Dans le rang des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) du secondaire, certains d’entre eux, sont sans qualification professionnelle avec une insuffisance de formation psychopédagogique. Au détour de cette interview exclusive, Edmond Houinton, docteur en psycholinguistique cognitive, a renseigné les influences de la situation évoquée plus haut sur le développement émotionnel et social des apprenants. Bonne lecture !
Educ’Action : Quand on parle de formation psychopédagogique, à quoi fait-on allusion ?
Dr Edmond Houinton : La formation psychopédagogique s’occupe de l’étude de la psychologie de l’apprenant, de son être, de ses attitudes et aptitudes puis de la manière à lui enseigner des apprentissages. Cette formation s’acquiert dans une école professionnelle spécialisée. Ceci implique que l’enseignant puisse savoir prendre l’apprenant dans un groupe-classe. Il connaît ses forces et faiblesses, c’est-à-dire ses compétences et les complétudes à faire pour renforcer ses atouts en matière de connaissances.
Dans nos établissements secondaires d’enseignement général, nous avons des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) sans qualification professionnelle avec une insuffisance de formation psychopédagogique. Que pensez-vous de cette situation ?
C’est un déséquilibre pédagogique qui laisse la porte ouverte à toutes les déconvenues pédagogiques en classe et hors de l’école. Tout comme le médecin, l’enseignant ayant suivi une formation psychopédagogique, agit avec efficacité sur sa cible puis pose subséquemment la thérapie nécessaire pour redresser son apprenant en cas de problème. Notons que tous les AME ne sont pas sans qualification professionnelle. Bien des enseignants, parmi eux, ont fait l’Ecole Normale Supérieure (ENS).
Le défaut de formation professionnelle ne manque pas d’influencer le développement émotionnel des apprenants. Quelles sont donc ces influences ?
Oui, l’enseignant n’ayant aucune connaissance de la cible sur laquelle il va agir, ne saurait maîtriser les émotions de celle-ci, les perturbations infantiles ni la crise juvénile auxquelles il ferait face. C’est pourquoi parfois des enseignants jeunes et leurs apprenants en viennent aux mains parce qu’ils n’ont pas appris que ces derniers ont besoin des enseignants mûrs pour apaiser en douce leurs fortes émotions et crises de toutes sortes. Alors, l’enseignant doit rechercher le développement psychomoteur et émotionnel de son apprenant au lieu de l’étouffer. Ceci étant, l’apprenant évolue normalement puis développe des qualités intrinsèquement émotives, sociales, philosophiques et académiques attendues.
Quid de ces influences sur le développement social des apprenants ?
Lorsque l’enseignant n’agit pas avec précaution et professionnalisme sur son apprenant, il crée en lui toutes les déviances : choc émotionnel, hantise, méprise, hargne, inattention, désobéissance, paresse, etc.
Que faire pour sauver les meubles ?
L’Etat béninois doit envoyer tous les enseignants dans les Ecoles Normales Supérieures (ENS) afin d’y suivre la formation psychopédagogique et les pratiques d’enseignement-apprentissage-évaluation. Cela forgera forcément leur intellect, renforcera leurs compétences puis raffermira leur sacerdoce. En dehors de cette obligation, les conseils d’enseignement doivent être périodiques, prenant en compte la manière d’agir sur les apprenants. Les corps de contrôle doivent aider les jeunes enseignants à savoir tenir leurs classes.
Que dire pour conclure ?
Pour qui veut enseigner, la formation psychopédagogique est le bréviaire à avoir sous son oreiller. Merci à Educ’Action.
Propos recueillis par Enock GUIDJIME