A force de trop tergiverser, on finit par se faire rabattre le caquet. Nous avons eu trop confiance en nos enfants, en nos apprenants qui nous prouvent, maintenant à loisir, qu’ils n’en méritent point. Le linge sale s’est enfin maladroitement retrouvé sur la place publique avec, hélas, une bonne dose de goût amère. Le fiel s’empare de tous les acteurs du système et pourtant, nous en sommes bien la cause ou l’une des causes prépondérantes.
Le ministre des Enseignements secondaire, Technique et de la Formation professionnelle, est monté au créneau pour dresser, plutôt pour rappeler à nos consciences inertes la peinture exécrable de l’école béninoise, l’école de nos jours. Et on s’en surprend, bande d’hypocrites. Nous le savons tous, cette réalité de nos lieux de savoir, dans le secondaire comme à l’université. Nous savons à tord que bien de nos écoles s’érigent en terreau fertile pour la germination de citoyens amoraux, complaisants et excellents dans les déviances comportementales. Nous savons que beaucoup de nos apprenants, plutôt enfants, n’incarnent plus le modèle souhaité, compatissant avec le diable, l’immoralité et la perversité. Nous savons aussi bien que ces apprenants, révoltés dans la tête comme de jolis fous, ne sont plus digne de nous ; qu’ils sont prêts à saboter ce qui est construit de plusieurs années d’efforts, que dis-je, de nos efforts. Nous savons, par ailleurs, qu’il faut trouver impérativement un autre paradigme pour les recentrer, les recadrer. Aujourd’hui, on s’étonne de leurs déviances machiavéliques qui exposent, malgré nous, nos postérieurs souillés, mal arrangés. Et c’est ça la réalité.
Dans nos écoles, nous avons de moins en moins d’apprenants, mais beaucoup plus des extrémistes habillés en peau d’agneau. Ils sont prêts à tout pour assouvir leur sale instinct avec la complicité d’adultes mal inspirés, barbares et contre-productifs, des contre-modèles tout simplement. Dans nos écoles, disais-je, nos enfants, créatures divines et produits de longues années de souffrance, de perte de sommeil ou d’insomnie des géniteurs, se livrent, en violation des vertus et valeurs humaines, à la pornographie. Ils se filment en pleins ébats sexuels et moins anecdotique, ils se retrouvent à trois, à quatre… telle une équipe de jeunes endiablée, pour s’offrir des parties de sexe. A ces instants de plaisir au sommet, ils expérimentent toutes ces cochonneries indignes de nos races : la fellation, le cunnilingus, la sodomie…
Comme vous pouvez vous en convaincre, l’intention première qui force l’arrogance comportementale de ces enfants ou apprenants de nos écoles, ce n’est vraiment pas une simple jouissance, une simple envie sexuelle. En réalité, ils recherchent la performance ; ils souhaiteraient comme dans de l’art faire de la pure performance sexuelle, qu’importe le degré d’infamie.
A outrance, ils baignent dans la consommation d’alcool, excellent dans le trafic de stupéfiants et les violences à l’arme blanche. Autre démesure qui a, peut-être, échappé au ministre qui portait les dénonciations, nos apprenants sont aussi dans l’escroquerie via les outils numériques trivialement appelée ‘‘gay’’, et plus fréquemment dans la consommation de la ‘‘chicha’’ (pipe à eau utilisée pour fumer du tabac). Ce tabac peut être utilisé sous forme de ‘‘tabamel’’, un mélange comportant de la mélasse additionnée d’arômes, qu’ils consument avec du charbon dans nos bars, dans nos buvettes aux coins de rues.
Pour revenir au ‘‘gay’’, il fut une époque où ces jeunes gens, parmi eux des apprenants, en quête d’argent facile sont célébrés dans nos familles, dans nos maisons pour leurs richesses spontanées souillées, infectées. L’aîné de la famille est rapidement marginalisé au profit du cadet, un ‘‘gayeur invétéré’’. C’est cela l’image de notre société perverse qui aujourd’hui nous tombe cruellement dessus.
Les incantations du moment ne sont nullement les palliatifs. Autorités, responsables d’établissements, parents d’élèves, la société en général, nous sommes tous à la barre. A la barre pour notre complaisance, à la barre pour notre fuite de responsabilité, à la barre pour notre inaction, à la barre pour notre déviance comportementale en tant que parents. L’heure a sonné, loin du pavoisement de nos consciences trahies, de nous poser les vraies questions : comment éduquons-nous nos enfants ? Quel type de modèle incarnons-nous ? Quels discours tenons-nous auprès des enfants ? Quel degré de vertus dégageons-nous ? Quel est le niveau de notre engagement à aider à construire un pays vertueux ? Autant de questionnements qui nous renvoient au tribunal de notre conscience, individuellement et collectivement. Pour que l’école change avec ces types d’apprenants, commençons déjà à changer nous-mêmes. Sans quoi, les descentes de sensibilisation du ministre dans nos écoles comme c’est actuellement le cas, n’auront rien donné. Si ce n’est du temps perdu.
Serge David ZOUEME, Spécialiste de l’éducation, Administrateur du patrimoine culturel