Vous connaissez sans doute les machines à sous qui ont fait la fortune de certains béninois dans les années 2000 en même temps que la déchéance de beaucoup de compatriotes. Mais ce dont on n’a pas souvent parlé c’est bien la machine à chômeurs qui créé un surpeuplement dans les amphithéâtres de l’Université d’Abomey-calavi, de celle de Parakou et dans les universités privées du Bénin. Cette machine à chômeurs, disais-je, déverse, sur un marché d’emplois totalement inexistant, des milliers d’étudiants bardés de diplômes, et par ailleurs vides de compétences ! eh bien cette machine à chômeurs, si l’on y prend garde, pourrait conduire au printemps béninois par analogie au printemps arabe qui continue de faire des bulbes ! Ou si vous préférez, nous parlerons, nous autres, de notre harmattan national qui n’est pas si courtois non plus ! Nous posons ici, en fait, pour ceux qui ne nous suivent pas encore, la question des flux scolaires. Les enseignements maternel et primaire étant désormais gratuits et les résultats des évaluations académiques donnant presque 100% de réussite au CEP, l’enseignement secondaire se retrouve avec des effectifs incontrôlables alors que les infrastructures restent insuffisantes et inappropriées. Au bout du rouleau, le Bénin compte aujourd’hui 1100 étudiants pour 100 mille habitants. Pendant ce temps le ratio des pays africains tourne autour de 450 et 600 étudiants pour 100 mille habitants. Or, si cet effectif est présenté en ordonné sur un graphique, nous aurons en abscisse les opportunités d’emplois qui sont à l’instant où nous écrivons, la vente de l’essence frelatée aux abords des chaussées, la conduite des taxis moto et autres. En de pareilles circonstances, il serait intéressant de marquer une pause pour savoir où nous allons. L’Ecole béninoise doit-elle continuer à produire des agents de maîtrise ou des bachelors, sans emplois, avec le grand risque d’assister sous peu à des soulèvements populaires, à des incendies d’édifices publics par des jeunes désœuvrés mais surtout révoltés contre un pays incapable de les prendre en charge ! Comment gérer au mieux les flux pour ne pas en arriver à ces « y-en- a- marre ! » prêts à tout pour se faire entendre, pour survivre tout simplement. N’y-a-t-il pas d’autres alternatives pour les enfants qui entrent en 6ème ? Doivent-ils tous aller en Terminale pour échouer dans une filière généraliste, porteuse de chômage et de sous emploi ? Quelle est aujourd’hui la politique de l’Etat pour davantage professionnaliser les apprenants et les orienter vers les technologies agricoles ou industrielles capables de conduire à des inventions technologiques, à des innovations qui créent des emplois et assurent des revenus stables aux jeunes ! il vaut mieux y penser pendant qu’il est encore temps pour qu’un tsunami à la katrina, ne vienne emporter un matin, ou un soir, notre quiétude et notre démocratie ! Attention ! Des « y-en-a- marre » sont en gestation !
N.P
Ulrich Vital AHOTONDJI