L’éducation se résume fondamentalement à ceci : Des enseignants devant des élèves à qui ils enseignent grâce à une pédagogie de qualité. Il y a dans cette assertion, les éléments essentiels qui alimenteront ma deuxième chronique consacrée au séminaire sur la qualité des enseignements primaire et secondaire.
Il s’agit de répondre à la fois au programme à enseigner, à la pédagogie à utiliser pour le type d’enfants à former. C’est donc d’une sorte de politique moderne de l’éducation qu’il s’agit. Je voudrais rappeler que la première chose qui m’a impressionné dans ce rendez-vous du donner et du recevoir, c’est qu’il y avait, à quelques exceptions près la crème des techniciens béninois capables de résoudre les problèmes posés si on leur faisait véritablement confiance.
Je voudrais soutenir qu’on pouvait partir de cette thématique de la qualité pour aboutir à une nouvelle approche de nos besoins éducatifs. Ce n’est pas du tout une énième vision parcellaire déconnectée de la vision systémique : C’est plutôt un biais essentiel pour mieux appréhender l’ensemble de ce que nous voulons et devons faire.
La profession de foi ici, c’est que nos programmes autant que nos enseignants et nos élèves doivent connaitre une mutation en profondeur. Nous devions nous y atteler tôt ! Nous devions lentement aller vers une vision de l’éducation complètement nouvelle que nous sentons confusément dans plusieurs initiatives éparses voire disparates. Nous savons que ce qui est enseigné actuellement ne donne pas de compétence. Nos enfants sont, en outre complétement déconnectés de leurs milieux qu’ils ne connaissent pas et sont incapables de développer.
Tout ceci montre la nécessité de changer et de parvenir à un renouveau dont le maitre mot est apprendre à apprendre. Ceci signifie que l’enseignant, grâce à une pédagogie recentrée et efficace devrait conduire les élèves vers la possibilité de faire face aux changements évidents de la vie grâce à la curiosité et à l’adaptation. Par exemple, on voudrait que l’enfant devienne médecin, avocat, banquier, comptables. Mais, très bientôt, tous ces emplois vont disparaitre ou muter profondément. Imaginez le nombre de métiers qui ont disparu depuis quelques décennies. Il y a plusieurs nouveaux métiers qui sont nés et d’autres apparaitront bientôt pour éliminer des métiers majeurs et s’imposer. Or, de nos jours, l’enfant panique et se tétanise lorsqu’il ne voit pas les traces ou les repères de ce qu’on lui a inculqués. Il laisse alors tout tomber et suit, à la fois ses parents à l’église et ses amis dans les bizzi !
L’enfant, aujourd’hui devrait plutôt apprendre à faire face à tous les défis nouveaux sur son chemin, en ne visant pas un domaine précis mais à être capable de curiosité et d’adaptation face à tous les anciens et nouveaux domaines. Nous sommes habitués déjà à ce que nos enfants nous aident dans la vie quotidienne moderne pour la plupart des objets connectés. Il s’agira de systématiser ce type de curiosité et de capacité à faire face. Cela devrait fonder notre nouvelle vision pédagogique. Il s’agira dans le programme de nos enfants de réveiller leur rapport à notre milieu en repensant et réécrivant notre histoire et géographie ; notre agriculture et technologie. A tout cela s’ajoute les éléments utiles de la société moderne. C’est clair : d’abord autocentrée pour asseoir nos bases et nos repères avant de regarder le monde et l’apprivoiser.
D’aucuns se disent : en attendant nous avions déjà trop de problèmes à résoudre au quotidien dans nos écoles ! est-ce que cela empêche d’apprendre à nos enfants à aimer la terre et cultiver ; aimer sa patrie où il n’y a pas seulement les amazones mais beaucoup d’autres héros méconnus ?
Il faudrait évidemment un mécanisme pour avancer sur les dix prochaines années où nous devrions pouvoir orienter la courbe de notre éducation. Le Conseil National de l’Education appuyés par les structures présidentielles de l’éducation en est capable. Elle aura besoin d’une task force strictement technique de planificateurs, de pédagogues, de financiers venant ou pas de structures ministérielles et même de deux ou trois hommes politiques du nord au sud, retors et capables de réfléchir avec le réalisme et le cynisme du terrain. Tout ceci peut être chapeauté par la vice-présidente qui connait l’éducation.
On commencera par écrire une vision et un document-programme de l’éducation sur dix ans avec une approche complètement différente par la durée, les ambitions et surtout « en comptant sur nos propres forces et nos propres ressources » en termes d’hommes et de moyens. C’est seulement ensuite que nous allons réfléchir au financement qui va constituer ma troisième chronique !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe