs puis des correcteurs. Des correcteurs qui sont au bic rouge corrigent et ils envoient leurs corrections aux contrôleurs qui contrôlent comme le nom l’indique et qui voient s’il y a des ajustements à faire et le Président de la sous-commission regarde aussi. Donc il y a très peu de possibilité d’erreur. Là encore, je vous livre les méandres de la confidentialité du Baccalauréat pour que les gens puissent être convaincus qu’il n’y a pas de légèreté en la matière.
Vous avez enfin un message à l’adresse des parents d’élèves et des autres acteurs du système éducatif pour améliorer la qualité de l’enseignement donné à nos enfants.
Bien sûr. D’abord, je voudrais féliciter tous les candidats qui ont réussi. Ils ont fait l’effort parce que c’est d’abord ça. C’est l’excellence. Ceux qui n’ont pas réussi, je me dois de leur dire que ce n’est pas la fin du monde, il faut qu’ils se remettent au travail et l’année prochaine, ça ira. Les parents aussi, il ne faudrait pas qu’ils soient déçus par la contre performance de leurs progénitures. Il y en a qui ont payé très fort des cours, des cours spéciaux pourtant les candidats n’ont pas réussi. Donc il faut se remettre en cause et mieux travailler puis tout ira bien.
La Rédaction