La communauté internationale a célébré le 29 avril dernier, la Journée Internationale de la Danse. Après une vingtaine d’éditions célébrées, il est important de marquer une pause pour faire l’état des lieux de la danse au Bénin.
Dimanche 28 avril 2024. C’est la veille de la célébration de la Journée Internationale de la Danse. A l’espace Yanzo, siège de la compagnie Towara, les acteurs culturels dont en majorité les professionnels de la danse, sont tous mobilisés pour décortiquer la situation de la danse au Bénin. Il est question pour les acteurs de faire un état des lieux des danses patrimoniales et de dresser des perspectives pour l’avenir. L’initiative émane de la Confédération Béninoise de Danse (CoBeD) et s’inscrit dans le cadre de la célébration de l’édition 2024 de la Journée Internationale de la Danse. Décrétée en 1982 sous l’inspiration du Comité international de danse de l’Institut international de théâtre de l’UNESCO, la Journée Internationale de la Danse boucle une vingtaine d’éditions au Bénin. Dans cette première parution d’une série d’articles sur la danse au Bénin, Educ’Action ouvre un chapitre sur les types de danse qu’on retrouve au Bénin.
Roberto Ewassadja
La notion de danse suivant la définition des professionnels
Roberto Ewassadja est danseur et directeur de l’Ecole Africaine des Métiers d’Art et de la Culture. Il perçoit la danse comme quelque chose qui rassemble et ressemble. Dans le cadre professionnel, souligne-t-il, nous pouvons parler de la danse comme étant la torsion et la détorsion du corps suivant un rythme donné, dans un temps donné et dans un espace aussi précis. Promoteur de la troupe « Les Elites du Bénin », Oscar Allossè dira, pour sa part, que la danse est une forme d’art vivant, un mode d’expression qui implique des séquences de mouvement du corps bénéfique pour la santé de l’être humain. Président du centre artistique et culturel ‘‘Ochala’’, le danseur Dénis Abiona distingue la danse en trois dimensions que sont : La dimension corporelle, la dimension symbolique et la dimension sociale.
« La dimension corporelle de la danse, c’est de développer la capacité corporelle qui met en jeu les éléments qui fondent le mouvement à savoir l’équilibre, la sensation et l’énergie. Quand je prends la dimension symbolique, il s’agit de développer la capacité à imaginer, à styliser le réel, à poétiser le mouvement à pouvoir s’ouvrir sur la symbolique de l’autre. La dimension sociale, c’est de pouvoir collaborer avec des gens, danser avec les autres, partager sa danse », a expliqué Dénis Abiona qui est également un encadreur des classes culturelles.
Oscar Allossè
La situation de la danse au Bénin
Questionné sur la situation de la danse au Bénin, Roberto Ewassadja confie : « La danse se porte plus ou moins à merveille parce qu’en tant que promoteur, artiste-danseur des danses patrimoniales, on se dit que c’est notre chose sinon on l’aurait laissée. Il faut comprendre que c’est parce que nous aimons la chose, c’est quelque chose qui nous appartient et c’est pour cette raison qu’on maintient toujours le cap. » S’exprimant sur l’état des lieux de la danse au Bénin, Marcel Zounon, le secrétaire général de la CoBeD et promoteur de la compagnie Towara fait remarquer qu’un problème se pose non seulement en termes de gouvernance, mais aussi au niveau des textes de lois qui régissent le secteur. Il faut aller, préconise-t-il, au-delà des dispositions prévues dans la Constitution béninoise et dans la Charte culturelle du Bénin, en adoptant d’autres lois pour réglementer davantage le secteur. L’État central, insiste-t-il, doit pouvoir mettre les moyens pour accompagner les acteurs de la danse au Bénin.
Le danseur Dénis Abiona va indexer les danses contemporaines qui sont en train de rafler aujourd’hui les fonds réservés à la promotion de la danse auprès des quelques guichets de financement existant encore dans le secteur.
« Nous sommes dans le domaine de la danse patrimoniale et le constat aujourd’hui est que les bailleurs de fonds à l’international, pour les appels à projets en danse, préfèrent sélectionner les danses contemporaines ou les danses modernes. Alors que s’il n’y a pas de mouvement, de création ou de diffusion, il sera difficile pour le danseur de survivre. Voilà pourquoi j’estime que la danse patrimoniale se porte mal au Bénin actuellement. » Malgré la difficulté relative au manque de financement pour la promotion des danses patrimoniales du Bénin, les acteurs du secteur ont tenu le pari de la célébration de la Journée Internationale de la Danse.
Des danseuses et danseurs du Bénin
Edouard KATCHIKPE