Apollinaire Djouomou, promoteur du Festival Interculturel de Conte de Bruxelles : « L’idée, c’est de permettre aussi au public de découvrir la richesse du monde à travers les histoires, la musique, la danse »

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Conteur d’origine Camerounais résidant en Belgique depuis 25 ans, Apollinaire Djouomou était de passage au Bénin pour renforcer les capacités des enfants conteurs du centre d’excellence « Adjrou Houé ». Ceci, en prélude à la tenue, du 10 au 14 mars 2023 de la 9e édition du Festin « Adjrou comme à l’ancienne ». A travers cette interview accordée à Educ’Action, l’artiste renseigne sur les activités menées durant son séjour au Bénin et apporte également des précisions sur la 3e édition du Festival Interculturel de Conte de Bruxelles dont-il en est le promoteur.

Educ’Action : Vous êtes en séjour au Bénin depuis quelques jours. Quel est l’objectif de votre visite ?

Apollinaire Djouomou : Je suis venu au Bénin dans le cadre d’un projet que porte Fidèle Anato avec le théâtre de la parole à Bruxelles. J’ai été sollicité, mandaté par le Théâtre de la parole pour venir représenter la Belgique dans cette collaboration et apporter mon expertise autour des arts oratoires parce que je suis formateur, metteur en scène et conteur.

Quelle est votre appréciation sur ce qui se fait au centre d’excellence « Adjrou Houé » en termes de promotion de l’art oratoire ?

C’est magnifique ! J’ai les larmes aux yeux en voyant tout le travail qui est abattu dans cet espace de rencontre, de fusion, de partage, de convivialité pour pouvoir s’ouvrir au monde tout en perpétrant la tradition béninoise, la tradition d’Afrique, la tradition mondiale par la transmission. Je trouve cela excellent et je ne me suis pas tardé à solliciter Fidèle avec son équipe pour des réflexions et de futures collaborations durables. Cela se voit que je viens aussi d’Afrique, donc pour moi c’est un double bénéfice, ma venue ici au Bénin. Je viens représenter mon pays la Belgique, mais aussi je retrouve mon Afrique et si par mon expérience, je peux soutenir un projet en Afrique et permettre à mes frères et à mes sœurs de vivre de leur passion, je serais quelqu’un de très comblé.

Quelles sont les activités menées durant votre séjour au Bénin ?

Nous avons fait tout un travail de collecte d’histoires pour parler de la place de la femme dans les histoires d’ici. J’ai été sollicité donc pour mettre en scène ces histoires. Ensemble avec les enfants, nous avons lu et écouté ces histoires avant de travailler sur comment les raconter, servir la parole en utilisant notre voix et associé le corps, la musique, la danse. Nous avons travaillé aussi comment faire un mariage artistique et comment partir de la tradition, de la culture et de nos folklores pour rendre un travail artistique scénique. Les enfants ont travaillé sur plusieurs projets avec Fidèle, ils avaient certaines bases. Moi, j’ai juste apporté mon expertise, mon expérience pour pouvoir montrer une autre manière d’aborder les histoires parce que chaque artiste à une manière propre et j’ai essayé d’apporter ma manière à moi pour qu’ils puissent remplir leur art. Nous avons abordé le symbolisme dans les histoires pour leur permettre de découvrir une autre manière de travailler en vue d’apporter une vision, un langage universel dans la façon d’aborder une œuvre. Ce sont des jeunes, il y a certains codes qu’ils ne maîtrisent pas encore et nous les avons aidés à les décoder, comment s’ouvrir au monde et rendre leur art plus accessible. Je suis venu renforcer cette universalité de l’art.

Vous êtes promoteur du Festival Interculturel de Conte de Bruxelles. Qu’est-ce qui vous a motivé à initier cet événement ?

Il se trouve que les histoires, c’est ce qui me porte au quotidien. Je suis agronome de formation, mais il se trouve que ce que je sais faire le mieux, c’est de raconter des histoires. J’ai eu la chance de voyager, de rencontrer le monde et de tisser des histoires. J’ai décidé alors tout naturellement d’offrir à Bruxelles, ma ville où je vis depuis 25 ans, un héritage. Donc, le Festival Interculturel de Conte de Bruxelles est pour moi un héritage que je veux laisser à ma ville et à mon pays. La deuxième motivation de l’organisation de ce festival, c’est de montrer à nos enfants, petits enfants et ceux qui viennent d’ailleurs sur le festival que c’est possible. Ce n’est pas facile, mais c’est possible de s’affirmer dans ce pays et d’entreprendre. Ce faisant, je vois dans le regard des personnes que je suis sur le bon chemin. Cela permet aussi de promouvoir la diversité et la pluralité des identités parce qu’aujourd’hui, quoi qu’on veuille, on est appelé à vivre ensemble. Je dis souvent que la Belgique a la chance de m’avoir parce que je pense que je donne beaucoup à ce pays.

Comment va se dérouler, de façon concrète, cette troisième édition du festival ?

Cette édition du festival va se dérouler du 24 au 28 mai 2023. Il y a plusieurs artistes qui viendront de l’étranger, du Québec, de la France, du Burkina-Faso et du Bénin. Un conteur viendra également du Liban. L’idée, c’est de créer un réseau entre tous ces artistes qui se rencontrent le temps d’un festival pour pouvoir échanger et faire naître de nouvelles collaborations et de permettre aussi au public bruxellois et de la Belgique en général de découvrir la richesse du monde à travers les histoires, la musique, la danse.

Comment voyez-vous l’avenir de cette initiative ?

C’est de continuer à solidifier cette réflexion, tout ce qui est mis en place et de l’enrichir par de nouvelles expériences. Le festival va grandir et s’alimenter. L’idée, c’est d’inscrire Bruxelles sur la carte du conte mondial. Donc, c’est de continuer à travailler et à offrir des espaces d’expression et de découverte au public. Nous travaillons avec des écoles, des associations, des familles pour essayer vraiment de dire le conte, les arts du récit plus accessible chaque fois pour tout le monde.

Propos recueillis par Edouard KATCHIKPE

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