Durant la semaine écoulée, des enseignants et inspecteurs de l’enseignement ont été formés par les experts du Réseau Canopé sous la demande de l’initiative ‘‘Imaginecole’’. La formation a porté sur la production des ressources éducatives numériques à utiliser pour un apprentissage plus épanouissant. Elle a été assurée par Séverine Raclet et Antoine Decroix. A l’issue de ladite formation, une équipe de Educ’Action a pris langue avec Antoine Decroix, pour en savoir davantage sur le contenu de cette formation et sa plus-value.
Educ’Action : Le Réseau Canopé accompagne le Ministère des Enseignements Maternel et Primaire depuis 2021. Présentez-nous ce réseau.
Antoine Decroix : Le réseau Canopé est un opérateur du ministère de l’Education nationale français. Il est chargé de la formation continue des enseignants. Cela peut être des formations en présentiel, des formations à distance via des webinaires ou des formats vidéo plus courts et des formations aussi qui peuvent être sous forme de parcours hybrides, c’est-à-dire à la fois avec des temps en présentiel synchrone et des temps en distanciel synchrone ou asynchrone. Nous avons des thématiques assez larges mais nous ne rentrons pas dans les contenus disciplinaires. C’est plutôt sur les formes pédagogiques notamment, et surtout sur les outils numériques au service de l’enseignement. Le Réseau Canopé est maillé sur tout le territoire français en métropole et dans les Outre-mer. Nous avons 102 ateliers Canopé qui sont les points de rendez-vous où les enseignants pourront se former.
Quel est le but des formations que donne le Réseau Canopé ?
De manière générale, c’est vraiment la formation continue des enseignants, c’est-à-dire leur montée en compétences. La finalité, ce sont les apprentissages des élèves. Donc tout ceci leur sert pour un enseignement plus efficace, plus résilient. Nous avons tous vécu, il y a quelques années, une crise mondiale et il faut savoir parer à de telles situations qui peuvent nous isoler. Cela peut donc servir à des élèves qui sont empêchés d’aller en classe. Cela propose des alternatives pour des élèves hospitalisés ou empêchés physiquement d’aller en classe. Cela cadre bien avec ce que nous avons fait durant la semaine écoulée. Les enseignants qui étaient présents, ont créé des ressources pédagogiques numériques, nons seulement des podcasts avec un habillage sonore qui détaillent à chaque fois, une notion à apprendre pour les élèves, mais aussi des bandes dessinées numériques qui peuvent être consultables en ligne. Tout ce que les enseignants ont produit au cours de semaine, pourrait répondre à la continuité pédagogique, dans le cas où l’élève est empêché d’aller en classe physiquement.
Et justement, vous avez accompagné l’initiative ‘‘Imaginecole’’ pour la formation des enseignants. Qu’est-ce que ‘‘Imaginecole’’ et quel a été le menu de ladite formation ?
L’initiative ‘‘Imaginecole’’ est un dispositif qui concerne plusieurs pays francophones de l’Ouest et d’Afrique centrale, et qui permet à des enseignants d’accéder à une plateforme en ligne pour y déposer des ressources pédagogiques pour les élèves. Donc, nous avons parlé de bandes dessinées numériques et de podcasts. Mais ça peut être des contenus à lire plutôt pour la partie descendante ou même des quiz interactifs pour que les élèves puissent s’exercer. Donc les enseignants vont pouvoir développer des parcours adaptés à leurs élèves avec la consolidation des acquis via des bandes dessinées numériques, des podcasts, des quiz, etc. Chaque ressource, en fait, est appelée un grain. Ce qu’on appelle la granularisation pédagogique consiste pour les enseignants, de composer des parcours avec ces différents grains, ces différentes ressources. Ma collègue Séverine Raclet et moi, étions présents pour assurer la formation pendant ces 5 jours ici à Cotonou. Pour la suite, nous aurons un suivi, tous les contenus que nous avons présentés lors de la formation seront aussi accessibles en ligne sur un parcours. Nous aurons des temps de visioconférence sur les mois de septembre, octobre et novembre pour savoir où en sont les collègues et éventuellement répondre à leurs questions et voir aussi ce qui est fait auprès de leurs collègues enseignants et en classe. L’idée, c’est vraiment de partager les expériences acquises ici avec les autres.
Qu’est-ce que tout ceci viendra changer de façon concrète dans le système éducatif béninois, notamment à la maternelle et au primaire ?
La démarche de faire monter en compétences les enseignants, c’est vraiment quelque chose de très positif. Concrètement, à l’échelle du nombre d’enseignants que nous avons eu, ma collègue et moi, nous pensons sincèrement, que cela va avoir un impact sur leur manière de travailler. C’est intéressant qu’il y ait des échanges de pratiques entre les enseignants, qu’ils travaillent ensemble. Ce qui est vraiment intéressant aussi, les ressources qu’ils ont créées vont leur servir et vont aussi être mutualisées. Donc finalement, si chacun s’y met, à la fin, nous aurons une plateforme très conséquente dans toutes les disciplines, dans tous les niveaux d’enseignement. A la maternelle et au primaire, c’est surtout de lancer une certaine habitude de travail, de lancer cette dynamique et que cela prenne afin que cette plateforme soit de plus en plus alimentée et que ça serve donc toujours aux élèves. En continuant dans cette dynamique, il n’y a pas de raison que ça se passe mal.
Comment avez-vous trouvé la formation à l’endroit des enseignants et inspecteurs béninois ?
Il faut vraiment rendre hommage aux enseignants que nous avons eus en face de nous, c’est admirable de voir leur implication. Ils arrivaient plus tôt et repartaient plus tard et nous restions à leur disposition. Si nous pouvions leur être utiles, c’était avec grand plaisir. Mais ce qui nous a le plus marqués, c’est leur attitude, leur posture et leur implication qui sont vraiment exemplaires. Donc bravo à eux.
Est-ce que les ressources créées prennent en compte les réalités béninoises ?
C’est quelque chose sur laquelle ma collègue et moi, avions travaillé, notamment sur les images des bandes dessinées. Il serait inconcevable d’arriver avec des contenus qui sont hors sol et qui n’ont rien à voir avec le contexte éducatif béninois. Donc, l’Unesco a mis à notre disposition des images des personnages, de la nourriture, des bâtiments, des paysages, des animaux africains. Les enseignants ont été aussi producteurs de ces ressources. Donc évidemment, ils connaissent le contexte, ils ont les codes, la connaissance du terrain. Donc la création de ces ressources a été adaptée aux réalités béninoises.
Qu’est-ce que vous avez à dire pour conclure cet entretien ?
Personnellement, je suis vraiment ravi d’avoir vécu cette expérience, d’avoir rencontré des gens extrêmement sympathiques et très impliqués. Dans le bilan qui a été fait avec les enseignants, il ressort que nous avons répondu à un besoin et c’est très positif. Mais il y a des besoins qui sont exprimés dans la continuité. Par exemple, la continuité des bandes dessinées, mais de manière animée, pour créer des vidéos pédagogiques. En tout cas, la dynamique est bonne et nous trouvons vraiment que tout est positif et donc à poursuivre. Je dirai aux enseignants formés, de continuer dans cette démarche. L’état d’esprit est vraiment bon et nous l’avons bien vu à l’occasion de la formation. Vraiment mes félicitations parce que c’est une réussite. Il n’y a aucune raison de ne pas continuer dans ce sens.
Propos recueillis par Estelle DJIGRI