Choix des séries après le BEPC : Une dure épreuve pour apprenants et parents

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Après l’école primaire, tous les apprenants sont accueillis au collège où ils reçoivent un enseignement identique pouvant leur permettre d’acquérir les compétences et les connaissances au terme de la scolarité obligatoire. Au Bénin, dès la classe de quatrième, les parcours se diversifient en fonction des choix de séries des élèves qui optent, soit pour le Moderne Long (les humanités), soit pour le Moderne Court (les sciences). Après cela, un deuxième choix de séries intervient après la réussite à l’examen du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC). La question, c’est comment les apprenants font ces choix cruciaux pour leur cursus après le BEPC. Educ’Action a mené l’enquête.

Les résultats du BEPC sont connus. Dans le quartier de la Zopah, commune d’Abomey-Calavi, il plane un air de victoire. En effet, ces derniers jours, de nombreux apprenants de la classe de 3ième ont jubilé suite à leur réussite à cet examen. Tous, fréquentent principalement un grand établissement privé de la place. Si pour eux, l’heure est à la fête, leurs aînés, eux, s’interrogent : que vont-ils faire à présent ? Quelles séries vont-ils choisir ? Car, s’il est mal fait, ce choix pourrait hypothéquer leur avenir et dérouter l’apprenant.
En cette fin du mois de juillet, le ciel ensoleillé donne l’occasion aux apprenants de se promener. Dans la rue du collège la Grande Académie, les discussions vont bon train entre élèves. Assis devant leurs portails, ils font des plans pour leurs vacances avec diverses activités. Lorsque la discussion embrasse le choix de séries après le succès au BEPC et les métiers futurs, le rythme de la discussion change. Tâtonnements, errements et étonnements se voient sur les visages et se ressentent dans les propos.

Suivisme et choix parental, principaux motifs d’orientation

En effet, sur la question du choix des filières, la plupart n’y pensent pas sinon vaguement. Certains apprenants choisissent leurs séries par suivisme. C’est le choix de leurs camarades qui détermine le leur. « Je pense faire la seconde D. Toutes mes copines ont choisi cette série. Nous avons commencé la classe de cinquième ensemble et nous voulons continuer dans cette lancée pour obtenir notre Bac dans trois ans. Pour ce qui concerne mes projets dans l’avenir, je n’en ai encore aucune idée. Je crois que je me déciderai une fois que j’aurai mon Bac », affirme Francine Kouzounhoué, jeune demoiselle de teint clair, aux cheveux noués, vêtue d’un tee-shirt aux couleurs nationales du Bénin.
Propos soutenu par Shalom Akodo, jeune homme de teint noir, sourire aux lèvres, habillé d’une chemise manche longue de couleur rose clair et d’un pantalon jeans de couleur noire. « Je ne pense pas qu’en 3ième, on devrait déjà réfléchir pour le choix d’une série donnée. Pour moi, c’est après le Bac qu’il faut commencer à y penser. Personnellement, je ferai la seconde A parce que j’en ai envie. D’ailleurs, tous mes copains y seront. A propos de mes objectifs dans la vie, on verra ça plus tard », soutient le jeune homme d’un air étonné.
Le suivisme se fait aussi par une adhésion totale au choix parental. C’est le cas de Johanne Sowini, charmante demoiselle vêtue d’une chemise de soie blanche avec des points noirs comme la jupe qui lui vient à la taille. Âgée de 15 ans, de teint noir, les cheveux tressés, elle confie d’une voix chaleureuse que le choix de sa série dépendra de ses parents : « Pour le moment, je ne sais pas encore quelle série je ferai. Mes parents y réfléchissent puisqu’ils ont des projets pour moi. Ils sont bien placés pour me dire quoi faire et quelle voie suivre. Pour tout dire, je ferai la série qu’ils me proposeront car ils voudront toujours le meilleur pour moi ». Si pour eux, l’heure est encore à attendre le quitus parental ou la décision des amis, d’autres par contre ont décidé de prendre les choses en mains.

Faire son choix pour réaliser ses rêves, l’affaire d’une minorité

D’un élève à un autre, certains veulent être les maîtres de leur propre destin. Ils savent ce qu’ils veulent et ce qu’ils veulent faire. Nouveaux brevetés, ils semblent être conscients des dangers qui les guettent s’ils ne font pas le choix le plus adapté à leurs profils, selon leur vision. C’est le cas de Elvis Agadé. Dans un style nigérian avec une tenue Goodluck, de couleur jaune, brodé d’un motif bleu sur la poitrine gauche, le jeune homme dégage un parfum de sérénité. Balafres sur les deux joues, il affirme, d’une voix rapide, avoir déjà opéré son choix avec l’aide précieuse de son répétiteur et de ses parents. « J’ai opté pour la technique. En effet depuis la classe de sixième, j’ai toujours eu le don de réparer les radios de ma mère à chaque fois qu’elles tombaient en panne. J’ai aussi la capacité de détecter les pannes d’électricité. En plus, j’ai toujours eu de très bonnes notes en physique, chimie et technologie. J’attendais impatiemment l’obtention de mon BEPC pour m’inscrire au lycée afin de suivre une formation en électricité. Mon rêve est de devenir plus tard un électricien bâtiment ».
Pour sa part, Billie Avognon rêve de devenir professeur de Français ou d’Histoire-Géographie. Ce qui l’amène à opter pour la série A. « J’ai eu à faire des recherches sur cette série et je crois avoir fait le bon choix. J’ai les aptitudes littéraires nettement affinées, une richesse en vocabulaire, une bonne culture générale, et j’aime beaucoup la lecture », affirme joyeusement la jeune fille, de taille élancée. A ses amis qui peinent encore à se décider ou qui ne se soucient pas de leur orientation, la jeune demoiselle en tenue locale donne des conseils. « Je pense que nous les élèves, déjà en troisième, nous devons réfléchir à ce que nous voulons faire dans notre vie afin qu’on nous aide à faire le bon choix en ce qui concerne notre série », exhorte-elle, invitant ainsi apprenants et parents à prendre au sérieux cette décision qui engage une vie. L’orientation scolaire n’est pas à prendre à la légère. Jusqu’à présent, la question de l’accompagnement des apprenants dans ce choix de filières est une épine dans les pieds du système éducatif béninois.

Alvine GOUNDETE (Stg)

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