Code vestimentaire des enseignants de la Maternelle et du Primaire : Un élément important dans l’éducation des apprenants

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Le comportement vestimentaire des enseignants de la maternelle et du primaire occupe une place non négligeable dans le cœur du ministre de tutelle. Salimane Karimou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a de cesse de revenir sur le style vestimentaire des enseignants de son sous-ordre à travers des correspondances. La dernière en date est du mercredi 13 octobre 2021. Plus d’un mois après ce rappel à la déontologie vestimentaire, votre journal Educ’Action a fait une descente, la semaine écoulée, dans quelques écoles pour apprécier le code vestimentaire des enseignants. Reportage !

La cour du Complexe Scolaire Fifadji ABC est calme ce jeudi 18 novembre 2021. Il est 15 heures 45 minutes. Chaque enseignant, en classe, vaque à son devoir professionnel. Pour l’heure, ce sont les tenues portées par ces instituteurs et instructrices qui sont le centre d’intérêt des reporters de Educ’Action. Passant devant chaque classe tout en observant de loin le style vestimentaire des enseignants titulaires de classe, le constat est mi-figue mi-raisin. Il y a des enseignants en tenue française, notamment en chemise piquée sur pantalon noir, T-shirt sur jogging, de jeans soutenu par un Lacoste, des tenues traditionnelles appelées communément ‘‘Bohoumba’’ épousant légèrement leur corps. Chacun est allé à son goût. Dans tout le lot, la classe de CE1/groupe A de ce complexe a retenu notre attention. Habillé en chemisemanche longue grise enfoncée dans un pantalon noir, Michel Ahlonsou, titulaire de cette classe, a fait naître une complicité entre lui et ses apprenants. D’un ton doux et sincère, il réclame le silence à ses écoliers avant de répondre au micro de l’équipe de Educ’Action.

Michel Ahlonsou

«L’enseignant que nous sommes, devons enseigner non seulement par ce que nous disons, mais aussi par ce que nous faisons, nos actes, nos faits et gestes en général et en particulier notre habillement. On dit souvent que l’habit ne fait pas le moine mais l’habit sert à reconnaitre le moine», explique-t-il, l’air dégourdi. Cap est mis, dans l’après-midi du vendredi 19 novembre, sur l’école où le premier des Béninois, le président de la République, Patrice Talon aime accomplir son devoir civique. C’est bien évidemment l’Ecole Primaire Publique de Charles Guillot, sise derrière les rails dans le quartier Zongo. Il est 16 heures, le constat est le même. Un regard rapide dans les salles permet d’apprécier le style vestimentaire des maîtres et maîtresses de cette école qui relève du giron de l’Etat. Ici, si certains sont en ‘‘Bohoumba’’, d’autres ont porté des chemises sur un pantalon avec de différentes paires de chaussures. «L’enseignement est un métier noble. C’est un métier où il faut valoriser aussi ses qualités vestimentaires. Un enseignant qui vient en ‘‘boumba’’ qui laisse correctement le corps ou une tenue peu commode, l’élève même va se poser des questions sur la qualité de l’enseignant», affirme Gabin Djiwa, enseignant titulaire de la classe de CE2 à l’EPP de Charles Guillot, pour attirer l’attention de ses collègues admiratifs de son accoutrement. A la lumière des propos des enseignants, le style vestimentaire de l’enseignant en classe participe de la bonne marche des activités pédagogiques.

Code vestimentaire : un élément important pour la classe

«Ce qui compte en éducation, ce n’est pas ce que nous disons de temps en temps avec solennité, c’est ce que nous faisons. On éduque presque sans le savoir, en vivant. Les enfants sont des appareils enregistreurs qui ne laissent rien perdre. Ce qu’ils retiennent de l’ensemble de notre vie, c’est ce qui a le plus de pouvoir sur eux», disait François Mauriac. Cette citation qui met en exergue la qualité morale de l’enseignant semble être négligée voire ignorée par des enseignants. Pourtant à l’Ecole Normale des Instituteurs (ENI), ils sont outillés sur la déontologie vestimentaire dont la prise au sérieux revêt une importance particulière dans les temples du savoir. «Un enfant recherche dans son milieu des modèles, des personnalités à imiter quand il sera adulte», dira, pour sa part, Bibiane Gbaguidi, enseignante de la maternelle à la retraite, invitant ainsi ses collègues en fonction à être des modèles pour leurs apprenants en termes d’habillement. Car, soutient-elle : «La tenue de l’enseignant impacte sur le comportement des enfants et l’apprentissage également. Un enseignant doit s’habiller de façon impeccable mais pas extravagante. Une tenue impeccable et décente dispose les enfants à écouter leur enseignant et à s’approprier les messages qu’il véhicule. Par contre, une tenue débraillée tourne la classe vers un autre centre d’intérêt». Le bon comportement vestimentaire de l’enseignant influe sur les décisions qu’il doit prendre vis-à-vis de l’habillement de son apprenant. «Nous devons enseigner par notre personnage. Si, par exemple, un de mes apprenants vient à l’école mal habillé, la tenue déboutonnée, je me dois te le rappeler à l’ordre. Alors que si moi-même, j’étais mal habillé, je ne peux pas le faire. L’enfant doit prendre exemple sur son enseignant. La preuve, quand je vois mes écoliers qui n’ont pas leurs chaussures, je punis parce que je ne suis jamais venu sans chaussures dans la salle», fait savoir Michel Ahlonsou avant d’ajouter que : «L’enseignant, c’est quelqu’un qui parle à un auditoire. Devant un auditoire, si tu n’es pas bien habillé, on ne peut pas bien t’écouter. Il faut être admirable». S’appuyant sur des exemples, dans ses envolées explicatives, l’instituteur Gabin Djiwa, affirme : «Les institutrices ne peuvent pas porter des robes qui exposent leurs aisselles parce que lorsqu’elles laissent à découvert leurs aisselles, ce n’est pas éducatif. C’est la même chose pour un enseignant qui vient à l’école en ‘‘Boumba’’ et qui laisse le corps. Ce n’est pas bien pour l’enseignant parce que lorsqu’il sera en train d’écrire au tableau, les manches bavent l’écriture».

Quid de la prime d’habillement ?

«Si nous allons prendre en compte la prime que perçoit l’enseignant en termes d’habillement, je peux vous dire qu’il n’y a pas de prime. Sur la fiche de paye, la prime d’habillement et de documents annuelle ne va pas à 30.000 Francs CFA. Cela ne permet pas de s’habiller. Il faut avoir envie de s’habiller avant de le faire», lâche Michel Ahlonsou avant de déplorer le fait que l’autorité ministérielle doit rappeler tout le temps à l’ordre ses collègues qui s’habillent de façon désinvolte. Abondant dans le même sens, son collègue Gabin Djiwa s’interroge : «Quels sont les moyens dont l’enseignant dispose pour porter une tenue hors classe ? Je viens en classe en costume parce qu’on ne peut pas former des élèves qui n’ont pas le goût à l’esthétique. Il faut aussi que le gouvernement pense à améliorer nos conditions de travail. Si l’habillement seul est à 20 mille francs, vous allez voir un changement radical au niveau des enseignants en termes d’habillement». Il souhaite par ailleurs que des équipes soient dépêchées dans les écoles pour apprécier le style vestimentaire de ses collègues indélicats. Lesquels, précise-t-il, malgré la cognotte allouée à l’habillement ne vont pas changer de code vestimentaire. La qualité de la tenue portée par l’enseignant détourne l’attention des apprenants. Bibiane Gbaguidi, enseignante à la retraire explique : «Si c’est peut-être un trou dans l’habit ou un habit défraichi, serré qui laisse paraître les sous-vêtements par exemple, dès que l’enseignant tourne le dos, les élèves créent un autre débat derrière lui ou bien une occasion de raillerie. C’est quand l’enseignant se retourne qu’on se range. Parfois, il se rend compte et cela débouche sur des sanctions. Cette ambiance n’est pas bonne. Si un enfant par hasard se calque sur un maître ou un adulte débraillé, à l’avenir, il ne pourra pas, lui-même, bien s’habiller». Elle rejoint ses jeunes collègues en témoignant que la prime d’habillement est dérisoire. Selon les indiscrétions, certains enseignants disent ne pas percevoir de prime d’habillement.

Enock GUIDJIME

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