Suite à la décision rectorale portant sur l’invalidation de l’année académique à la Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines (FLASH) de l’Université d’Abomey-Calavi et à l’exclusion des 21 étudiants de la même Faculté pour une période de cinq ans, les étudiants ont réagi en badigeonnant huit amphithéâtres de matières fécales et d’huile de vidange. Un acte qui a pour but d’empêcher leurs camarades de la Faculté des Sciences et Techniques (FAST) de composer pour le compte des évaluations du second semestre. C’était, le mardi 16 août 2016, à l’UAC.
«Nous sommes maintenant à un grand carrefour où on nous a poussés jusqu’à bout. Il faut vous rappeler, depuis le début de cette crise, que nous avons opté pour la voie de la pacification. Mais nous sommes en train de comprendre que cela ne règle rien … Nous sommes allés constater, comme vous, ce matin, que les amphis ont été badigeonnés des résidus solides et d’huile de vidange… Je dois vous rappeler que les étudiants seuls ne font pas la communauté universitaire. Nous ne connaissons pas les acteurs qui ont eu à agir ce matin. Donc, je ne comprends pas pourquoi les autorités accusent les étudiants… », Ce sont les propos tenus par Nicolas Zinsou, président de l’Union nationale des étudiants du Bénin (Uneb), qui rejette en bloc les accusations portées contre les groupements d’étudiants comme auteurs de ces insanités. Parmi les amphithéâtres préparés pour accueillir environ 2.000 étudiants pour le compte des évaluations du second semestre, huit ont subi la colère de certains mécontents non encore formellement identifiés. Il s’agit de : A 500 ; A 750 ; A 1000 ; B 505 ; B 750 ; B 1000 ; C 1000 et Pip 2008. Ceci, manifestement aux dires des autorités rectorales, vise à empêcher le déroulement des compositions à la FAST. Au seuil de ces amphis se trouvaient des matières fécales et d’huile de vidange. Le tout, un panaché de composantes chimiques qui dégageaient des odeurs fortement fétides, lesquelles piquaient même les narines. Les tables, les bancs, les portes, les persiennes, les tableaux de cours et les murs des bâtiments n’ont pas été également épargnés du mauvais sort de ce mardi matin. Rien n’a été laissé sans tâche de fèces humaines. Les odeurs répugnantes, à l’aide de la poussée atmosphérique ou non, empêchaient tout étudiant qui se trouvant à plus de dix mètres de trouver refuge et confort auprès de ces amphithéâtres badigeonnés. Sur tout le campus, c’était la consternation, la désolation et l’inquiétude qui transparaissaient sur le visage des étudiants. Car, il était difficile de trouver d’autres salles pour leur permettre de remplir les formalités académiques programmées pour ce jour-là. C’est pourquoi, les épreuves qui, initialement, étaient prévues pour 8 heures, ont finalement démarré, pour la majorité des étudiants, à 10 heures 30 minutes. Un sabotage qui n’a pas laissé indifférents les différents responsables de la communauté universitaire. Aux dires du doyen de la Fast, le badigeon répandu sur ces amphis, s’est notamment déroulé la nuit afin d’intimider leurs camarades qui ont choisi de composer. Dérouté du comportement des étudiants, le doyen de la Fast s’est confié. « … Les amphis qui étaient prévus pour les compositions ont été vandalisés la nuit. Les étudiants ont envoyé de résidus solides et tout sent mauvais. Donc, les étudiants ne peuvent pas composer dans ces conditions-là », s’est-il expliqué pour condamner le comportement de quelques groupements d’étudiants qui luttent becs et ongles pour empêcher le déroulement normal des évaluations. Il poursuit en affirmant qu’il ne comprend pas les mobiles pour lesquels les étudiants pagailleurs s’en sont pris à ceux qu’ils veulent travailler. « Je suis un peu surpris parce que la FAST n’a pas de contentieux avec ses étudiants. Nous n’avons jamais refusé de faire une deuxième session de rattrapage à nos étudiants. Je ne sais pas pourquoi d’autres étudiants vont nous empêcher de travailler. C’est une situation que je ne comprends pas », a-t-il dit tout bouleversé. Propos immédiatement démentis par Josué Didolanvi, premier vice-président de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (Fneb). Cependant, pour un acte du genre, il renvoie la balle dans le camp des étudiants de la FAST. « Si vous constatez des excréments et d’huile de vidange dans les amphis, c’est certainement une initiative des étudiants de la FAST pour montrer aux autorités de la FAST qu’ils sont en train d’accompagner leurs collègues de la FLASH pour le mouvement étudiant », s’est-il justifié, dédouanant les siens. Et pourtant des témoins oculaires racontent.
Des badigeons contés par des témoins oculaires…
Les agents de sécurité du rectorat ont vu Prince Boris Aké, président de l’Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb) transporter des pots de peinture. De façon brève, Oké Sènagnon, chef sécurité de l’UAC, s’est confié à votre journal Educ’Action en ces termes. « …Aux environs de 21 heures 45 minutes, le président de l’Unseb était à la tête de plus d’une centaine d’étudiants venus des résidences. Ils tenaient en mains des pots, mais nous ne savions ce que contenaient les pots », a-t-il expliqué. Mais il suffit de « … quelques secondes pour que l’odeur attire notre attention et à partir de là, nous avons compris que c’étaient des excréments humains ou animaux qui se répandaient », a-t-il précisé. L’on reste perplexe et se demande comment ces groupuscules étudiants sont-ils parvenus à commettre leur forfait sans qu’ils ne soient très tôt appréhendés malgré une forte militarisation du lieu de savoir ? C’est justement à cette question que le Professeur Abou Youssouf, chef service gestion des espaces cultures à l’UAC et organisation des examens au rectorat a tenté de donner une réponse. « … Nous avons pris assez de précautions. Sauf qu’il a fallu un incident en ville pour que les forces de l’ordre positionnées soient réquisitionnées. Le temps qu’elles aillent et reviennent, nous avons déjà eu ces actes de vandalisme », a-t-il raconté, tout déçu. Et comment sont-ils enfin appréhendés par les forces de l’ordre ? Nous avons poussé loin notre curiosité.
Film de l’arrestation de deux responsables étudiants conté par des témoins …
Dans la foulée de la crise, plusieurs responsables étudiants ont été appréhendés par les forces de l’ordre. « … Même le président de l’Unseb, Prince Boris Aké a été arrêté avec son coéquipier. Il en est de même pour plusieurs autres étudiants qui ont été arrêtés », a détaillé Nicolas Zinsou. Oké Sènagnon a soutenu les aveux de Nicolas Zinsou. « … Prince Boris Aké est revenu à la charge. C’est ainsi qu’il a été poursuivi jusqu’au niveau des résidences et appréhendé. Ce qui n’est pas du goût des responsables étudiants qui n’ont pas manqué de s’en prendre aux autorités rectorales via des messages.
Messages des responsables étudiants aux autorités universitaires …
Pour leurs camarades appréhendés, ils n’entendent pas reculer devant les difficultés s’ils ne sont pas libérés. « … si dans les heures qui vont suivre, on ne libère pas le président de l’Unseb, l’Og de l’Unseb, les responsables étudiants sans oublier les étudiants, nous allons changer de vitesse et passer de la pacification à ce qu’on aura à observer sur le campus », ont-ils menacé si rien n’est fait pour ramener la paix à l’UAC.
Herman M. SAGBOHAN