De la Stratégie de développement de l’Enseignement supérieur à la nomination de nouveaux recteurs, vice-recteurs et doyens à la tête des Universités publiques du Bénin en passant par l’organisation des élections des associations estudiantines, plusieurs réformes et actions ont rythmé la gouvernance du sous secteur de l’Enseignement supérieur au cours de l’année 2021 qui s’est écoulée.
Dès le début de l’année 2021, l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), la première université publique du Bénin, avait annoncé la couleur, en organisant le premier Colloque scientifique international pour célébrer des personnalités du monde universitaire. Autour du thème principal : «Psychologie, cultures et bien-être», ce colloque scientifique préparé par le Laboratoire de Psychologie Appliquée du Département de Psychologie de l’UAC, du 26 au 28 janvier 2021, a permis d’honorer les professeurs Bodehou Gbenoukpo Dah-Lokonon, Comlan Rogatien Sègla et Denis Amoussou-Yéyé. Les participants venus de huit (08) pays d’Afrique et du monde, ont échangé autour de soixante-cinq (65) communications et animé des tables-rondes à l’amphithéâtre Idriss Déby Itno de l’UAC.
A l’ouverture des travaux, le Dr Sylvie de Chacus, présidente du comité d’organisation, a indiqué les grands axes du colloque scientifique: «Psychologie et développement durable» ; «Maladie mentale, psychothérapie et bien-être» ; «Rites, réalités locales et construction identitaire» ; « Apprentissages et société» ; «Réduction des inégalités et approche genre» ; «Familles et handicap». Le professeur Maxime da Cruz, recteur de l’Université d’Abomey-Calavi (à l’époque, Ndlr) a remercié, quant à lui, le comité d’organisation et les partenaires impliqués pour l’initiative qui rehausse l’image de l’université. Procédant à l’ouverture officielle du colloque, le professeur Raphael Darboux, conseiller technique du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS),a indiqué que l’organisation du colloque s’inscrit parfaitement dans le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG).
Ce colloque scientifique fut une réussite. Quelques jours plus tard,une nouvelle tomba : les enseignants des Universités Nationales du Bénin (UNB) seront désormais recrutés sur concours.
Réforme du recrutement des enseignants des universités publiques
Cette nouvelle réforme inspirée par le gouvernement béninois dispose que les personnes désireuses de faire carrière dans les Universités Nationales du Bénin en qualité d’enseignant, doivent passer désormais un concours de recrutement. Wilfried Léandre Houngbédji, secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement, a déclaré lors de la causerie avec les professionnels des médias «Café-média Plus», le vendredi 05 février 2021, que les réflexions en cours sur cette matière sont confiées à une commission spécialisée. «On a mis en place récemment une commission pour réfléchir à la réforme de l’Enseignement supérieur dans notre pays, prenant en compte aussi bien le modèle de recrutement que la gestion administrative et académique des universités publiques», a-t-il précisé. Joint au téléphone par la rédaction de Educ’Action, Edgard Gbinlo, membre du Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SNES), a dit ne pas connaître, pour l’heure, l’ensemble du contenu de cette réforme. «L’État a donné la liberté aux universités et établissements publics du supérieur de recruter depuis deux, trois ans. Et toutes les fois où il faut recruter, des commissions sont mises en place. Seulement dans le processus, on déplore des manquements. Parfois, les personnes à recruter sont identifiées par rapport à leurs thèmes de thèse. Dans ce cas, combien d’heures de cours cette personne peut dispenser par semaine, par an ?», relève-t-il, donnant ainsi raison au gouvernement pour la mise en place de la réforme.
En attendant que tout se stabilise de ce côté, quarante (40) universitaires ont été décorés pour leur exemplarité, leurs compétences et leur dévouement.
De la décoration des enseignantsde l’UAC et de l’UP
Exemplarité, compétences, ardeur au travail et surtout amour de la patrie caractérisent les valeurs des quarante (40) enseignants de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) et de l’Université de Parakou (UP) qui ont été distingués. Ils ont reçu les honneurs de la République, le mardi 09 février 2021, à la Grande chancellerie du Bénin. Admis dans divers ordres de mérite, ces professeurs d’université parmi lesquels un ancien ministre de la République, Christine Ouinsavi, intègrent ainsi la grande famille des honorés de la République pour leurs services rendus à la Nation. Dans l’ordre, Christine Ouinsavi, ancien ministre de l’éducation et Léon Bio Bigou, ancien secrétaire général de l’Université d’Abomey-Calavi sont élevés à la dignité de grand Officier de l’Ordre national du Bénin. Cinq (05) autres récipiendaires sont promus au grade d’officier de l’Ordre et le reste des honorés distingués Chevalier. Lors de cette cérémonie, Koubourath Osseni, désormais ex grande chancelière de l’Ordre national du Bénin, a loué les qualités reconnues de ces personnalités du monde universitaire béninois. «Vous incarnez le combat pour le progrès de nos populations. Votre carrière est noble, votre engagement est immense. Vous avez mis votre savoir, votre talent, votre carrière au service des plus jeunes pour leur permettre de s’épanouir, de s’exprimer, de s’affirmer, de se défendre et de se former pour servir la République», a-t-elle dit. «Nous prenons l’engagement de poursuivre avec abnégation ce qui nous a valu cet honneur et cette reconnaissance. Nous garderons toujours à l’esprit, qu’à défaut d’être une étoile au ciel, nous tâcherons d’être une lanterne sur terre», a répondu le professeur Dodji Amouzouvi, porte-parole des heureux récipiendaires distingués.
Cinq (05) mois plus tard, toujours en 2021, les universitaires étaient conviés à l’hôtel Novotel de Cotonou,pour assister au Séminaire national de présentation de la Stratégie de développement de l’Enseignement Supérieur, la Recherche Scientifique et l’Innovation.
De la Stratégie nationale pour dynamiser l’Enseignement Supérieur la Recherche et l’Innovation
Président et vice-présidente de la République, anciens et actuels présidents des Institutions de la République, membres du Gouvernement, enseignants du supérieur, chercheurs et autres acteurs de l’enseignement supérieur, étaient là, ce samedi 10 juillet 2021.
«Au sortir de vos échanges, il devra être établi que quelque chose s’est passé ; que vous avez eu de l’audace. C’est à cela que je voudrais vous exhorter…». C’est par ces mots que le président de la République, Patrice Talon, a ouvert les travaux de cette rencontre, appuyant la transformation des universités publiques du Bénin. Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’État chargé du Développement et de la Coordination de l’Action Gouvernementale, a indiqué que :
«c’est une réforme audacieuse que les présentes assises annoncent. Elle nous engage à définir les lignes directrices d’un programme d’envergure capable de soutenir la promotion et le développement de la composante universitaire de l’éducation nationale». L’objectif de ce séminaire national, selon Eléonore Yayi Ladékan, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique, est «de partager avec le monde universitaire la substance des conclusions auxquelles ont abouti les diverses concertations sur le contenu de la réforme».
Après l’ouverture officielle, les participants sont entrés dans le vif du sujet avec l’installation d’un présidium dirigé par le président du Conseil National de l’Education (CNE), le professeur Noël Gbaguidi.
Un projet de décret portant statut particulier des personnels enseignants des universités publiques
Trois (03) communications ont été présentées lors de ce séminaire. La première, présentée par le professeur Félicien Avlessi actuel recteur de l’UAC était intitulée : «Note conceptuelle d’élaboration d’une stratégie de développement de l’Enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation». Il a diagnostiqué les problèmes de l’Enseignement supérieur. Au nombre des actions à engager comme solutions, il a insisté, entre autres, sur la création d’un organe national de contrôle et d’éthique dans l’Enseignement supérieur, le recrutement des enseignants du Supérieur sur la base d’un concours à partir d’une base de données des Aspirants au Métier d’Enseignant-chercheur dans le Supérieur, la collaboration avec les enseignants étrangers, le nouveau mode de gouvernance, le financement de la recherche. La deuxième communication a porté sur les recommandations de la commission chargée de proposer au gouvernement une stratégie. Elle a été présentée par l’Inspecteur général des services publics du Ministère du Travail et de la Fonction Publique. Il a proposé onze (11) recommandations principales et six (06) recommandations subsidiaires. Quelques-unes des recommandations principales martèlent qu’il faut «restructurer les offres de formation dans les universités publiques pour cadrer avec les besoins du marché de l’emploi, encadrer le monitorat dans les Universités Nationales du Bénin, créer une synergie entre les EPES et les universités publiques, élaborer un programme spécial d’investissement et de développement de l’Enseignement supérieur». Certaines recommandations subsidiaires soulignent la nécessité de «créer des chaires et le statut de professeur titulaire de chaire dans les universités publiques, régulariser la situation des moniteurs agents de l’État, repenser le mode de régularisation des administratifs de l’INMES et de l’IFSIO». La troisième communication a été l’œuvre de Cyrille Gougbédji, 2e secrétaire général adjoint du Gouvernement.
A cette occasion, il a informé sur les deux projets de décrets suscités par la réforme. Il s’agit du projet de décret portant statut particulier des personnels enseignants des universités publiques et celui portant statut-type des universités publiques du Bénin. Selon lui,
«ces deux décrets vont concrétiser à court terme les objectifs du gouvernement pour le secteur…»
Les enseignants des universités bientôt évalués
C’est aussi l’une des informations majeures de l’année 2021 dans le Supérieur. Lors de la rencontre hebdomadaire avec la presse, le vendredi 16 juillet 2021, Wilfried Léandre Houngbédji, secrétaire général adjoint du gouvernement, a apporté des précisions sur cette réforme. «L’enseignant du Supérieur sait désormais qu’il y aura un organe de contrôle pour apprécier au-delà de l’aspect académique, l’aspect moral et éthique de son comportement en tant qu’enseignant sur le campus. Il sait qu’il peut être évalué, que les étudiants peuvent être interrogés pour savoir s’il est fréquent au cours. Si pour un cours de trois (03) heures, il ne fait que trente minutes, puis s’en va», détaille-t-il. Sur la question de la nomination des doyens et des vice-doyens des Facultés dans les UNB, le secrétaire général adjoint du gouvernement clarifie : «Ce n’est pas forcément parce qu’on est élu, qu’on est le plus performant dans la gestion. La Commission a déjà fait des propositions allant dans ce sens. Les universitaires qui sont venus au séminaire ont considéré que l’expérience de la démocratisation de la désignation des dirigeants n’est pas aussi concluante que ce qui avait prévalu…».
C’est ce qui est intervenu, précisément lors du Conseil des ministres du mercredi 03 octobre 2021, avec la nomination par le gouvernement des nouveaux recteurs, vice-recteurs, doyens et autres responsables des universités publiques, instituts et établissements d’Enseignement supérieur du public.
De nouvelles équipes dirigeantes à la tête des Universités publiques
L’Université d’Abomey-Calavi change de visage. Maxime da Cruz cède son fauteuil de recteur à son 2e vice-recteur, Félicien Avléssi. Le poste de premier vice-recteur chargé des affaires académiques est désormais occupé par le professeur Patrick Dossou Yélindo Houessou. Quant aux postes de vice-recteur chargé de la recherche et de vice-recteur chargé de la coopération, ils reviennent respectivement à Aliou Saïdou et Carine M. N. Kèlomè. S’agissant de l’Université de Parakou, elle est désormais sous la direction du professeur Bertrand Sogbossi Bocco appuyé de ses trois (03) vice-recteurs Salako Alexandre Allodé, Mohamed Nasser Bacco et Obo Yvette Onibon Doubogan.
L’Université Nationale d’Agriculture de Kétou est confiée au recteur Bruno Djossa, appuyé de Florent Okry ; Pascal Olounladé et Carole Avocevou, respectivement vice-recteurs.
La gestion de l’Université Nationale des Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques relève désormais de Joachim Djimon Gbénou, nouveau recteur et Comlan Aristide Houngan comme vice-recteur chargé de la recherche universitaire.
D’autres nominations sont également prononcées pour le compte des instituts et établissements d’enseignement supérieur du public.
Ce renouvellement des instances est aussi noté dans le rang des organisations estudiantines. Les plus représentatives ont changé également de personnels.
La FNEB désignée seule organisation la plus
représentative
Ils sont 8.240 étudiants à se rendre aux urnes, le vendredi 30 juillet 2021, pour désigner les organisations estudiantines les plus représentatives de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Après les phases de dépouillement et de décompte des suffrages, la Fédération Nationale des Étudiants du Bénin (FNEB) est venue en première position avec 4 845 voix, soit 69,36%. L’Union Nationale des Scolaires et Étudiants du Bénin (UNSEB) s’en sort avec 21,39 % et l’Union Nationale des Étudiants du Bénin (UNEB) ferme la marche du podium avec 9,25%.
Conformément aux dispositions de l’arrêté ministériel N°0&-/MESRS/CAB/DC/SGM/DGES/ CTAA/PDS/SA 004 SGG du 12 janvier 2018 portant réglementation de l’élection des organisations estudiantines dans les universités publiques en République du Bénin, des organisations ont adressé des recours à la présidente du comité d’organisation desdites élections. C’est bien le cas de l’UNSEB dont les recours ont été jugés irrecevables par le professeur Odile Dossou Guèdègbé. «Dans la mesure où elle n’est accompagnée d’aucun élément de preuve ni même d’aucune pièce, la requête de l’UNSEB est irrecevable», a déclaré la présidente du comité d’organisation avant de confirmer la désignation de la FNEB.
L’année 2021 n’a pas été qu’heureuse pour les acteurs du sous secteur de l’Enseignement supérieur. Ils ont également perdu d’éminents collègues.
L’universitaire Dah Georges Guédou est décédé, le CAMES perd Bertrand Mbatchi
Dah Georges Guédou, professeur d’université et ancien vice-président du Conseil National de l’Education (CNE) sous la présidence du professeur Paulin Hountondji, est décédé à la surprise générale. Ancien ministre des travaux publics et des transports sous le président de la République Nicéphore Dieudonné Soglo, ancien député et membre de la troisième législature, l’homme de culture est décédé le dimanche 14 mars 2021, à l’âge de 83 ans. Originaire de Zakpota dans le Zou, l’illustre disparu a beaucoup produit en qualité d’universitaire. Ardant défenseur des langues nationales du Bénin, en l’occurrence le Fon largement parlé, il a pris à bras le corps la question de l’alphabétisation dans le processus d’apprentissage. Il était jusqu’à sa mort, le chef de la collectivité Guédou.
Par ailleurs, le président en exercice du Conseil des Ministres du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), le professeur Adama Diawara, a aussi annoncé le décès du Pr Bertrand Mbatchi, secrétaire général du CAMES ; décès survenu le 25 septembre 2021 à Ouagadougou. Aux commandes de cette institution panafricaine depuis le 1er août 2011, pour un mandat de cinq (05) ans, renouvelé en 2017, l’illustre disparu était titulaire d’un doctorat d’Etat en biologie et physiologie végétale obtenu à l’Université de Poitiers en France. Le 6e secrétaire général du CAMES avait occupé auparavant différents postes.
Edouard KATCHIKPE