Dr Mathias Yédjinnavo Affomaï, à propos de l’Ecole des Métiers du Numérique : « L’offre de cette école sera tournée vers les besoins du marché de l’emploi »

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Un an déjà que le Bénin s’est inscrit dans une démarche de construction d’une école de la fibre optique dénommée « École des Métiers du Numérique (EMN) ». Une école qui viendra renforcer les compétences du Bénin dans les TIC. Un an après la signature du protocole d’accord suivi du démarrage de l’étude de faisabilité de ce projet, Educ’Action s’est intéressé à l’évolution des travaux. Voici un tour d’horizon de ce projet avec le Dr Mathias Yédjinnavo Affomaï, Conseiller Technique chargé du suivi des réformes et projet au Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle. Entretien !

Educ’Action : Le Bénin a amorcé la création d’une école pour la fibre optique, un projet dont vous avez la charge. Pourquoi une telle école ?

Dr Mathias Yédjinnavo Affomaï : Le gouvernement a mis en œuvre un vaste programme de déploiement de la fibre optique à travers tout le pays pour créer les conditions de l’internet haut débit et très haut débit. Au cours de la réalisation de ce projet, on a constaté que le pays souffre d’un manque de ressources humaines qualifiées dans les métiers de la fibre optique. Face à cette situation, le gouvernement a signé un protocole d’accord avec le Trésor français, à travers Sofrecom et les trois ministères concernés, à savoir le Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP) qui est la structure de tutelle, le Ministère du Numérique et de la Digitalisation (MND) et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS), le 13 janvier 2020, suivi du démarrage de l’étude de faisabilité du projet d’école de la fibre, le 27 janvier 2020. Vu les résultats de cette étude, il n’y a pas d’offres comparables de formation professionnelle courte aux métiers du numérique en dehors du cursus long type LMD complémentaire, alors même qu’un besoin prégnant existe au Bénin.
L’ambition du gouvernement étant de transformer le Bénin en une plateforme de services de l’Afrique de l’Ouest, il est nécessaire d’assurer le renforcement des compétences dans les TIC. C’est pourquoi, le Conseil des ministres en sa session du 19 août 2020, a autorisé la création de l’école de la fibre dénommée « École des Métiers du Numérique (EMN) ». La mise en œuvre effective de cette décision s’est traduite par des actions, dont la création de l’entité juridique de l’école en accord avec les textes réglementaires.
Cette école de formation aux métiers du Numérique dont l’opérationnalisation est en cours, propose un dispositif de formations courtes et de qualité, porteur d’emplois car conçues de concert avec les acteurs de l’écosystème et les entreprises privées exerçant dans les métiers du Numérique. Il est prévu l’élargissement au fur et à mesure de son champ de compétence et de sa zone d’influence, de telle sorte qu’elle devienne un véritable pôle de compétences d’envergure nationale et régionale. Subséquemment à la mise en œuvre du cursus fibre optique, il est prévu que d’autres formations professionnelles relatives aux domaines du numérique soient délivrées, compte tenu des besoins des entreprises et des opportunités du marché de l’emploi pour élargir les possibilités de formation professionnelle afin de soutenir l’employabilité, et la stratégie numérique du pays. C’est une école proche de l’entreprise qui vient pour réduire, non seulement le taux de chômage avec l’enjeu de la formation pratique de courte durée, mais aussi la rupture dans l’offre de formation souvent trop théorique.

Quelles sont les différentes étapes dans la mise en œuvre de ce projet ?

Quatre (04) phases ont été identifiées. Il s’agit en premier lieu, de faire une étude de faisabilité, c’est-à-dire l’analyse des besoins, le cadre stratégique de l’école, le positionnement et la recommandation pédagogique, l’identification des entreprises partenaires, les spécifications et détails d’aménagement des locaux de formation. Cette étude a conduit à un rapport d’étude et modalités de création de l’École. La deuxième phase étant la conception initiale, elle prend en compte le recrutement de l’équipe managériale locale de l’école, l’aménagement des locaux de formations, l’identité de la marque de l’école et le plan de communication. Quant à la troisième étape, elle concerne la formation elle-même qui passe par la conception de la formation, le recrutement des formateurs, la sélection des apprenants et l’accompagnement au déploiement de la formation. Enfin, la quatrième et dernière phase est la mise en place et l’évolution avec le soutien opérationnel et les recommandations sur l’évolution de l’école. Dans la mise en œuvre de ce projet, nous en sommes déjà à la troisième phase, la phase de formation. Très bientôt, nous allons lancer le recrutement et la sélection des apprenants.

Où en sont les enseignants sélectionnés et envoyés en formation ?

Pour débuter, nous avons recruté deux formateurs qui ont bénéficié d’une formation initiale en fin d’année 2020 d’une durée d’un mois sur le Campus Numérique Montereau en France. Il s’agit des titulaires de Licence professionnelle en télécommunication, qui dès leur retour de formation, ont bénéficié de l’appui et de l’immersion au sein de l’Agence pour le Développement du Numérique (ADN) afin de maintenir leur technicité. Une séance de coaching leur sera accordée au démarrage de la formation des apprenants avec l’arrivée d’un expert du Campus Numérique Montereau au Bénin, dans les mois à venir.

Quelle est la cagnotte financière prévue pour ce projet ?

Pour ce projet, nous notons un financement sur budget national de 416 millions 376 mille 706 Francs CFA dont 376 millions 795 mille 124 Francs CFA pour la prise en charge de la construction du plateau technique, l’acquisition des matériels, la réhabilitation du site de l’école d’une part et 39 millions 581 mille 582 Francs CFA pour le fonctionnement de l’école d’autre part. Signalons également l’appui de la Direction Générale du Trésor de la France d’un montant de 311 millions 566 mille 456 Francs CFA conformément au protocole d’accord signé avec Sofrecom, ayant en charge l’étude de faisabilité, la conception initiale, la formation, l’implémentation et l’évolution.

Du point de vue infrastructurel, où en est-on dans la construction des bâtiments de l’école ?

Le personnel administratif de l’école est logé dans le bâtiment de Sème One, sis aux Cocotiers en face de l’école française « Montaigne ». De même, les cours théoriques vont se dérouler sur ce site. Le plateau technique intérieur et extérieur est en cours de construction à Fidjrossè à Cotonou, en face du Centre psychiatrique de Jacquot. Les travaux sont à un taux d’exécution de 30% et ce chantier devra être livré au plus tard le 31 mars 2022.

Comment les apprenants de cette école seront-ils recrutés ?
Les apprenants seront choisis suite à des séances d’information collective en présentiel et en ligne. Ils seront invités ensuite à un entretien individuel, puis un test psychotechnique et un test d’aptitude manuelle permettront de sélectionner ces apprenants.

Quels seront les débouchés pour ceux qui se feront former dans cette école ?

A la fin de la formation, les apprenants du cursus « Technicien d’Intervention Télécom (TIT) » par lequel nous allons démarrer, peuvent s’offrir plusieurs débouchés à savoir : Technicien d’Intervention Fibre Optique ; Technicien Boucle Locale Optique ; Technicien Raccordement FTTx ; Technicien Maintenance.

A quand peut-on espérer un début de cours dans cette école ?

La date officielle de la rentrée sera communiquée incessamment. Nous mettons tout en œuvre pour une ouverture le plus tôt possible dès réception du plateau technique, en cours de construction.

Que dire pour conclure cet entretien ?

L’École des Métiers du Numérique est aujourd’hui une réalité. Nous avons visité, il y a quelques semaines, le site de Fidjrossè qui connaît la construction du plateau technique. Les travaux évoluent correctement. Le caractère innovant de l’offre de l’école est qu’elle sera totalement tournée vers les besoins du marché de l’emploi, avec une proposition réactive et agile de formations modulaires, à la carte, afin de répondre aux besoins en compétences professionnelles spécifiques liées au secteur. La qualité de son plateau technique, qui n’a pas d’équivalent dans la sous-région, mettra l’emphase sur la pratique qui est un gage d’employabilité pour les apprenants. Pour finir, elle permettra de sécuriser la qualité des infrastructures en disposant rapidement des compétences nécessaires au développement du réseau fibre, à sa supervision et sa maintenance.

Propos recueillis par Estelle DJIGRI

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