Bernard Comlan, psychologue clinicien, à propos de la tontine sexuelle : « Ce sont les apprenants dont la famille est monoparentale »

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Des établissements scolaires sont en proie à une tontine sexuelle. Un phénomène qui ne manque pas d’éroder le rendement scolaire des apprenants, notamment des concernés. Bernard Comlan, psychologue clinicien, revient, à travers cet entretien, sur cette situation malsaine. Lisez donc !

Educ’Action : Une situation éclabousse les établissements de nos jours : la tontine sexuelle. Que pensez-vous de ce fait social ?

Bernard Comlan : Le phénomène de la tontine sexuelle qui apparaît dans nos établissements est un danger. Malheureusement nos adolescents s’associent pour mobiliser de l’argent aux fins de s’adonner aux actes sexuels comme ils veulent. Ce phénomène interpelle les éducateurs et les parents. C’est un phénomène qui met les autres enfants en insécurité. Il est bien de le décourager par tous les moyens possibles. Cela interpelle notre responsabilité en tant que parents. Ce qui veut dire que nous avons failli quelque part en notre qualité de parents et éducateurs pour que les enfants puissent se retrouver dans cette pratique déshumanisante.

Qu’est-ce qui peut faire le lit à cette situation ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de chose. Nous avons la mondialisation avec les réseaux sociaux, notamment le réseau social tiktok. Il n’y a pas un filtre qui est mis en place pour limiter l’accès à tout ce qui est sur internet. Ces adolescents peuvent facilement se retrouver face à des contre-vérités et peuvent adopter des pratiques liées à ces contre-vérités. Des pratiques qui n’honorent pas l’être humain. Il y a surtout le fait que la structure de la famille a changé. Ce n’est plus la famille communautaire où tout le village c’est-à-dire, tout le monde, éduque les enfants. La famille est devenue une cellule individuelle où les seuls pères et mères doivent s’occuper de l’éducation morale des enfants parce qu’à l’école, on est plus focalisé sur Internet, la formation intellectuelle. Donc les parents sont préoccupés par la recherche du gain. Cela les amène à négliger la formation humaine de leurs enfants. Le suivi qu’il faut pour que les enfants puissent avoir une éducation saine, une relation saine, de confiance où ils peuvent échanger avec les parents pour avoir des réponses appropriées, n’est pas aussi visible.

Quel est le profil des enfants qui s’adonnent à cette pratique malsaine ?

Une analyse du phénomène nous montre que les apprenants qui s’adonnent à cette pratique sont souvent issus de famille recomposée. Il y a d’autres qui proviennent des familles monoparentales. On trouve aussi des familles où les parents sont complètement absents, la relation avec les parents n’est pas vivante. Ce sont des enfants qui ont subi des traumatismes antérieur d’une manière ou d’une autre qui les prédisposent à aller contre les normes sociales, à explorer des fantasmes qui ne disent pas leur nom.

C’est dans la concurrence, l’émulation que les résultats sont élogieux et éloquents. Vu que des apprenant (e)s s’adonnent à la tontine sexuelle, qu’est-ce que cela peut engendrer dans la classe ?

Cela impacte leur performance scolaire même s’ils donnent l’impression d’être joyeux parce qu’ils ont l’argent pour maquiller leur mal être. Et ces impacts sont divers. Il y a le fait que les apprenants innocents peuvent se sentir délaissés, complexés et facilement ils peuvent être contaminés. Ceux qui sont dedans aussi, il y a le risque qu’ils banalisent l’acte hautement divin ou instrumentalise l’acte sexuel. Si les enfants s’adonnent à la tontine sexuelle où ils doivent cotiser de l’argent pour s’adonner à cette vie de débauche, cela pourrait détruire l’image qu’ils auront des rapports sexuels et de l’amour en général. Cela peut causer des traumatismes qui peuvent les empêcher de vivre une vie de couple épanouie, une vie d’adulte responsable.

A qui la faute ?

C’est partagé. Nous avons les parents, les éducateurs à l’école. Le Gouvernement aussi est sur le banc des accusés. Le Gouvernement doit mettre en œuvre des dispositifs qui tiennent davantage compte de l’éducation morale et éthique. Cela semble ne pas être très bien appuyé. Ce qui fait que les apprenants n’ont pas ces notions, copiant donc des pseudos modèles sur les réseaux sociaux. Donc les parents sont les premiers éducateurs des enfants et les enseignants aussi doivent mettre en place un système pour surveiller les enfants. Car, dans la plupart des cas, les enseignants ne sont même pas au courant. Le cercle est tellement organisé que les enseignants n’en savent rien. C’est quand un problème se pose qu’ils savent qu’il y a quelque chose.

Que dire pour conclure l’entretien ?

Nous exhortons les parents à plus de vigilance, à trouver les moyens d’établir un dialogue sain qui permet aux apprenants de leur faire confiance. Ceci va les amener à dire leur ressenti. Ce n’est que de cette manière que les parents peuvent ajuster le comportement des enfants et leur poser les règles de vie saines pour leur bien-être.

Propos recueillis par Enock GUIDJIME

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