Dans le secteur de l’éducation, l’état des lieux des infrastructures et mobiliers affiche un visage peu reluisant. Au fil des années, de nombreux efforts ont été faits mais l’ampleur de la tâche donne encore à réfléchir. Après les quatre premières parutions, cette dernière parution tend le micro à un acteur non moins important, le directeur Départemental des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle de l’Atlantique. Dr Edmond Houinton, puisque c’est de lui qu’il s’agit, revient ici sur le cas spécifique de son département. Lisez plutôt !
Educ’Action : Quel état des lieux pouvez-vous faire des infrastructures et mobiliers scolaires dans votre département ?
Dr Edmond Houinton : J’ai dans mon département cent douze (112) établissements publics dont quatre (04) lycées et un centre de formation professionnelle qui se situe à Pahou. A propos de l’état des lieux de ces infrastructures, puis-je dire, l’Etat a déjà joué sa partition en construisant certaines. Avec l’arrivée du président Talon, la construction de ces infrastructures a continué. Nous pouvons dire que l’état des lieux, même s’il n’est pas reluisant, ces infrastructures aident quelque peu les apprenants qui continuent de recevoir les cours mais en réalité, nous avons besoin de plus d’infrastructures sur notre territoire. Les élèves sont très nombreux de ce côté et dans les établissements, il n’y a pas assez d’infrastructures pour les accueillir, surtout dans nos grands collèges. Cet état de choses nous oblige à construire des paillotes modernes pour accueillir plus d’élèves. Dans les villages se situant dans notre département, il y a encore quelques poches de résistance. Nous avons encore des bâtiments vétustes, nous avons de vieilles paillotes par endroits. Ce qui est sûr, aujourd’hui, les apprenants n’étudient plus sous des arbres ou sous le soleil. Le gouvernement de la Rupture a essayé de mettre un terme à cela. A travers l’Agence de construction des infrastructures du secteur de l’éducation (Acise), le gouvernement a impulsé un nouveau souffle aux établissements en matière de construction de nouvelles infrastructures. La dernière fois, au CEG Le Plateau, un bâtiment de quinze (15) salles de classe a été déclaré complètement vétuste et incapable d’accueillir les apprenants parce qu’il y avait des fissures par endroits. A la place, l’Acise a construit plusieurs salles de classes pour accueillir les apprenants. Le gouvernement nous aide beaucoup dans ce sens, mais il reste quand même à faire. Ce n’est pas le gouvernement seul qui doit tout faire. Nous devons faire la cour à d’autres personnes, d’autres partenaires, pour nous aider dans la construction de ces infrastructures.
Depuis votre prise de fonction, quelles ont été vos réalisations ou celles que vous avez coordonnées ?
Le directeur départemental n’a pas les coudées franches pour construire des infrastructures dans les établissements. Comment ça se passe ? Il y a dans le budget des établissements des fonds affectés à la construction des infrastructures. Si le budget le leur permet, ils peuvent le faire. Ils arrivent à construire quelques salles de classes. Nous dans notre Plan de Travail Annuel (PTA) au niveau de la direction départementale, il y a une ligne qui pourrait aider à construire des salles de classes mais pas pour autant. Nous sommes là pour accompagner les établissements, pour voir comment ils peuvent le faire, comme un appui conseil. Lors des conseils d’administration, nous essayons d’envoyer nos représentants dans chaque établissement pour aider ces établissements à savoir que les infrastructures sont d’abord nécessaires. C’est pourquoi, il est fait une part belle aux infrastructures dans le budget. De commun accord avec les établissements, les ONG, nous allons signer des accords. C’est le cas avec l’ambassade du Japon qui nous aide surtout dans la construction des bâtiments. Vous aurez dû constater plusieurs bâtiments flambants neufs dans beaucoup d’établissements de l’Atlantique. Toutes ces réalisations, c’est grâce à des efforts conjugués et avec les appuis des différents donateurs. Sept (07) établissements ont été sponsorisés grâce à ces philanthropes et donateurs. Actuellement, l’ambassade japonaise a déjà signé un contrat avec ces établissements pour la construction de nouvelles salles de classes. C’est un peu le résumé de nos activités sur le terrain en matière de construction de salles de classes.
Nous écrivons aussi à notre ministère de tutelle, parce que c’est d’abord lui notre responsable hiérarchique, il n’est pas à l’opérationnelle comme nous. Nous écrivons surtout pour que nos doléances soient prises en compte.
Qu’en est-il de votre collaboration avec les autorités locales (mairies) en matière de réfection ou d’acquisition de mobiliers ou d’infrastructures ?
Dans l’Atlantique nous avons huit (8) mairies. Lors de la tournée statutaire du préfet, nous essayons encore de mettre un point d’honneur sur la construction des infrastructures. En la matière, je dois d’abord commencer à remercier notre préfet, monsieur Jean-Claude Codjia qui, à chaque fois, essaie de demander aux Partenaires Techniques et Financiers de nous aider dans la construction des infrastructures. Il y a même des problèmes domaniaux, parfois, qui hypothèquent complètement la construction des infrastructures. Mais le préfet, par son leadership, a pu sauver ces bâtiments. Lorsque vous n’avez pas des mairies à statut particulier et bien, elles ne peuvent pas s’occuper des établissements secondaires. C’est vers le primaire qu’elles vont et c’est normal. C’est la loi qui le dit ainsi.
Mais je dois dire que malgré leur statut, les mairies nous ont beaucoup aidés. Même si ce n’est pas les mairies elles-mêmes, en tant que personnes morales, des personnes ressources, des élus locaux, ont souvent donné des tables et bancs. C’est le lieu de remercier le maire d’Abomey-Calavi, et le conseil communal qui avaient offert deux cent (200) tables-bancs au CEG 1 Abomey-Calavi, cent (100) tables-bancs au CEG La Verdure et beaucoup d’autres choses. Les autres communes, c’est vraiment difficile. Lorsque je viens par exemple au CEG 1 Allada, la mairie d’Allada a aidé à refaire la clôture. A Sô-Ava, la mairie a également fait beaucoup pour le CEG Sô-Ava et les autres CEG lacustres en nous offrant de la carburation pour les barques motorisées, en nous offrant du matériel didactique. A Kpomassè également, la mairie a promis nous faire beaucoup de choses. Ça n’a pas encore très bien démarré mais je crois qu’avec leur engagement ça va aller. A Ouidah, la mairie a fait beaucoup à travers les dons des kits de matériels didactiques, microscopes et autres. Sans oublier Toffo.
Quelles sont les initiatives que vous envisagez pour répondre à ces besoins énormes ?
Nous sommes en train de rédiger des documents de partenariat que nous allons envoyer à des gens que nous connaissons, aux élus locaux, aux députés, aux cadres de certains ministères et même des gens de la diaspora qui veulent bien venir en aide aux établissements. Je vais mettre un point d’honneur sur certaines rencontres avec des maires et des élus locaux. Ils ne sont pas les seuls qui peuvent nous aider. Il y a encore des ONG, certaines ambassades comme la Chine, le Japon, à qui nous pouvons faire la cour. A chaque fois qu’ils nous construisent des infrastructures, ils y mettent en même temps des tables et bancs. Ils construisent en même temps dans les seconds cycles un laboratoire.
Deuxième chose, c’est de demander aux chefs d’établissements de tout faire parce qu’ils ne sont pas nommés pour rester les bras croisés et je les félicite déjà pour ce qu’ils font dans le département. Qu’ils bougent plus et il ne faut pas aller s’asseoir parce que demain, quand ils auront fini et quitter, leurs traces resteraient.
Que dire pour conclure cet entretien ?
La question des infrastructures et du mobilier, surtout des tables et bancs, est fondamentale parce que, lorsqu’on construit un établissement, il faut forcement y mettre des mobiliers. Les apprenants ne peuvent pas venir et rester débout. Je voudrais demander aux chefs d’établissement de récupérer tous ces mobiliers, même s’ils sont branlants, pour les refaire. Qu’ils demandent à un menuisier de venir pour les réparer. En effet, les élèves sont plus nombreux, de jour en jour, mais la quantité de mobiliers est insuffisante. Le département de l’Atlantique accueille beaucoup d’élèves et nous n’avons pas assez d’infrastructures. Chacun doit pouvoir nous aider même ceux qui sont loin. Nul ne sera de trop dans la construction de nos écoles.