Le programme de renforcement des Capacités pour l’Éducation (CapED) de l’Unesco a contracté avec la Direction de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (DAPLN), la production de référentiels en blocs de compétence dans les métiers. Charles Maximin Codjia, le directeur de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales donne des précisions sur le partenariat qui le lie à CapED Unesco. Interview !
Educ’Action : Dans la dynamique de la promotion des langues nationales et de l’alphabétisation, votre direction conduit un programme avec le CapED UNESCO sur la synergie entre les langues et les métiers. Parlez-nous en !
Charles Maximin Codjia : L’alphabétisation, c’est l’apprentissage dans une langue mais au niveau du Ministère de l’Enseignement Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle, avec la stratégie de l’EFTP, il a été retenu que nous ne nous en tenons pas uniquement à l’alphabétisation-apprentissage des langues. Il a été retenu que dans le cadre de la stratégie de l’EFTP, l’Alphabétisation soit désormais liée à la formation professionnelle. Parce que nous avons remarqué que les artisans qui ne sont pas outillés en matière de langue, ont un déficit au niveau de la connaissance et quand ils sont outillés au niveau de la connaissance, ils ont des difficultés à désigner des choses dans les langues étrangères. Alors que faire ? Il faut que l’alphabétisation soit liée à la formation professionnelle. Mais ces deux éléments ne suffisent pas parce que nous sommes à l’ère des Tics et avec les Tics, l’enseignement sera plus facile même en langue nationale. C’est pour cela que nous avons eu la chance de recevoir et de proposer un projet au CapED UNESCO qui l’a validé. C’est le modèle de synergie alphabétisation-formation professionnelle en lien avec les Tics. Nous sommes entrés donc dans cette aventure qui est extraordinaire et très agréable, depuis 2019 jusqu’à ce jour. Donc en 2019, Mohamed Madougou, le coordonnateur du CapED UNESCO nous a très tôt accompagnés pour un premier contrat où nous avons déblayé le terrain dans le cadre de l’élaboration d’une synergie Alphabétisation-Formation professionnelle-Tics. En 2023, le ministre Kouaro Yves Chabi, nous a demandé de lui faire un document, une fiche pour qu’il ait le temps de discuter avec le coordonnateur Mohamed Madougou pour voir comment relancer ce modèle de synergie qui est tombé en panne entre temps. Il nous a donc demandé de l’inviter pour un échange. Cela a permis de relancer le processus, il a été reçu par l’autorité ministérielle qui a dû mettre toute la diplomatie nécessaire pour que ce contrat aille jusqu’au bout. C’est ainsi qu’en 2024, le contrat a pris forme.
En quoi consiste les termes du contrat qui lie la DAPLN et le CapED dans la mise en œuvre de ce programme ?
Je voudrais d’abord rappeler que ce modèle de synergie, a, non seulement, intéressé le ministre à plus d’un titre, mais aussi le Conseil National de l’Education l’a inscrit dans sa feuille de route et suit de près l’évolution de ce processus que nous avons mis en place. Alors, le deuxième contrat que nous avons eu avec le CapED UNESCO concerne la mise sur pied d’un comité technique, l’élaboration de référentiel de compétences de métiers d’électricité ; la poursuite du développement d’un référentiel de compétences de métiers de l’électricité, la finalisation et la validation ; l’élaboration d’un référentiel de compétences de métiers agroalimentaires et la poursuite de développement de référentiel de compétences de métier d’agroalimentaire ; la poursuite de développement de référentiel de compétences d’agroalimentaire, la finalisation et la validation ; la poursuite de développement de référentiel de compétences de métiers agroalimentaire ; la poursuite de développement des référentiels de compétences agroalimentaire puis la finalisation. Mais dans la réalité, c’est que nous avons élaboré les différents référentiels. Nous sommes partis de l’élaboration de ces différents référentiels pour aboutir à l’élaboration des EST que nous sommes en train de faire maintenant.
Qu’est-ce qui est attendu de la DAPLN ?
Ce qui est attendu de nous peut être regroupé en trois phases. La première, qui est presque achevée, c’est qu’il faut transformer les blocs de compétences des référentiels dans les métiers d’électricien-bâtiment et transformer en blocs de compétences, les référentiels liés au métier de transformateur et transformatrice de fruits et légumes dans le domaine de l’agroalimentaire. Lorsque nous auront fini cela, nous allons passer à une autre phase. Comme je l’avais dit au départ, c’est l’Alphabétisation liée à la formation professionnelle en lien avec les Tics. Cela implique donc que nos apprenants soient bilingues. Mais nous avons choisi deux langues de base pour le Bénin parce que nous sommes dans un pays où nous avons une soixantaine de langues sans oublier les sous-groupes de langues qui existent. Alors, nous nous sommes dit qu’est-ce qu’il faut faire dans ce cas ? Voilà que nous ne pouvons pas d’un seul coup, élaborer tout cela dans toutes les langues à la fois. Nous sommes partis vers les données statistiques de l’INSTAD qui nous a fait comprendre que, si nous choisissons une langue dans le Sud et une langue dans le Nord, déjà le poids de la population et les enquêtes que nous avons eu à faire dans les CFPA, nous prouvent que si nous choisissons ces deux langues nous pourrions faire une expérimentation du pas. Donc, il a été retenu dans le Sud le fongbé et dans le Nord le Baatonnu. Donc la deuxième phase va consister à élaborer un lexique bilingue. Le lexique qui existe en français va être transformé en Baatonnu. De même celui en français va être transformé en fongbé pour le Sud. Voilà le bilinguisme auquel nous voulons aboutir. Pour le moment parce que nous avons l’ambition d’aller bien après au trilinguisme. Quand vous voyez un peu aujourd’hui notre pays, nous avons une très longue frontière avec le Nigéria et il est prouvé que tous ces agents, les électriciens, les transformateurs et transformatrices ont beaucoup de liens aussi avec la zone anglophone. Donc d’ici là, le besoin du trilinguisme va venir et nous voulons anticiper sur cela. Mais nous ne sommes pas encore à cette étape. L’étape où nous sommes c’est le bilinguisme (Français-Baatonnu, Français-Fongbé). Ensuite, lorsque nous aurons fini de faire tout cela, nous allons mettre à disposition les ressources numériques, c’est à dire nous aurons élaboré des ressources numériques qui viendront en supports pour faciliter l’enseignement parce que nous avons aussi l’ambition de ne plus garder nos apprenants dans les CFPA pour 6 mois 8 mois, 10 mois. Or, il est capable de prendre les choses ensemble et tout ceci après avoir fait tout seul. Nous allons les mettre sur notre bibliothèque numérique pour permettre le développement de l’environnement lettré. Cela veut dire quoi ? Que ces apprenants, lorsqu’ils auraient acquis la compétence, il faut bien qu’ils aient accès à un serveur qui leur permet chaque fois, d’actualiser leurs connaissances et c’est cela que nous appelons notre bibliothèque numérique qui existe sur alphaeducmaster.bj
Propos recueillis par Ulrich Vital AHOTONDJI