Décoloniser l’éducation…

  • 0
  • 136 views

D’aucuns s’étonnent que nos chroniques ne soient pas ces temps-ci, stricto sensu, consacrées à l’éducation. On voudrait que nous continuions à nous interroger sur les problèmes que posent les types d’enseignants ; comment arriver à des formations qui donnent la compétence etc.
Cela est peut-être vrai ! En même temps, nous nous retrouvons dans une situation où on se rend compte que, face à la grave maladie de notre éducation quasi colonisée, les gens bien qui s’en occupent ne proposent que du paracétamol. Cela calme mais ne guérit pas ! Moi j’ai plutôt l’impression que c’est du phensic, un médicament miracle qu’on utilisait il y a quelques années. Mais, c’est à présent périmé. Oui, notre éducation est périmée et pour paraphraser une phrase célèbre au Bénin, elle est caduque !
Nos chroniques se sont longuement appesanties sur divers aspects de cette éducation pour, en fin de compte, insister sur la solution racine à savoir la nécessité de changer de paradigmes de manière systémique. Le matraquage mnémotechnique sur nos enfants, ne donne plus rien face aux besoins de la société de compétence. On a pensé et conclu qu’il nous fallait une éducation qui privilégie la formation technique. L’idée, traduit en politique éducative et en actions dans notre pays, risque de nous décevoir. En effet, cette approche tournée fondamentalement vers la formation d’une main d’œuvre efficace pour faire face au développement de la société moderne, induit a priori une grosse erreur. Dans la mesure où on voudrait former pour acquérir des compétences afin de développer le Bénin, il s’agit pour nos diplômés d’être plutôt tournés vers une véritable connaissance de leurs milieux. Ils doivent plutôt comprendre et entreprendre dans et pour le Bénin. Le développement devrait d’abord, être endogène avant d’être exogène. Ainsi, par exemple, il ne s’agira pas au départ de les former pour l’intelligence artificielle ou la robotique, mais pour comprendre la qualité de notre sol afin d’aider à les cultiver à travers des outils adéquats. Comprendre l’économie solidaire de nos milieux : comment les artisans se comprennent ; comment les femmes doivent être libérées de charges inutiles à travers des appareils adaptés, du matériel simple etc. Seule cette approche va nous sortir de ce qui se passe actuellement.
Car, lorsqu’on examine ce qui se passe depuis quelques décennies, contrairement à ce que nous pensons, le recours à la formation technique et professionnelle a commencé depuis. Les élèves se sont rués vers des structures comme le centre Songhaï, le lycée de Sékou, d’Adjahonmè ou les Facultés des Sciences Agronomiques. Mais la vérité, c’est que tout ceci n’a pas eu l’effet escompté. Ils sortent mais ils n’ont pas de terre à cultiver ; Ils veulent se mettre à leur propre compte mais ils ne savent pas entreprendre. Ce qui signifie qu’il y a un besoin de suivi et d’insertion à faire pour mettre à disposition des terres et des textes de lois afférents. Ce sont les mêmes problèmes au niveau des autres types de formation où rien n’est encore efficace pour promouvoir l’offre.
En réalité, l’approche devrait être plus globale et concerner la transformation de plusieurs secteurs. C’est une idée fondamentale que nous développions depuis un certain moment : il faudrait une refonte de tous nos programmes. Je comprends que cela nous place devant un certain nombre de contingences : le moment, la méthode et les moyens. Je vois beaucoup de cadres se dire que cela va prendre beaucoup de temps et de moyens. C’est vrai que si nous utilisons nos anciennes habitudes où le temps de conception est plus long que celui d’utilisation, où les remédiations sont nombreuses et permanentes, nous allons échouer. Il faudrait éviter aussi les éternels spécialistes et élargir les groupes jusqu’aux paysans qui en savent plus !
Qu’est-ce qui autorise cette nouvelle vision qui permettrait, non seulement de nous libérer de la falsification de l’histoire, mais aussi de donner de la compétence à nos enfants ? C’est notre véritable prise de conscience qui s’est construite peu à peu et qui est aujourd’hui une véritable conviction. Attention, ce n’est ni de la récrimination, ni du ressentiment. Le système en face de nous, n’a en réalité ni couleur, ni odeur, ni géographie : c’est un principe d’intérêt et de profit. Il n’a que faire ni de ces sentiments, ni de quelque morale. On a l’impression qu’il ne broie que du nègre ou du noir. Non, il broie tout ce qui l’empêche d’avancer dans la maximisation du profit. Et, nous devions commencer à en sortir. Il faut donc comprendre que notre éducation rentre dans une vision plus vaste de conscientisation évidente et efficace et d’actions fortes venant briser les habitudes établies et reformater nos milieux modernes nécrosés. C’est de cette rupture qu’il s’agit !

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

Tournée nationale du MESTFP : Les Collines invitées à surpasser leur rendement scolaire
Prev Post Tournée nationale du MESTFP : Les Collines invitées à surpasser leur rendement scolaire
Journal télévisé du mois de juin 2022.
Next Post Journal télévisé du mois de juin 2022.

Leave a Comment:

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *