Découverte du centre Barka de Kpari : Un oasis d’excellence au cœur du Borgou

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Au Bénin, plus d’un million d’enfants sont hors de l’école, selon les statistiques officielles. Non scolarisés ou déscolarisés, ils sont livrés à eux-mêmes dans la rue ou au travail. La Coopération Suisse, en réponse à ce fléau, finance depuis dix (10) ans, le Programme d’Appui à l’Education et à la Formation des Enfants exclus du système éducatif (PAEFE), avec la mise en place des centres Barka dans les départements du Borgou et de l’Alibori. Educ’Action, votre journal, a visité l’un de ces centres Barka, situé à Kpari dans la commune de Tchaourou. Ce centre privé dirigé par des religieuses argentines, a repris à son compte le modèle conçu par les ONG, Helvetas du Bénin et Solidar du Burkina Faso, et ouvre de nouveaux horizons aux enfants de cette communauté. Reportage !

Tchaourou, le 26 mai 2021. Il est 10 heures 25 mn. Le ciel est ensoleillé. La mélodie des oiseaux rappelle la beauté d’une nature verdoyante aux grands arbres avec le bruissement des feuillages bercés par un vent léger. Deux colonnes d’enfants, habillés en rouge, forment une haie à l’entrée du centre Barka de Kpari, un petit village du nord Bénin, situé non loin de la frontière du Nigéria. Visages radieux, les cœurs débordant de joie, ils chantent en l’honneur de leurs hôtes, députés, préfets, autorités ministérielles, délégation de la Coopération Suisse et coordination du Programme d’Appui à l’Education et à la Formation des Enfants exclus du système éducatif (PAEFE). La Sœur Lélia, responsable de ce lieu d’apprentissage et d’éducation, est tout simplement émue. Sa bouche s’ouvre pour laisser échapper quelques mots de gratitude à l’endroit de la délégation officielle. « Mesdames et Messieurs, soyez les bienvenus dans notre centre Barka où nous accueillons les enfants qui ont quitté l’école tôt ou qui n’ont pas eu la chance d’y mettre pied pour diverses raisons. Jamais auparavant, nous n’avions accueilli une si grande délégation », a-t-elle laissé entendre. Au pas de charge, généreuse dans les détails, elle présente l’école de la deuxième chance aux députés de l’Assemblée nationale du Bénin notamment, venus découvrir l’initiative du PAEFE. « Ici, nous déroulons le modèle d’éducation alternative Barka avec l’appui de Helvetas qui nous a séduit et qui est une solution très importante à un problème très grave qui mine notre pays le Bénin », a déclaré la Sœur Lélia. Religieuse venue d’Argentine, la Sœur a répliqué le modèle des centres Barka sans aucun financement direct de la Coopération Suisse. Et c’est en réalité la plus-value de ce centre de Kpari qui prouve à suffire que le modèle Barka est généralisable sans grande difficulté. Occasion pour la cheffe de la Coopération Suisse au Bénin, Elisabeth P. Anlasar, de saluer l’action des religieuses du centre Barka de Kpari. « Je suis totalement impressionnée par l’amour et l’entrain avec lesquels vous vous occupez de ces enfants. Je suis davantage heureuse de savoir que le modèle d’alternative éducative que nous finançons depuis 10 ans fonctionne à merveille avec des points d’amélioration intéressants », a souligné la première responsable de la Coopération Suisse au Bénin.

Vue d’ensemble des autorités présentes au centre Barka de Kpari à Tchaourou

De l’éducation aux valeurs de partage et de travail

Kpari, c’est le symbole du partage et du vivre ensemble. A côté du bilinguisme prôné par le modèle Barka, les religieuses inculquent aux enfants de ce centre Barka, des valeurs de partage, de solidarité, d’entraide et de travail. Le respect du voisin est primordial. Ici, tout est partagé équitablement. On apprend à penser aux autres, à travailler avec et pour les autres. On prend soin de l’environnement. Kpari, c’est assurément l’oasis éducatif dans le désert des couloirs d’incertitudes qu’arpente le système éducatif béninois. Mieux, les activités culturelles et d’initiation aux métiers se taillent une part belle.

De la culture et des métiers

Splendide dans son costume traditionnel fait de pagne tissé raillé blanc noir, et soigneusement coiffé, le roi du sketch présenté aux visiteurs s’appelle Swambo Touboudiani. En 4ième année au centre Barka de Kpari, il est candidat au CEP 2021 avec la certitude de réussir. « Je sais que je vais réussir à mon examen, je me prépare bien », nous a-t-il confié avec force et conviction. Dans le rôle du roi, le jeune garçon et sa cour royale ont émerveillé l’auditoire des spectateurs de circonstance par leur talent. En dépit de l’ouverture sur le monde que l’apprentissage du français leur donne, ils sont éduqués aux valeurs culturelles de leur milieu de vie. Danses, tenues vestimentaires, contes, panégyriques, recettes culinaires locales, etc., rien n’est laissé de côté pour assurer l’ancrage culturel aux apprenants de ce centre. Puis, l’insertion professionnelle est pensée dans le souci d’aider les enfants à connaître une diversité de métiers. La couture, la layette, le jardinage, la maçonnerie, etc. En réalité, ce centre Barka du PAEFE tout comme les autres des départements du Borgou et de l’Alibori, incarne et réalise le vœu profond du gouvernement béninois matérialisé dans le Plan sectoriel de l’éducation 2018-2030, celui d’accorder une large priorité aux métiers. Le PAEFE, à lui seul, combine langue nationale, culture et métiers et ce centre Kpari en est une belle et parfaite illustration. Djibril Mama Cissé, Préfet du Borgou dira d’ailleurs : « J’ai été très émerveillé par ce que j’ai vu ici. A côté de l’instruction, les enfants sont initiés à un certain nombre de métiers. J’ai vu du tricotage, du tissage, de la maçonnerie et on les a même initiés au théâtre et à la chorégraphie, toutes choses qui leur permettent de se sentir épanouis et de les maintenir à l’école. Ce que j’ai vu est plus qu’édifiant. Fort de l’importance qu’accorde le gouvernement au secteur de l’éducation, nous avons tout à gagner de voir le gouvernement prendre la relève et accompagner cette initiative du PAEFE. »
Séduits par les éléments d’éducation de ce centre, les députés Baba Moussa et Aden Houessou du Parlement béninois ont d’ailleurs pris l’engagement de faire aboutir avec le concours de leurs collègues, les lois qui généralisent ce modèle dans tous les départements du Bénin.
Kpari, avec ses galettes à la betterave et au vernonia, Kpari avec ses pochettes en pagnes cousus par les mains agiles des enfants, Kpari avec son théâtre et sa chorégraphie, Kpari incarne le rêve de l’éducation nationale. Une éducation holistique qui s’ouvre sur le monde et qui s’enracine dans la culture locale. Helvetas et la Coopération Suisse auront eu le mérite d’avoir tracé la voie…

Ulrich Vital AHOTONDJI

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