Les arts numériques étaient au cœur des échanges sur le plateau de la Conférence Nationale des Industries Culturelles et Créatives du Bénin. Les acteurs culturels Christian Noukpo Whanou, Ignace Yétchénou, Serge Yéou et Gérard Bassalé ont opiné sur la préservation de l’authenticité dans l’usage du numérique dans la création et l’expression artistique.
L’expression artistique puise sa création de nos jours du numérique en vue d’une adaptation au temps de la révolution technologique. C’est l’avènement de l’art numérique dans l’industrie culturelle et le Bénin n’est pas du reste. A la Conférence Nationale des Industries Culturelles et Créatives du Bénin, qui se tient du 1er au 20 août 2024, un panel de discussion s’est intéressé à l’état des lieux des arts numériques au Bénin. Autour de la table pour décortiquer la thématique, des réalisateurs et producteurs béninois Christian Noukpo Whanou, Ignace Yétchénou, Serge Yéou et le directeur du centre culturel Ouadada, Gérard Bassalé. Premier à planter le décor, Christian Noukpo Whanou. Il confie que les outils numériques ont énormément apporté dans la vie de la création artistique numérique et l’expression artistique qui est pratiquement transversale aujourd’hui dans les arts. Selon l’acteur culturel, qu’il s’agisse de la photographie, de la sculpture ou de la préservation du patrimoine culturel, le numérique a apporté plus de facilitation.
« Tout se faisait de façon analogique et c’était vraiment compliqué pour nous de réaliser un certain nombre d’œuvres artistiques. Mais depuis l’avènement des arts numériques, nous qui sommes des créateurs des œuvres de l’esprit, cela nous a facilité la vie. Cela nous aide dans nos différentes créations », renseigne Serge Yéou avant d’ajouter que le développement des outils informatiques dans le secteur artistique a beaucoup plus facilité les choses. Le directeur du centre culturel Ouadada, Gérard Bassalé, précise que les arts numériques qui portent essentiellement sur le digital et les logiciels graphiques de conception constituent des aubaines pour les pays africains. Le cinéma, affirme-t-il, coûte beaucoup de moyens pour les créateurs et ce n’est pas facile pour un réalisateur de pouvoir créer un film à l’époque. Mais aujourd’hui, fait-il remarquer, avec le numérique tout est facile et nous avons des appareils très sophistiqués et des logiciels qui calculent rapidement. Avec le recours au numérique dans la création artistique, une préoccupation se pose en termes de préservation de l’authenticité. L’usage du numérique peut-il influencer le génie créateur de l’artiste ? A cette question, Christian Noukpo Whanou explique que l’avènement du numérique ne doit pas perdre à la création artistique son authenticité dans la mesure où la création demeure une oeuvre de l’esprit et le numérique vient en complément. A Serge Yéou d’ajouter que l’authenticité demeure toujours dans tout ce qui ressort de la création parce que ce n’est pas donné à tout le monde d’investir ce domaine appelé les arts numériques. « Il faut avoir une connaissance très pointue dans le domaine avant de s’y mettre. Avant de le faire, il faut être artiste d’abord. Pour moi, la question d’authenticité ne se pose pas », martèle-t-il.
Les panelistes
La formation des acteurs évoquée
L’art numérique est un maillon de l’industrie culturelle qui se met progressivement en place au Bénin, mais il est confronté au manque d’expertise technique, de formation. Selon Serge Yéou, l’art numérique est une notion difficile à cerner parce que cela embrasse tous les secteurs de la vie. « Dans presque tous les domaines, il y a les arts numériques et ceux qui exercent dans ce domaine ne s’identifient vraiment pas en tant que créateur d’art numérique. Ils ne savent même pas qu’ils sont des acteurs de ce domaine. Il va falloir redéfinir les choses pour que tous les acteurs puissent être identifiés et se mettre dans un creuset », préconise le promoteur de DYS Production avant de souhaiter que l’Etat puisse mettre en place une école pour former les jeunes passionnés de ce domaine. Un avis que partage Ignace Yétchénou qui encourage également la mise en place d’une école de formation dans le domaine.
« L’école, il faut que cela vienne parce qu’il y a la volonté. Nous pensons qu’on a besoin d’aller à l’école de l’art numérique afin de répondre aux exigences du marché de la concurrence », dira pour sa part Gérard Bassalé.
Des solutions pour sauver les meubles
« Que des marchés soient créés, des espaces qui vont permettre aux artistes du numérique de présenter leurs œuvres, les vendre ou les diffuser et que le gouvernement accompagne le secteur. Il va falloir aussi s’appuyer sur les compétences locales. Dans tous les domaines, nous avons besoin de l’art numérique et la solution c’est d’accompagner l’art numérique. » Ce sont les propositions de Gérard Bassalé en vue de dynamiser le secteur des arts numériques au Bénin. En termes de solutions, Ignace Yétchénou exhorte gouvernants et populations à cesser leur mépris envers les artistes et que l’éducation cesse d’être réduite seulement à l’instruction.
Initiative de Kultu TV en collaboration avec un lobby de plus de 500 acteurs culturels, la Conférence Nationale des Industries Culturelles et Créatives du Bénin a pour objectif de faire le diagnostic des maux qui minent les ICC au Bénin et de proposer des solutions pour un mieux-être des artistes.
Edouard KATCHIKPE