Apprendre à calculer notre Bonheur National Brut !

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Alors, cette Béninité dont on parle, comment la définir ? Evitons la théorie, on préférera une vision simple qui l’intègre à notre vécu comme une évidence qui ne va plus nous quitter.
Premier point important : si la mondialisation tend vers l’uniformisation de nos pratiques et attitudes, la Béninité reflète notre identité et notre autonomie. Avec la question qui suit : «en quoi faisant» ? Car que serait l’être béninois sans le faire Béninois ?
La plupart d’entre nous, actuellement, se sentent bien dans leur peau, ou plutôt ne sentent rien du tout ! Toutes nos sociétés ont déplacé le curseur de notre vie, de ce qui fait l’individu. À notre autonomie de penser et donc d’agir, on a substitué l’idéologie d’un bonheur factice qui nous enferme dans une bulle : on ne vit plus ensemble, on survit côte à côte ! La priorité de notre vie n’est pas notre travail ou l’activité génératrice de revenus, mais notre bien-être ludique. On se réfugie dans ce qui nous divertit (jeu et média, bars), nous convertit (temples) et donc nous pervertit !
Au contact de la mondialisation, une chose fondamentale nous manque : notre raison de vivre. Interrogé sur son projet de vie, chacun a la réponse stéréotypée : être médecin, manager, avoir des diplômes, travailler dans une administration. Ainsi la plupart visent les moyens, non la fin ! Travailler en visant l’idéal de contribuer à impulser un changement, NON ! Comment se former si l’unique horizon est de gagner de l’argent pour changer, à chaque occasion, sa télévision, son téléphone et multiplier ses loisirs. Voilà notre vie : par procuration et par démission !
Pendant ce temps, ailleurs, d’autres réfléchissent, à notre place. Par exemple, partout autour de nous, on développe les mêmes idées ; on propose les mêmes initiatives qui nivellent tout en nous éloignant de l’essentiel. Ainsi, toute l’Afrique noire connaît les mêmes types d’aide, les mêmes types de projets insuffisamment financés. L’exemple actuel est la loi sur l’avortement introduite presque partout en Afrique simultanément et qui aboutira aux mêmes décisions. Quel pays contestera ce que la communauté internationale aura souhaité ? Les quelques soubresauts ressembleront plutôt à des spasmes de cadavres, tant notre âme possédée, manipulée, est déjà morte et notre corps repu de plaisirs futiles et fugaces est zombifié.
Là où les peuples sont divertis et n’arrivent plus à réagir, où le plus grand bien est le téléphone portable malgré une paupérisation croissante, il ne nous reste plus qu’à accepter et subir pour acquérir cette paix abrutissante et totalitaire. En définitive, l’essentiel nous échappe. Mais qu’y pouvons-nous ? Nous nous sentons seuls ET privilégiés car nous avons un salaire à la fin du mois et nos gouvernants travaillent pour nous.
Nous fuyons les bonnes questions : qui sommes-nous ? D’où venons-nous et où allons-nous ? La vérité, c’est qu’à y regarder de près, nous ne sommes RIEN. Nous sommes des objets ou mieux des soldats vêtus du même uniforme. Les soi-disant alphabétisés ont une fausse conscience d’eux-mêmes et se croient heureux. La masse est mue par l’instinct de survie. L’éducation reçue est restrictive, répressive et réductrice. Elle n’est pas faite pour épanouir mais pour servir, s’asservir et s’abêtir. Au lieu d’éveiller la conscience, on l’éteint.
Mais d’où venons-nous ? Nous avions une géographie, une histoire. Nous avions des valeurs autre que la course à une hypothétique croissance qui oublie ce qui va nous réaliser, nous rendre heureux de vivre et d’exister. Le Bénin colonial connaissait une valse des gouverneurs dans un territoire qui n’aimait pas la soumission. Nos cadres ont été les meilleurs en Afrique, boostés par l’idéal du travail bien fait. Nous avions osé la conférence nationale pour être libres et disposer de nous-mêmes. A chaque fois, la parade fut trouvée. Comment ?
Où allons-nous ? Sûrement pas vers le type de développement rempli d’indicateurs aussi inutiles que nuisibles, tels que proposés par la mondialisation. Lorsque le Bhoutan avait décidé de calculer le Bonheur National Brut, la plupart des pays bien-pensant s’étaient gaussés. Car, tout comme la notion de développement n’existe pas dans nos langues et n’est donc pas une valeur, le bonheur n’existe pas dans les leurs. Pourtant, ils se sont empressés de dresser la liste des dix pays les plus heureux du monde. Comme par hasard, ils sont en Occident.
Nous avions trois ennemis : la mondialisation, nos propres frères qu’on utilise pour nous asservir et nous-mêmes. Quel est le plus dangereux ? Mais aussi le seul à pouvoir nous sortir à jamais de cette fange ? Evidemment nous-même grâce à une réelle éducation qui passe par la révision de tout le système éducatif ! Attention, il ne s’agit pas de rejeter le progrès mais de le comprendre, de le maîtriser et de l’utiliser pour notre véritable bonheur.

                                              Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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