Stade de l’amitié Général Mathieu Kérékou, Centre Culturel Chinois, échangeur de Godomey, Palais des Congrès, Institut Confucius, Centre Chinois de Développement Economique et Commercial du Bénin (CCDECB), Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, Hôpital d’Instruction des Armées de Parakou. Ce sont quelques exemples généralement cités pour soutenir les grandes réalisations marquant le rétablissement de la coopération sino-béninoise datant de 1972. Ces infrastructures socio-économiques sont majoritairement construites par des entreprises chinoises qui ont des compétences avérées dans l’exécution de ces travaux. Au regard de la qualité des relations qui lient les deux peuples frères, le Bénin a sollicité de la partie chinoise, un transfert de compétences et le partage de connaissances. L’empire du milieu a répondu favorable à cette requête qui s’est manifestée par l’approfondissement d’une relation sino-béninoise plus dynamique. C’est ce qui explique donc l’octroi de bourses aux bacheliers et étudiants béninois, allant jusqu’à une prise en charge entière, pour la poursuite de leurs études en Chine dans divers domaines. Ce transfert de compétences ne s’est pas seulement focalisé sur les écoles ou universités de la Chine ou du Bénin. La bonne pratique s’est poursuivie jusqu’au niveau des chantiers de construction de routes et autres sites de construction de bâtiments où des ouvriers se sont forgé le savoir en BTP et travaux routiers sans jamais mettre pied dans un lycée technique ou professionnel.
La Chine, un soutien privilégié de la stratégie nationale de l’EFTP au Bénin
Le Bénin compte ouvrir une nouvelle page éducative qui nécessite une rupture avec l’ancien modèle éducatif devenu obsolète. La volonté est manifestée au sommet de l’Etat avec l’adoption en 2019 d’une Stratégie Nationale de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (SN-EFTP). Le gouvernement entend basculer, à l’horizon 2030, 70% des apprenants dans le sous-secteur de la formation technique et professionnelle. La réussite de cette ambition de taille nécessite la mobilisation de 323 milliards pour la mise en place de la SN-EFTP qui implique les domaines de l’accès et le partenariat, les infrastructures et les équipements, la facilitation de l’insertion professionnelle des formés de l’EFTP, la professionnalisation des formations dans l’EFTP.
Toujours apte à accompagner la dynamique de développement du Bénin, l’Etat ‘‘dragon’’ s’est positionné en partenaire privilégié pour rendre le rêve de l’Etat béninois, réel. Cela s’est extériorisé à travers un acte majeur : la signature, la même année, d’un mémorandum d’entente de coopération marqué par accord de financement d’environ 14 millions de dollars. Il s’agit de l’initiative chinoise de la ceinture et de la route de soie. Mais cinq ans avant la signature de ce mémorandum d’entente, la Chine a procédé à la construction, sur une superficie de 32 488 m2 dont 8 165 m2 de surface bâtie, du Lycée Technique d’Amitié Sino-béninoise d’Akassato. C’est un joyau, symbole d’une coopération fructueuse entre la Chine et le Bénin, surtout dans le domaine de l’éducation. Inauguré le 1er octobre 2014, le Lycée Technique d’Amitié Sino-béninoise d’Akassato dispense des formations dans neuf spécialités que sont l’informatique, l’électrotechnique, l’électronique, le génie civil bâtiment, la mécanique auto, l’hôtellerie-restauration. En 2022, l’initiative de la ceinture et de la route de soie était à sa 4e édition. La Chine réitère son engagement pour le développement de l’enseignement technique et la formation professionnelle au Bénin en octroyant, avec le concourt de WAPCO-Bénin, un montant de 28 millions de Francs CFA aux brillants apprenants de plusieurs spécialités des lycées du Bénin dans le but de les féliciter.
Quatre centres d’essais et d’applications pour le Lycée d’Akassato
C’est dans l’euphorie de cette célébration de l’excellence chez les apprenants des lycées au Bénin que Kouaro Yves Chabi, le ministre des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle s’est envolé au pays de Mao Zédong. Durant son séjour en terre chinoise, l’autorité ministérielle a pris part aux travaux du Forum International sur la transformation et le développement de l’enseignement technique et professionnel. L’événement s’est tenu du 22 au 27 septembre 2023, à l’Institut Polytechnique de Ningbo et constituait une occasion pour le ministre, de toucher du doigt le savoir-faire de la Chine en matière de développement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Pour mieux comprendre la chose, faisons recourt au rapport de la Banque chinoise de développement (CDB) qui renseigne : « L’éducation étant une priorité stratégique de long terme pour les autorités chinoises, celles-ci ont continué d’en élargir le contenu, mettant l’accent sur les sciences et le développement des compétences. Au cours des neuf dernières années, 95% des élèves sortant de l’enseignement secondaire professionnel et plus de 90% des diplômés de l’enseignement professionnel supérieur ont trouvé un emploi sachant que, parmi ces derniers, 3,3% ont créé leur propre entreprise. » Pour un pays ambitieux comme le Bénin, déterminé à inverser la tendance de scolarisation dans l’EFTP afin de parvenir à réduire le taux de chômage et à encourager les diplômés à l’auto-emploi, s’inspirer de l’exemple de l’empire du milieu s’avère une option judicieuse. De toute évidence, le séjour du ministre Kouaro Yves Chabi en Chine a été bénéfique pour la stratégie de relance de l’EFTP d’autant plus que des avancées notables ont été enregistrées pour la concrétisation du projet « Atelier Luban ». La preuve, deux accords de partenariat ont découlé des assises de l’Institut Polytechnique de Ningbo. Le premier concerne la construction de quatre centres d’essais et d’applications dans l’enceinte du Lycée Technique d’Amitié Sino-béninoise d’Akassato en vue de développer chez les apprenants, des compétences techniques dans les spécialités de télécommunication et intelligence artificielle, de fabrication et maintenance industrielle, de l’électromécanique et de l’électronique. C’est dans la dynamique de l’accélération de ce chantier qu’une délégation chinoise est attendue au Bénin dans le mois de novembre prochain. Objectif, procéder à l’aménagement du site du Lycée en vue d’abriter les futurs centres d’application. Le deuxième accord concerne la construction d’une plateforme pour le développement des compétences dans le Métier de la Mode et du Vêtement (MMV). Ici, il est question de partage d’expériences et de renforcement de compétences par la mobilité des formateurs et des apprenants des deux nations. Au-delà de la construction des infrastructures, la relation sino-béninoise s’est développée dans le domaine de l’éducation entre les deux pays et l’avenir de la coopération entre la Chine et le Bénin est encore plus prometteur dans l’enseignement technique et la formation professionnelle.
Edouard KATCHIKPE