Double inscription en milieu universitaire : Un choix difficile parsemé d’embûches

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Pratique répandue en milieu universitaire, la double inscription est prisée par les étudiants, en l’occurrence les nouveaux bacheliers. Sans faire de recherches approfondies sur les revers de la double formation à l’université, ils essuient des difficultés qui se soldent parfois par l’échec. Educ’Action a cherché à savoir les raisons qui militent en faveur de ce double choix. Constat !

Eméraude Amoussou, de teint bronzé, est étudiante en année de Licence en anglais à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Egalement jeune activiste en santé sexuelle et de la reproduction, elle est en pleine rédaction de son mémoire pour sa soutenance. Mais bien avant, elle s’est aussi inscrite en linguistique pour obtenir, plus tard, une Licence en communication en 2020. Elle a cumulé les deux (02) formations au Département des Sciences du Langage et de la Communication (DSLC). Et pour cause: «L’idée, ce n’était pas la double inscription. C’était d’aller à la faculté en m’inscrivant d’abord en anglais. Arrivée à l’UAC, j’ai pris connaissance du DSLC. Cela m’a intéressée et je me suis inscrite en linguistique. Dès que j’ai quitté la 1ère année pour la 2ième année en linguistique, j’avais une vision. Je voulais des compétences et un diplôme en anglais. Je suis passionnée par la communication et je voulais aussi m’exprimer couramment en anglais», a affirmé Eméraude Amoussou, communicante pour situer sur les raisons de sa volonté de faire la double inscription. Tout comme elle, nombreux sont les étudiants et jeunes bacheliers qui décident de s’inscrire dans de différents instituts, facultés ou écoles. Les raisons qui fondent ce désir des apprenants de surfer sur le terrain de la double inscription diffèrent d’un étudiant à un autre.

Des raisons motivant la double inscription…

Possibilité donnée aux étudiants de s’inscrire dans deux (02) établissements de formation à la fois au cours d’une même année académique, l’option de la double inscription est faite pour diverses raisons. L’allocation universitaire dont bénéficie le nouveau bachelier y contribue. «L’étudiant est allocataire par exemple, mais il est dans une école où il est à titre payant donc il est obligé de s’inscrire à la faculté pour bénéficier de son allocation», fait savoir Dr Wenceslas Mahoussi, directeur adjoint de l’ENSTIC, avant de préciser que la double inscription obéit à un objectif de poursuite d’études à la fois, soit de façon complémentaire ou de diversification de profil. C’est justement le cas de Eméraude Amoussou qui a fait la double inscription parce qu’elle voulait avoir deux (02) différents profils. L’embarras de choix et l’assurance de ne pas perdre l’année académique militent en faveur de la double inscription dans le rang des étudiants. «Soit il n’a pas réussi à trancher entre les deux (02) formations qu’il admire et pour lesquelles il estime avoir les aptitudes ou il veut s’assurer de ne pas perdre totalement l’année et accroître ses chances de réussir sur le marché du travail», a expliqué Dr Emile Houngbo, agroéconomiste et directeur de l’Ecole d’Agrobusiness et de Politiques Agricoles de l’Université Nationale d’Agriculture. La ressemblance des enseignements amène des étudiants à faire recours à une autre formation en dehors de l’initiale afin d’assurer sa complémentarité. «Vous verrez des gens qui veulent compléter leur formation : il fait Administration Générale à l’ENAM, il va s’inscrire en faculté de droit pour compléter puisque parfois c’est le même cours, le même enseignement», a indiqué le directeur Adjoint de l’ENSTIC.

Difficulté d’assiduité aux cours…

«C’était une belle expérience parce que j’étais régulière en linguistique plus qu’en anglais. Parfois, les programmes de cours coïncident et je n’arrivais pas à être présente aux deux cours à la fois. Je choisis souvent la linguistique parce que c’est ce qui me passionnait. Mais en anglais, je rattrapais les cours et faisais des séances d’exercice. Cela a été vraiment un challenge». Ces propos de Eméraude Amoussou, étudiante ayant fait une double inscription, témoignent, à suffire, de l’incapacité de l’étudiant en double formation de répondre en temps réel dans les amphithéâtres. Propos relativement partagés par bien des universitaires approchés. «Le problème se pose au niveau de la coïencidence des emplois du temps des évaluations au moment des examens. On vous programme un examen en faculté et, au même moment, vous êtes en examen à l’institut ou à l’école», a déclaré Dr Wenceslas Mahoussi, cumulant aussi la charge de président de l’ONG Educbourses. Cette méthode de travail, selon l’avis des spécialistes, entache l’évolution académique des apprenants. D’où, le rattrapage en session des unités d’enseignement non validées à l’école ou à la faculté. Ainsi, précise Dr Wenceslas Mahoussi, ils écrivent pour demander l’autorisation pour composer dans les instituts, facultés tout en joignant à la demande leurs emplois du temps. «J’ai rencontré beaucoup de difficultés. J’ai eu du mal à saisir tous les cours en anglais parce que je n’étais pas fréquente là-bas. Ce qui m’avait aidée, c’étaient les séances d’exercices que je faisais avec les aînés. Ils me faisaient des résumés des cours que je lisais. Cela n’a pas été facile», dira Eméraude, pour revenir sur ses difficultés en double inscription. L’enseignant-chercheur Emile Houngbo ne dira pas le contraire : «La première difficulté rencontrée par les étudiants est la quasi-impossibilité de suivre les deux formations en temps réel. L’étudiant est obligé d’être au four et au moulin, et, s’il n’est pas bien doué, il peut avoir un mauvais résultat des deux côtés à la fin de l’année. C’est très difficile techniquement et matériellement de réussir la double inscription. C’est souvent une forme de dispersion de son énergie et de ses moyens pour peu de résultats».
Témoins des résultats peu ou prou satisfaisants à la fin des formations, les universitaires orientent sur les comportements à adopter lorsque l’étudiant désire aller en double inscription d’une part et les conseils à suivre lorsqu’il est de plein pied dans la double inscription d’autre part.

Assiduité, révision et patience : des comportements à adopter !

Avoir des objectifs bien précis, attendre d’être bien moulé dans la première formation avant de choisir la seconde formation, assiduité et révision au jour le jour, éviter le suivisme. Ce sont les comportements qui doivent être ceux des bacheliers et étudiants en double inscription, à en croire les personnes rencontrées sur le terrain. «Après le choix de la double inscription, l’étudiant doit se mettre au travail assidûment et apprendre les leçons au jour le jour. Ceci demande une capacité d’assimilation élevée de sa part, pour ne pas être amené à tricher ou à négocier des notes pour passer en année supérieure», conseille Dr Emile Houngbo, avant d’ajouter qu’il ne faut s’engager dans cette aventure que quand l’on s’estime intellectuellement fort pour réussir et que l’organisation des enseignements des deux côtés le permet. Les étudiants qui sont en double inscription peuvent ne pas toujours, s’ils ne s’organisent pas bien, avoir le temps d’assimiler tous les cours dans les deux entités. «Ceux qui arrivent à le faire, je leur tire chapeau car je n’ai pas pu réussir à le faire quand j’étais en double inscription. Sur cinq, c’est deux qui arrivent à tirer leur épingle du jeu», affirme l’enseignant-chercheur, Dr Wenceslas Mahoussi. Aussi, indique-t-il, ils peuvent attendre de prendre l’encrage dans la formation principale et après la deuxième année, ils vont faire la double inscription. Par ailleurs, ajoute-il, s’ils n’ont pas une organisation interne assez huilée, ce n’est pas la peine de faire la double inscription.

Enock GUIDJIME

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