Les classes sportives bouclent plus de cinq ans de mise en œuvre dans le Secondaire. Initiative de détection et de promotion de talents chez les élèves, les classes sportives sont confrontées à certaines difficultés.
Le terrain de sport du Collège d’Enseignement Général (CEG) Gbégamey grouille de monde dans l’après midi du mercredi 15 mai 2024. Tous habillés en tenue de sport, les coachs s’affairent à inculquer les meilleures notions de différentes disciplines sportives aux apprenants à leur charge. Ces derniers sont tous aussi emportés les uns que les autres dans les disciplines qui les intéressent. Certains sont emportés par les notions du football ainsi que les techniques de cette discipline, d’autres trouvent de l’intérêt pour le basketball. Pour d’autres encore, c’est l’athlétisme et le handball qui les impressionnent. Certains apprenants s’y adonnent avec détermination et engouement avec l’aide des encadrants. C’est ainsi depuis 2018.
Ce n’est pas un cours d’Education Physique et Sportive (EPS) tel que cela est dispensé dans les écoles. Mais ce sont les classes sportives, une initiative du gouvernement béninois à l’endroit des apprenants des collèges. En initiant ces classes sportives qui sont indépendantes du cours d’EPS, le gouvernement béninois porteur de cette initiative, vise un objectif qui peut être profitable aussi bien pour lui que pour les apprenants eux-mêmes.
Pour l’atteinte de cet objectif, les apprenants sont soumis à des séances d’entrainements chaque semaine suivant la discipline choisie. Comme tous les autres établissements publics, le CEG Sainte Rita ne déroge pas à cette règle. Les apprenants sont entraînés, suivant le calendrier, les mercredis de 16h à 19h, les vendredis de 17h à 19h et les samedis de 08h à 10h. La visite de terrain effectuée le mercredi 15 mai 2024, a permis de se rendre compte de l’effectivité de deux séances d’entrainements en handball et basketball.
Une partie de basketball au terrain de sport du CEG Gbégamey
De l’engouement par endroit
L’objectif que cherchent à atteindre les autorités gouvernementales en initiant les classes sportives au Bénin depuis 2018, est d’aller à la recherche de tout talent pouvant contribuer au développement du pays sur le plan sportif. Il est également question, à travers cette initiative, d’amener les apprenants à cultiver certaines valeurs indispensables à une vie en société épanouie. « Le but des classes sportives est non seulement de détecter parmi les apprenants ceux qui ont des talents innés pour la pratique d’une discipline sportive, mais aussi à socialiser les enfants, à créer un creuset pour l’épanouissement humain de l’enfant », renseigne Julien Gahounga, encadrant sportif de football au CEG Gbégamey. Son collègue Parfait Kpodo, encadrant d’athlétisme dira à son tour qu’il s’agit de « détecter au niveau des enfants, des talents pour pouvoir les reverser après, selon les dispositions que le programme va prescrire. Ainsi, à leur sortie, on pourra les renvoyer dans les équipes nationales. Pour ce qui concerne ma discipline, c’est pour qu’on ait une équipe qui puisse disposer des athlètes pouvant compétir ». Les classes sportives, de l’avis de Herman Dossou-Yoyo, sont une initiative, un programme du gouvernement pour développer le sport à la base et pour avoir des grands champions pour l’élite nationale.
Et visiblement, il semble que les apprenants inscrits dans les différentes disciplines retenues dans ces classes sportives à savoir le football, le Basketball, l’athlétisme et le handball, sont tous aussi passionnés à l’idée de savoir qu’ils pourraient être les figures qui vont représenter leur pays dans le domaine sportif. En témoigne tout l’enthousiasme qui s’observe dans le rang des apprenants des classes sportives lors des entrainements. L’encadrant Julien Gahounga va le confirmer d’ailleurs. « Les enfants sont plus qu’intéressés et ils s’y mettent pour leur plaisir, leur apprentissage et leur développement personnel. Nous avons une centaine d’enfants en football », a-t-il martelé, expliquant par ailleurs, que cela devient un grand casse-tête pour l’encadrant de gérer le groupe. « C’est ce qui nous réjouit. Les enfants sont très à l’aise quand nous travaillons avec eux parce qu’ils viennent exprimer leur passion. Ils se retrouvent dedans et nous travaillons aussi à ce qu’ils aiment la discipline. Nous les encourageons à persévérer et à se fidéliser dans une discipline », a confié l’encadrant Parfait Kpodo.
Si l’effectif est bien assez élevé dans le football au point de devenir un casse-tête pour l’encadrant, il n’en est pas de même pour certaines des autres disciplines. C’est le cas du handball par exemple. « En début d’année, nous sillonnons les classes pour parler du Handball. Mais spécialement ici au CEG Gbégamey, nous sentons que les enfants ne connaissent pas trop le handball. Leur souci, c’est le football, le basket et cela s’arrête là. Nous allions jusqu’à 40 apprenants dans notre discipline, mais, à peine trouve-t-on encore une vingtaine. L’engouement vient au début mais par la suite, seuls ceux qui sont vraiment intéressés, restent », a expliqué l’encadrant de handball, Herman Dossou-Yoyo.
Bien que cela soit initié dans un but précis, ce programme ne manque pas d’apporter un plus dans le développement pédagogique et social des apprenants qui s’y adonnent.
Plus qu’une initiative, un moyen de développement de l’apprenant
Les classes sportives jouent un rôle plus important dans la vie des apprenants qui s’y intéressent qu’elles ne sont un moyen de détection des talents. Il est évident du point de vue des encadrants qu’il y ait une nette différence entre l’apprenant qui s’y adonne comparé à celui qui ne le fait pas. « Comme les séances d’EPS, les classes sportives développent l’enfant sur le plan psychomoteur. Aussi, l’enfant sait vivre ensemble avec ses camarades, il apprend la socialisation », fait observer l’encadrant Herman Dossou-Yoyo. Pour Julien Gahounga, les classes sportives sont aussi un apprentissage. « Les enfants qui s’y adonnent apprennent à vivre et à collaborer avec d’autres enfants. Mieux, ils apprennent à être sous l’ordre de quelqu’un. Cela les discipline, les responsabilise. Sur leur santé, ils gagnent énormément puisqu’ils sont constamment en activité, ils sont en séance 3 fois par semaine. Ce qui fait que pour leur coordination, leur développement mental et sportif, ils gagnent beaucoup », a-t-il développé. L’encadrant Parfait Kpodo, au regard des nombreuses expériences vécues, est en mesure d’affirmer que « Les enfants qui s’adonnent aux activités sportives, sont généralement plus intelligents que les autres. Ils sont plus disciplinés et travaillent mieux parce que l’expérience a prouvé que quand tu sors d’une activité sportive et que tu vas au repos et que tu reviens prendre ton cahier, on assimile mieux ». Ils estiment d’ailleurs que les parents ne doivent pas refuser aux enfants de s’adonner aux activités sportives quelle que soit la discipline. Pourtant, c’est l’une des difficultés que rencontrent les classes sportives aujourd’hui.
Difficultés liées aux classes sportives
Les classes sportives selon le programme établi, se déroulent dans l’après-midi des mercredis et vendredis et dans la matinée du samedi. Mais spécialement au CEG Gbégamey, au regard du fait que le terrain de sport est beaucoup sollicité dans la matinée du samedi, les classes sportives se font dans l’après-midi. Mais elles ne sont pas épargnées des difficultés. La première est d’ailleurs le refus de certains parents. « Les parents influencent beaucoup parce que la première des choses pour laquelle ils ont envoyé les enfants à l’école, ce sont les études. Mais quand les parents sentent que cela devient de trop, ils bloquent les enfants à la maison », a déclaré l’encadrant Herman Dossou-Yoyo, énumérant ainsi une difficulté qui entrave le programme. Mais ceux d’entre les apprenants qui viennent quand même à ces classes ne sont pas pour la plupart dociles, et c’est là l’autre difficulté. « La grande difficulté est liée à la gestion de l’effectif. Ce n’est pas souvent facile. Les enfants ne sont pas tous dociles. Il y a certains qui sont un peu taciturnes, donc il va falloir toutes les fois les encadrer » dira, à son tour, Julien Gahounga. Les infrastructures et le manque de matériels constituent également des difficultés. « Les difficultés que nous rencontrons sont du point de vue des infrastructures. Il y a aussi que nous n’avons pas souvent au cours de l’année, un programme prédéfini pour qu’il y ait une harmonisation du déroulement du programme dans toutes les classes sportives. Nous sommes en train de travailler pour que le même apprentissage se déroule partout », a renseigné Parfait Kpodo. Nous avons aussi une insuffisance remarquable de matériels, a ajouté Julien Gahounga. Mais heureusement, cette dernière difficulté est sur le point d’être résolue. Le Conseil des ministres du mercredi 15 mai 2024 a annoncé un contrat entre le gouvernement béninois et certaines structures pour l’acquisition de matériels sportifs.
Réalisation : Estelle DJIGRI, Enock GUIDJIME & Gloria ADJIVESSODE
KPODO Parfait
Bon boulot,