Concilier travaux domestiques et études : Un atout pour la fille

  • 0
  • 529 views

Si l’école est consacrée aux travaux intellectuels, à la maison, les apprenants sont censés faire les travaux domestiques. Aujourd’hui, il leur devient de plus en plus difficile de trouver le juste milieu entre ces deux travaux. Reportage !

«Quand je reviens de l’école les soirs, je suis fatiguée. Le lendemain au réveil, je me retrouve avec l’effet de la fatigue. Du coup, j’ai de la peine à faire les travaux domestiques avant de me rendre à l’école. La distance que j’effectue pour aller au cours aussi fait que je suis souvent épuisée une fois à la maison. » C’est le témoignage de Ruth, élève en classe de Terminale D au Collège d’Enseignement Général (CEG) ‘‘Le Plateau’’, situé dans la commune d’Abomey-Calavi. En cet après-midi de dimanche, vêtue d’une robe locale ovale aux fleurs multicolores, elle discute avec sa sœur aînée, tout en mangeant et riant aux éclats. Pour Aïssatou, par contre, les travaux domestiques ne sont pas à négliger, même s’il est difficile de les faire dans le temps imparti. Le teint clair, pressant le pas, téléphone en main, elle confie qu’elle a du mal à s’en sortir avec les tâches ménagères. « Les matins, j’avoue que j’ai vraiment de la difficulté à faire mes travaux avant de me rendre à l’école mais à mon retour, je m’efforce de le faire quand même ».
Cette réalité à laquelle font face les élèves de nos jours ne laisse pas les parents indifférents. Pour connaître leurs avis sur le sujet, quelques parents se sont prononcés. Sidonie Ounsougan, la quarantaine, mère de 03 enfants, son bébé au dos, pagne noué à la taille, est la première sur la liste. « Nos enfants d’aujourd’hui n’aiment plus faire les travaux domestiques les matins au réveil avant de se rendre à l’école. Ce sont leurs grandes sœurs qui ont été responsables », fait-elle remarquer. Pascal Abode, père de famille, taille moyenne, teint noir et moustachu, résidant dans la zone de Tankpè, dit avoir des filles qui ne s’intéressent pas aux tâches ménagères. Du coté de ses filles, la paresse est à son plein. « Mes filles n’arrivent pas du tout à faire leur devoir de maison avant d’aller au cours. Il y a une parmi elles qui est tellement paresseuse. Elle a pour devoir de maison, le lavage des vaisselles sales. Mais elle a de la difficulté à le faire les matins avant d’aller au cours. Parfois même, à cause de sa nonchalance, elle va à l’école en retard. Le retard est devenu une habitude pour elle », se plaint le parent. Estelle Tonongbé, mine fraiche, paupière tombante avec son sourire mignon, confirme aussi cette réalité. En plus de négliger les travaux de maison, ses sœurs ont du mal à donner le meilleur d’elles à l’école. « Mes sœurs n’arrivent pas, la plupart du temps à faire leurs travaux ménagers et c’est un cas général. A l’école aussi, tout va en dent de scie. Tantôt elles s’en sortent, tantôt c’est le contraire », se désole-t-elle.

Cercle familiale, antichambre de l’avenir

Eddy Camille Kotto, psychopédagogue, spécialiste de l’orientation scolaire et professionnelle, attire l’attention des filles en rassurant que la famille est le milieu où la fille se forme pour sa future vie. « Quand on considère l’éducation comme la trilogie, savoir, savoir-faire et savoir-être, on se rend à l’évidence qu’elle ne se limite pas à l’école. La famille est le premier noyau où se transmettent les valeurs éducatives. C’est aussi au sein de la famille que les enfants apprennent à se forger et se préparer à leur vie adulte future », fait savoir le spécialiste de l’éducation. La famille est le seul milieu où la fille peut apprendre à vivre en société, c’est le seul endroit où elle doit s’équiper pour son foyer et sa vie professionnelle. « Comment se tenir en société, comment se comporter hors de la maison, mais aussi, comment apprendre à cuisiner, à faire la lessive et la vaisselle, ranger les meubles, bref ! Comment accomplir les tâches domestiques ? Tout cela fait partie de ce que la famille enseigne », rajoute Eddy Camille Kotto.

Un handicap pour la vie

Abiodoun Fagbédji, psychopédagogue et spécialiste en sciences humaines dit l’essentiel à retenir sur les conséquences que la négligence des travaux domestiques peut avoir sur la jeune fille dans l’avenir. Il affirme qu’une « fille qui aujourd’hui se désolidarise des travaux domestiques aura, non seulement de la peine à maintenir son foyer, mais aussi à se rendre utile à ses proches. Quel homme voudrait épouser une fille qui ne sait pas faire la cuisine ? Quel homme voudrait prendre comme épouse une femme qui ne sait rien faire pour préserver son ménage ? », s’interroge le psychopédagogue qui insiste sur le fait que même au plan social, une femme qui n’a rien appris à son jeune âge ne peut faire face à certaines exigences. L’école est une étape de la vie. C’est dire qu’il est important que pendant la période de scolarisation, les filles s’organisent pour toujours accomplir leurs travaux domestiques.

Concilier études et travaux domestiques pour réussir sa vie future

La conciliation des travaux domestiques et des études chez les élèves filles, est d’une grande importance. Savoir concilier les travaux domestiques et les études, fait de la jeune fille une femme responsable et respectée par ses enfants, par son mari et par la société dans l’avenir. Eddy Camille Kotto précise : « La fille qui sait concilier maison et école, prend déjà à la base, l’habitude de le faire. Dans l’avenir, elle n’aura jamais de difficulté à gérer son foyer une fois mariée », affirme-t-il. La négligence des tâches ménagères à la base va rendre la vie de couple de la fille difficile dans l’avenir, à en croire Abiodoun Fagbedji. « Une maman qui avait négligé les travaux domestiques au profil des études, se retrouvera un beau jour en face des difficultés de pouvoir prendre soin de son foyer quand il le faut. Cette attitude sera objet de dispute entre son mari et elle ». Chaque apprenant se doit de disposer d’un chronogramme hebdomadaire qui prévoit les activités scolaires, extrascolaires mais aussi les travaux domestiques. Chaque activité doit avoir son timing.

Dorcas Azilinon (Stg)

JIF 2024 dans l’Atlantique : VESOS Abomey-Calavi célèbre les femmes du CDDEF
Prev Post JIF 2024 dans l’Atlantique : VESOS Abomey-Calavi célèbre les femmes du CDDEF
Lancement de la phase 3 du PARISC : Une éducation qualitative s’annonce dans le Plateau et le Mono
Next Post Lancement de la phase 3 du PARISC : Une éducation qualitative s’annonce dans le Plateau et le Mono

Laissez un commenntaire :

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Vous n'avez pas le droit de copier ce contenu !