Edmond Houinton, Docteur en psycholinguistique cognitive, a passé 3 années et 3 mois à la tête de la Direction Départementale des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle de l’Atlantique (DDESTFP/Atlantique). Ayant passé le témoin à son successeur, il revient via cette interview exclusive, sur ses actions phares et les défis à relever pour maintenir le cap. Lisez plutôt !
Educ’Action : Vous avez passé le témoin à votre successeur le vendredi 7 avril 2023. Quel est votre état d’âme ?
Dr Edmond Houinton : J’avoue que ce sont des moments de satisfaction pour moi. L’Etat m’a permis de faire cette élogieuse expérience à la tête de cette direction. Je ne pouvais jamais penser un jour que je pourrais accéder à ce poste. Donc, cela m’a permis de me renforcer. Aujourd’hui, c’est la gestion axée sur les résultats. J’ai pu faire ce que je pouvais dans le strict respect de l’AOF. Le jour de la passation des charges, j’étais animé d’une parfaite satisfaction parce que c’était une messe, une allégresse dans le rang des invités.
Quel bilan peut-on dresser de votre passage à la DDESTFP/Atlantique ?
C’est très difficile de parler de soi-même. Les faits sont là. Il suffit d’en poser la question aux acteurs du système directement concernés. Le secretariat pourra mieux vous renseigner. Néanmoins, je puis vous énumérer quelques unes sans trahir le secret administratif. Désormais, dans nos établissements, personne ne peut y avoir accès sans que notre direction départementale ne soit informée. Dans nos établissements, il ne doit plus avoir de retard dans le rang des chefs d’établissements. Dans nos établissements, tous les enseignants sont connectés à Educmaster de même que les élèves. Dans nos établissements, les litiges domaniaux ont pu diminuer parce que j’ai pu travailler d’arrache-pied avec la mairie et la préfecture. La dernière en date, c’est au CEG Houéto où je me suis déplacé avec le préfet et toute sa délégation. Nous avons pu décanter la situation. Même si aujourd’hui, il n’y a pas encore un accès direct aux véhicules, les élèves peuvent aller au cours sans anicroches. D’ici là, à la lumière de notre échange avec le maire Angelo Ahouandjinou, la personne va quitter les lieux pour permettre un accès au calme. Bientôt les examens vont commencer et il faut que les examinateurs accèdent au collège. L’autre chose, c’est la mutualisation dans les actions. Les parents, le patronat des établissements privés, les collectifs des chefs d’établissements publics et privés et la direction font bloc pour prendre des décisions pour l’atteinte des performances et résultats excomptés. Les descentes inopinées dans les établissements sont organisées pour galvaniser les enseignants et encourager les apprenants, notamment les candidats. Les rencontres sont multipliées avec les enseignants pour les sensibiliser sur le devoir de l’Atlantique de faire de bons scores aux examens puis de garantir un bon niveau à tous les apprenants. Les Chefs d’établissements sont rencontrés mensuellement afin de trouver ensemble les moyens manegeriaux pour accompagner les enseignants, les apprenants. À la direction, c’est la cohésion entre ses membres. Je remercie, au passage, les syndicalistes de la maison et le délégué du personnel. Je remercie tous les enseignants parce qu’ils ont fait un travail formidable durant toutes les trois années sous mon autorité. Par ailleurs, nous avons fait un travail de sensibilisation pour faire partir ceux qui vendent aux abords des établissements. Il faut aussi dire qu’il n’y a pas eu de chasse à l’homme durant mon mandat.
Quelles sont quelques actions phares que vous avez menées et qui constituent une satisfaction pour vous ?
C’est d’abord la direction elle-même. Aujourd’hui, il y a du calme parce que nous pouvons nous entendre. Il faut que ceux avec qui vous travaillez, vous comprennent d’abord. Ça a été une satisfaction totale. Je suis obligé de ne pas déplacer les agents pour qu’il y ait moins de frustration. Car, ils suivaient un rythme avec mon prédécesseur avant que je ne vienne. Donc, je n’ai pas cassé cette harmonie. Aujourd’hui, les chefs d’établissements savent que nous devons nous rencontrer par mois et que le retard n’a pas droit de cité. Pour ça, je suis content. Les chefs d’établissements restent dans leur établissement. L’autre chose, ce sont les résultats. J’en suis fier. J’ai pu amener le département de l’Atlantique au premier rang au baccalauréat l’année dernière et quatrième au BEPC avec tout le poids que nous constituons et c’est sans tambours ni trompette.
Quels sont les défis que vous n’avez pas pu relever durant votre passage et sur lesquels vous voudriez attirer l’attention de votre successeur ?
Aujourd’hui, je voudrais que mon successeur fasse mieux avec les enseignants, c’est-à-dire de les comprendre, de les écouter, de leur faire appel comme cela se doit. Ensuite, l’Etat doit mettre à la disposition des DDESFTP, les moyens qu’il faut pour que le directeur départemental soit sur le terrain, à chaque fois. Le bureau n’est pas pour le directeur départemental surtout celui de l’Atlantique. Il faut donc la présence du directeur sur le terrain pour que les acteurs se prennent au sérieux. D’une manière et d’une autre, les moyens doivent exister pour que les chefs de service puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. Il ne faut pas que ce que nous avons pu capitaliser s’effrite d’un coup.
Nous sommes à quelques jours des examens. Votre successeur est venu prendre le train en marche. Quelle est la relation qui existe entre vous deux ?
L’Etat est une continuité. Je peux bien vouloir accompagner le directeur entrant. S’il ne veut pas, je ne peux pas faire autrement. Je suis disponible pour l’accompagner.
Votre message pour conclure l’entretien ?
Je voudrais remercier Educ’Action pour son travail de qualité, remercier également tous les syndicats d’enseignants et les braves enseignants eux -mêmes pour tout le travail titanesque que nous avons fait sur le terrain. Je veux aussi dire merci aux chefs d’établissements, les chefs de service, les parents d’élèves. Tous ceux-là qui m’appellent aujourd’hui pour me formuler des vœux de promotion, je leur dis merci pour les prières. Je remercie aussi le chef de l’Etat et notre ministre de tutelle pour la confiance placée en ma modeste personne.
Propos recueillis par Enock GUIDJIME