La troisième édition du « Jeudi des Arts » a rassemblé, le 30 janvier 2025 au Palais des Congrès de Cotonou, les acteurs du sous-secteur des arts vivants pour un échange autour de la structuration et de la promotion de cette filière au Bénin. Cette initiative de l’Agence de Développement des Arts et de la Culture (ADAC), marque une étape dans la dynamique de professionnalisation des arts de scène.
«Nous voulons qu’il y ait une circulation fluide des œuvres et des artistes, mais tout cela doit être organisé pour maximiser l’impact de notre culture à l’international ». C’est ainsi que s’est exprimé William Codjo, le directeur général de l’ADAC pour planter le décor de cette rencontre avec un diagnostic de la scène artistique béninoise. C’était devant un auditoire attentif composé d’artistes, de promoteurs culturels et des responsables de diverses institutions en charge de la culture au Bénin.
L’une des problématiques soulevées concerne l’absence de centres de formation spécialisés pour les artistes au Bénin. Si des opportunités existent à l’extérieur, précise William Codjo, pour se perfectionner ou faire rayonner notre culture, nous devons être en mesure d’accompagner nos talents. Pour pallier ce manque, l’ADAC prévoit la mise en place d’un mécanisme de mobilité artistique afin de faciliter l’accès aux formations et aux résidences artistiques à l’international.
Parmi les axes majeurs évoqués, il y a la structuration d’un écosystème viable pour le spectacle vivant. Le président du conseil artistique de l’ADAC, Florent Couao-Zotti, a souligné l’urgence de bâtir un cadre propice à l’épanouissement des artistes : « Nos œuvres doivent être nos ambassadeurs dans le monde. Il est temps que nous adoptions une approche plus stratégique, en favorisant les collaborations et la mise en réseau. »
Dans cette optique, l’ADAC prévoit plusieurs mesures que sont : la mise en place d’un répertoire national des artistes afin de mieux cartographier le paysage artistique béninois, la création d’un agenda culturel interactif permettant au public d’accéder facilement aux événements culturels et d’anticiper sa participation, le développement d’un système de communication efficace pour assurer la visibilité des productions locales et attirer un public plus large.
Vers une autonomisation des acteurs culturels
La question du financement des projets artistiques a occupé une place majeure dans les débats. Si les artistes attendent souvent un soutien financier de l’État, William Codjo a tenu à clarifier la position de l’ADAC : « L’État met en place le cadre et les mécanismes d’accompagnement, mais c’est aux acteurs eux-mêmes de s’approprier ces outils et d’être proactifs. Nous devons encourager une véritable culture entrepreneuriale dans le secteur artistique. »
Un point d’honneur a été mis à la transparence du processus de financement. Désormais, les dossiers soumis seront évalués de manière anonyme par un comité indépendant, garantissant ainsi une sélection fondée uniquement sur le mérite des projets et non sur le statut ou la notoriété des demandeurs.
La structuration du statut de l’artiste, la nécessité d’un cadre fiscal adapté et l’accompagnement dans la gestion des carrières sont autant de défis à relever pour ancrer durablement les arts vivants dans l’économie culturelle béninoise.
Si le chemin est encore long, cette édition du « Jeudi des Arts » a planté des graines essentielles pour un avenir plus structuré et prometteur du spectacle vivant au Bénin.
Edouard KATCHIKPE