Education dans l’Atacora et l’Alibori : La CBO-EPT fait l’autopsie

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Très active dans le secteur de l’éducation, la Coalition Béninoise des Organisations pour l’Education Pour Tous (CBO-EPT) a fait un état des lieux du système éducatif dans certains milieux. Elle partage ses expériences et propose des actions pour une éducation réussie en situation d’urgence.

Inutile de démontrer que l’éducation au Bénin s’érige de plus en plus en priorité pour le Gouvernement béninois, en raison de son importance pour le développement de toute nation. Pour preuve, le secteur de l’éducation consomme le plus gros budget annuel de l’Etat jusqu’à ce jour. Malgré donc, les nombreux défis et les obstacles qui se présentent à elles, les autorités béninoises s’efforcent de garantir l’accès pour tous, à une éducation de qualité. Aucun milieu, n’est donc mis de côté quand il s’agit d’actions pour le rayonnement éducatif. Même les départements les plus reculés comme l’Atacora et l’Alibori qui sont en proie à des menaces sécuritaires, ne sont pas épargnés des initiatives gouvernementales.
Conscientes que les gouvernants ne peuvent pas à eux seuls, répondre aux besoins en éducation, certaines Organisations de la Société Civile (OSC) apportent leur pierre à l’édifice. Au nombre de ces dernières, la Coalition Béninoise des Organisations pour l’Education Pour Tous (CBO-EPT), très engagée aux côtés de l’Etat pour une éducation de qualité et inclusive pour tous. En son sein, elle regroupe plus d’une centaine d’Organisations de la Société Civile, toutes actives dans le secteur de l’éducation. Depuis plusieurs années, elle s’est donnée pour mission, aux côtés de l’Etat, de multiplier les actions en faveur de l’éducation pour que les acteurs à divers niveaux puissent jouer convenablement leur rôle pour la réussite de l’éducation. Ceci, afin que le dernier des enfants béninois, handicapé ou non, puisse se laisser façonner par l’éducation, gage d’un développement sûr pour la nation béninoise.
A travers ses nombreux projets financés par une panoplie de partenaires qu’elle a ralliés à sa cause, la CBO-EPT se rend disponible pour sillonner tous les coins et recoins du territoire national. C’est donc à juste titre que lors des festivités de ses noces d’Etain, le groupe Educ’Action a fait recours à elle. Elle était loin d’être une invitée comme tous les autres au symposium « Média-Education-Développement », tenu le 05 décembre 2024, à l’Université d’Abomey-Calavi. Elle a été invitée en qualité de personne ressource pour partager ses nombreuses années d’expériences sur le terrain éducatif, en ce qui concerne les questions liées à l’éducation en situation d’urgence.
« Education en situation d’urgence au Bénin : Regard de la CBO-EPT sur le cas des départements de l’Atacora et de l’Alibori », est le terme développé par Hervé Kinha, le coordonnateur national de ladite coalition.

L’Atacora et l’Alibori, deux départements menacés par le terrorisme

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Les départements de l’Atacora et de l’Alibori ont été ciblés dans cette communication en raison du fait qu’ils sont les deux départements du Bénin à être confrontés à des situations sécuritaires difficiles. Lesquelles contraignent parfois à des cessations des activités pédagogiques avec la fermeture des écoles.
En parlant de la particularité de chacun de ces deux départements, Hervé Kinha, informe que le département de l’Atacora est situé dans le nord-ouest du Bénin. « Il est connu pour sa diversité culturelle et linguistique avec une population principalement rurale. Cette région fait face à des défis assez particuliers en matière d’accès et de maintien des enfants dans le système éducatif », renseigne-t-il. A l’en croire, les raisons d’un tel état des lieux sont, entre autres, l’éloignement de certaines communautés, les infrastructures limitées, la persistance des pesanteurs institutionnelles, socioéconomiques et culturelles. De même, ajoute-t-il, l’insécurité constitue un facteur non négligeable qui affecte l’éducation depuis la première incursion djihadiste en décembre 2019.
Quant au département de l’Alibori, indique le coordonnateur national de la CBO-EPT, il se trouve dans l’extrême nord du pays, près de la frontière avec le Niger. « Cette région a une population majoritairement agropastorale et qui fait face à des obstacles importants pour assurer une éducation de base inclusive et de qualité à tous ses enfants. Les communes de ce département sont également menacées par des incursions djihadistes et terroristes venant des pays voisins, créant ainsi la psychose dans le rang des populations entraînant la fermeture de certaines écoles et le déplacement des communautés pour se mette à l’abri », dit-il de ce département. On comprend alors que les défis de ces milieux concernent aussi bien l’accès que le maintien des enfants dans l’éducation, et sont différents selon qu’il s’agisse de l’accès ou du maintien.

Hervé Kinha

Défis et obstacles dans l’accès à l’éducation

L’accès à l’éducation dans ces milieux cités plus haut, est un défi que doivent relever les autorités gouvernementales et éducatives afin que les enfants puissent également bénéficier de ce droit fondamental qu’est l’éducation. L’insuffisance des infrastructures, l’enclavement géographique, la pauvreté et l’insécurité sont les réels problèmes détectés par la CBO-EPT, lors de ses actions dans ces zones du Nord Bénin.
Le constat fait par la CBO-EPT dans ces départements, est dans un premier temps, l’insuffisance ou même l’absence d’infrastructures scolaires adaptées, dans ces zones. Pas de bâtiments en bon état ; pas de mobiliers ; l’insuffisance de matériel pédagogique ne favorise pas leur répartition équitable. Quant aux rares infrastructures socio sanitaires (point d’eau, latrine), elles sont loin de répondre aux normes handi-sexo-spécifiques.
L’enclavement géographique est le second défi détecté par la coalition. Cette situation que connaissent quelques communautés couplée à d’autres difficultés, rend l’accès à l’éducation encore plus difficile pour de nombreux enfants dont les plus vulnérables. Il s’agit, entre autres, des difficultés d’accès du fait des infrastructures routières dégradées, des conflits inter ethniques, des conditions d’accueil et de travail peu acceptables pour les enseignants, des perceptions culturelles de l’école et de sa finalité. La pauvreté des ménages et des problèmes de sécurité liés aux conflits régionaux (extrémisme violant, les attaques djihadistes dans les pays limitrophes), constituent également des obstacles supplémentaires qui limitent la fréquentation des enfants à l’école, notamment les filles et les enfants à besoins spécifiques. Cependant, dès lors que les enfants bravent ces difficultés et ont accès aux salles de classes, leur maintien dans le système éducatif devient un autre combat que mènent les acteurs de l’éducation.

Des obstacles au maintien des enfants dans le système éducatif

Maintenir les enfants à l’école après leur accès est une équation parfois difficile à résoudre. En effet, plusieurs réalités propres à ces milieux obligent ces enfants à sortir des salles de classes avec ou contre leur gré. La fermeture temporaire des écoles est la conséquence directe du phénomène d’insécurité dans ces localités. Ce dernier, selon le développement fait par le Coordonnateur, entraîne le déplacement massif des populations vers les autres localités où la menace djihadiste est beaucoup moindre. La fermeture des écoles intervient donc pour mettre à l’abri les enfants. Si ce n’est pas le phénomène d’insécurité, c’est l’exploitation économique qui pousse les enfants à s’éloigner des écoles. Hervé Kinha raconte que dans les bassins cotonniers, c’est la population scolarisable de 8 à 18 ans qui est utilisée comme main-d’œuvre payante au moment des semis et des récoltes du coton. Durant une période de 4 mois environ, on note les abandons temporaires ou définitifs des apprenants dans la plupart des écoles. La pauvreté et l’insécurité interviennent également ici et limitent les activités économiques et les échanges commerciaux. La conséquence de ceci est l’amenuisement des sources de revenus des parents qui impactent sur les dépenses éducatives de leurs enfants scolarisés ou en formation professionnelle. Enfin, la persistance des Violences Basées sur le Genre (VBG) est un obstacle pour le maintien des filles à l’école. Les nombreux efforts du Gouvernement de rendre effective l’éducation dans ces localités, sont influencés par les VBG. Elles se manifestent de différentes manières sur les filles. D’aucunes subissent le harcèlement, d’autres encore, l’abus sexuels et le mariage précoce qui les emportent et les obligent à quitter très tôt le système éducatif.
Le coordonnateur national de la CBO-EPT, Hervé Kinha avance des chiffres qui n’édifient pas quand il s’agit de maintien des filles à l’école. « Selon les résultats de l’enquête MICS INStaD dans les deux départements, le taux d’achèvement du 1er cycle du secondaire a des valeurs de l’ordre de 10%. Le Taux National de Scolarisation (TNS) est de 8,1% et 16% pour les filles respectivement dans l’Alibori et l’Atacora », renseigne-t-il. Mais ces obstacles n’ont pas émoussé l’ardeur de l’Etat et de ses partenaires qui ne cessent de multiplier les actions dans ces différents départements.

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Les actions et impératifs du Gouvernement béninois

Au cours de ses nombreuses descentes sur le terrain, la CBO-EPT a eu l’occasion de découvrir les actions que mène quotidiennement le Gouvernement béninois pour rendre effective l’éducation dans ces zones du nord. A ses côtés, les partenaires ne cessent de mettre également la main à la pâte. Il est normal de mettre sur la liste d’initiatives gouvernementales, les programmes de construction scolaire. C’est dire qu’avec le soutien d’organisations internationales, le Bénin a lancé des programmes ambitieux de construction et de réhabilitation d’écoles dans le seul souci d’améliorer les conditions d’apprentissage. Des formations continues sont proposées pour renforcer les compétences pédagogiques des enseignants d’une part, en éducation inclusive et d’autre part, pour leur permettre de mieux s’adapter aux défis spécifiques dans ces régions. Ils ont également bénéficié d’une formation sur l’exécution de programme accéléré, en raison des inondations cycliques qui durent des mois. Ceci leur permet d’être au même niveau avec les écoles des autres régions. Aussi y a-t-il des programmes d’alimentation scolaire, de dotation de kits scolaires et de sensibilisation communautaire sur l’importance de l’éducation dans ces zones.
Et pour accompagner le Gouvernement, le collectif d’ONG regroupées dans la CBO-EPT, a mis en place un mécanisme de dialogue politique et de redevabilité autour des performances scolaires dans toutes les communes de ces deux départements. Il faut aussi noter l’implication de la communauté locale à travers la mobilisation communautaire autour de la promotion de l’éducation, leur implication dans la co-construction et l’utilisation de plateforme digitale adaptée à leurs conditions. Ces communautés avec l’aide des bénévoles, organisent aussi des cours de soutien. Elles assurent également les rôles de plaidoyer et de suivi en remontant les besoins et préoccupations de leurs acteurs éducatifs auprès des autorités pour obtenir un soutien sécuritaire et un suivi plus efficaces des programmes.
Aussi, l’Etat doit-il encore repenser les programmes éducatifs en situation d’urgence. Il s’agira pour lui, de rendre disponibles et accessibles les Ressources Educatives Locales (REL), d’actualiser le Plan Sectoriel de l’Education (PSE) 2018-2030, de renforcer l’opérationnalisation de la Déclaration de l’école sûre. Pour y arriver, Hervé Kinha met l’accent sur l’importance de l’implication communautaire, les besoins d’une approche holistique, la nécessité d’un financement adéquat. Tout ceci, pour assurer le succès et la continuité des programmes éducatifs dans l’Alibori et l’Atacora.

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Estelle DJIGRI

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