Dr Hounzangbe Adoté Sylvie, Dnrst/Mesrs : « Je demande aux chercheurs d’arrimer leurs recherches avec les pôles de développement du Bénin »

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Enseignante chercheur à la Faculté des sciences agronomiques de l’UAC, Maître de Conférences des Universités(CAMES), Dr HOUNZANGBE Adoté Sylvie tient, actuellement, les rennes de la Direction Nationale de la Recherche Scientifique et Technologique au Ministère d’Etat chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique. Une direction que son dynamisme et son ardeur portent depuis 2011 avec plusieurs innovations. Dans la simplicité de son personnage et l’élégance de son discours, elle revient ici, sur les fonctions régaliennes de sa direction, invite l’Etat à davantage financer la recherche et exhorte les chercheurs à arrimer leurs recherches avec les pôles de développement du Bénin.

Educ’Action : Qu’entend-on par DNRST et quelle est sa mission ?

Dr HOUNZANGBE : La DNRST est la Direction Nationale de la Recherche Scientifique et Technologique, une direction générale technique du ministère d’Etat, chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Elle a pour fonctions régaliennes, la gouvernance de la recherche au Bénin. La particularité de cette direction est qu’elle assure le secrétariat permanent du Conseil national de la recherche scientifique et technique, un creuset qui regroupe tous les ministères au sein desquels se développent des travaux de recherches. La recherche se déroule dans l’enseignement supérieur, l’agriculture, la santé, les mines, au Ministère des enseignements maternel et primaire, notamment à l’INFRE. En plus de ces ministères, on a aussi un représentant du Parlement, du CES, on a le Ministère du Plan et du Développement au sein du Conseil. C’est une instance de décision au niveau supra ministère et c’est la DNRST qui en assure le secrétariat permanent. A ce titre, nous coordonnons la recherche sur le plan administratif, on élabore la politique nationale de la recherche, le plan stratégique, à partir des pôles de développement identifiés par le Ministère du Plan pour le Bénin. Nous avons aussi pour mission de suivre et d’évaluer la recherche au Bénin.

Quelles sont, aujourd’hui, les priorités du Bénin en termes de recherche scientifique et technologique ?
En termes de priorités pour la recherche au Bénin, il y a d’abord les pôles qui ont été choisis par le gouvernement pour le développement du Bénin. On peut citer entre autres, le coton, les produits agro alimentaires, l’énergie, les matériaux locaux de constructions, etc. A la Direction, nous nous attelons à finaliser la nouvelle politique pour donner des directives claires aux chercheurs qui veulent contribuer au développement de ce pays. Cette politique fait vraiment partie de nos priorités. L’autre priorité, c’est la loi d’orientation et de financement de la recherche. Il n’y en a jamais eue. On est en train de l’élaborer. On a déjà travaillé là-dessus depuis l’année dernière. Aussi, sur recommandation de l’Union Africaine, il a été recommandé aux Etats membres de créer un réseau parlementaire pour les sciences, technologies et innovations. Notre parlement a un réseau pour l’éducation mais nous n’avons pas encore un réseau pour la recherche en sciences, technologies et innovations. Nous espérons que nous en arriverons là parce que aucun pays ne peut se développer sans la recherche. Et pour que la recherche soit efficace et contribue rationnellement au développement, il faut un bon cadre institutionnel, il faut une organisation cohérente pour que les choses se développent de manière efficace et efficiente.

Quelles sont les activités que vous avez déjà menées à la tête de cette direction jusqu’à ce jour ?
Nous avons mené beaucoup d’activités. Il y a les sessions annuelles du conseil qui sont organisées par la direction, nous formons les chercheurs à la rédaction d’articles scientifiques. Nous les avons formés à la gestion axée sur les résultats, (GAR) parce que si le gouvernement doit financer la recherche, il importe que les chercheurs sachent comment gérer les fonds publics. Nous avons formé les responsables de laboratoires ou de centres de recherche à la GAR. Cette année, la DNRST les a formés au mécanisme de suivi-évaluation. A part cela, nous avons organisé des journées d’échanges partenariat public/privé pour la valorisation des résultats de recherche et à l’issue de cette journée, il a été mis sur pied une plateforme nationale pour la valorisation des résultats de recherche. Cette plateforme a été mise un peu en veilleuse mais elle va redémarrer ses activités bientôt. Evidemment, il y a les concours de posters que nous organisons en collaboration avec la coopération française, le train de la science et de la technologie qui est en cours de préparation. Il y a eu une édition l’année dernière qui était beaucoup plus axée sur l’environnement et cette année, on a voulu élargir un peu plus à la science et à la technologie d’une manière générale tout en privilégiant quand même l’énergie, les transformations alimentaires et les matériaux locaux de construction. L’appel à résultats est déjà lancé sur ces trois thématiques. On espère avoir beaucoup de candidatures et en sortir les meilleurs.

Quelle est votre collaboration avec la France qui apparaît sur plusieurs de vos activités comme partenaire ?
La DNRST collabore avec la France sur beaucoup de projets, c’est vrai. Le conseiller technique français qui est avec nous, est arrivé avec le projet ARES (projet d’Appui à la recherche en Enseignement supérieur) qui arrive à terme. Mais ce conseiller nous aide dans beaucoup de projets. Aussi avons-nous eu à effectuer une visite de travail en France pour étudier leur système national de la recherche. Cela nous a inspiré parce que, disons que la France aussi est dans une période de réformes où elle s’est inspirée des systèmes anglo-saxons, et à partir de la France, nous avons eu une vue plus globale de comment les systèmes nationaux de recherche sont organisés dans les pays développés. Cela nous a inspiré pour proposer un nouveau système de recherche au Bénin. On attend sa mise en œuvre.

Très peu de noms béninois figurent dans la sphère des brevets, est-ce qu’il n’y en a pas beaucoup ou peut-être qu’on n’en parle pas ?
Je dirai que c’est les deux. Il y en n’a pas beaucoup. Pas parce que les béninois ne travaillent pas mais parce qu’ils ont opté pour la grande majorité à la publication des articles scientifiques. Or, lorsque vous voulez breveter un produit, il ne faudrait pas publier là-dessus d’abord ! Nous avons une base de données qui recense ces brevets. Ce sont des enquêtes périodes que nous faisons tous les deux ans pour collecter des informations pour avoir une idée globale de la recherche au Bénin. Dans le cadre de la promotion par le CAMES, les enseignants chercheurs qui représentent la grande majorité des chercheurs au Bénin optent pour la publication des articles scientifiques plutôt que les brevets ; Disons que chaque année, le centre béninois pour la recherche scientifique et technologique, le CBRST, organise des journées de renaissances scientifiques et à l’occasion, il lance des appels à innovations et des innovateurs postulent et sont primés. Cette année encore ça eu lieu. Donc, on a des innovateurs. Avec la création de l’Agence béninoise pour la valorisation des résultats de recherches, cette agence va faciliter le passage des produits de la recherche au marché. Cette agence va aider les innovateurs à breveter leur produits et à développer des entreprises à partir des résultats de cherches ou d’innovation. Cette nouvelle agence a pour feuille de route d’avoir au moins une à deux pépinières d’entreprises par an ; les travaux sont en cours d’élaboration pour que cela devienne très vite une réalité.

Avez-vous un message à l’endroit des chercheurs béninois ?
Je sais que les chercheurs béninois travaillent beaucoup avec les maigres moyens dont ils disposent. Mais je voudrais les exhorter à arrimer leurs recherches avec les pôles de développement du Bénin. Qu’ils s’informent des axes de développement que le Bénin a choisi et qu’ils marchent dans ces pôles pour mieux contribuer au développement du pays. Aux gouvernants, je dirai de mieux financer la recherche. La recherche est un investissement à long terme. Plus on en met, mieux on a des résultats ; Si donc le Bénin doit se développer, il faut une volonté politique forte pour financer la recherche.

 

Propos recueillis par Ulrich Vital AHOTONDJI

 

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