Education des adultes au Bénin : Le plaidoyer des acteurs pour plus d’actions en faveur de l’alphabétisation

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Le secteur de l’alphabétisation, bien que désigné comme enfant pauvre du Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP), connaît des actions menées par endroits pour le bonheur des 61,02% des Béninois non alphabétisés. Des structures et ONG s’évertuent, de diverses manières, pour donner la chance aux personnes non instruites, de se faire alphabétiser au regard de l’importance que revêt cela et pour une amélioration de leurs conditions de vie. Cependant, ces actions semblent limitées. Cette 4e et dernière parution du sujet de thématisation sur l’alphabétisation au Bénin fait la part belle aux actions menées dans ce domaine. Aussi des plaidoyers sont-ils faits pour un Bénin plus alphabétisé.

Le sous-secteur de l’alphabétisation est sous la tutelle du Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP). A travers la Direction de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (DAPLN), plusieurs actions sont conduites par l’Etat à l’endroit des personnes de 15 ans et plus, représentant 61,02% de la population béninoise, n’ayant pas été à l’école formelle. Au nombre de ces actions, ‘‘la stratégie du faire-faire’’. De l’explication fournie par Narcisse Demagbo, responsable d’actions et chef de division de la coopération, du partenariat et de la communication à la DAPLN, cette stratégie consiste à recruter les opérateurs privés en alphabétisation qui, à leur tour, signent des contrats avec les facilitateurs. Ces derniers sont les maîtres alphabétiseurs qui font le travail sur le terrain. Et leur travail se rapporte d’abord à la sensibilisation et la mise en place des centres d’alphabétisation. Ensuite, ils entretiennent les apprenants en leur apportant l’information et la formation qu’il faut dans les différentes langues nationales qui, pour le moment, sont au nombre de treize (13). La DAPLN ne se limite pas au recrutement des facilitateurs, rassure Narcisse Demagbo. Il explique que les maîtres alphabétiseurs et les Opérateurs Privés en Alphabétisation (OPA) sont suivis de près par la DAPLN. « La ‘‘stratégie du faire-faire’’ consiste en effet, à déléguer une partie de notre pouvoir aux OPA pour intervenir sur le terrain. Ainsi, les facilitateurs s’adressent directement aux OPA. La DAPLN intervient par la suite pour suivre ce qui se fait sur le terrain », a renseigné le responsable d’actions. Il précise par ailleurs que la DAPLN organise deux suivis au cours d’une campagne. Le premier, pour constater l’ouverture et l’évolution dans les programmes d’enseignement-apprentissage et le second dédié au constat de l’évolution des programmes afin de programmer les évaluations. Aussi la supervision des évaluations de même que la correction et la proclamation des résultats sont-ils faits par la DAPLN.
Des actions sont aussi menées pour faciliter la mise en œuvre d’une synergie entre l’EFTP, l’Alphabétisation et le Numérique. « Dans ce cadre, nous avons élaboré des arrêtés. Au total, trois catégories d’arrêtés ont été élaborées. Il s’agit des arrêtés sur le comité de pilotage, le comité technique et le comité pédagogique. Il faut donc que ces trois arrêtés soient expérimentés dans les centres de formation pour que cette synergie puisse être réellement mise en œuvre », a-t-il renseigné. De façon autonome, les communes et les départements du Bénin s’investissent dans le secteur de l’alphabétisation. A ce titre, des opérateurs privés se sont engagés avec le financement de certains partenaires pour rendre effective les séances d’alphabétisation dans les soixante-dix-sept (77) communes du Bénin. Lesquelles séances reçoivent l’accompagnement technique de la DAPLN. La direction dispose aussi d’une plateforme numérique appelée « Bibliothèque numérique », mise en place pour les apprenants alphabétisés afin qu’ils puissent davantage se cultiver. Autres activités, la DAPLN ne reste pas en marge de la célébration de la Journée Internationale de la Langue Maternelle, le 21 février de chaque année et de la Journée Internationale de l’Alphabétisation le 08 septembre.

Assovie : de l’alphabétisation dans les marchés à la présentation de candidats au CEP

Charlotte Bah-Kpèvi

L’ONG Assovie, entend militer aux côtés des femmes et des enfants pour l’amélioration de leurs conditions de vie d’une part, et, d’autre part, pour contribuer à leur épanouissement. Ces objectifs ne peuvent être atteints sans la réduction du taux d’analphabétisme au Bénin. C’est fort de cela que cette ONG, créée depuis 2011, a entamé ses actions de sensibilisation et d’alphabétisation à l’endroit des personnes en activité dans les marchés avant d’élargir plus tard son domaine de compétence. A travers les différents programmes d’alphabétisation à savoir l’alphabétisation du français fondamental avec la possibilité des cours accélérés aux enfants qui choisissent d’avoir le CEP et l’alphabétisation fonctionnelle, cette organisation a impacté plus d’une personne. De 2011 à ce jour, l’ONG Assovie a mené des actions d’alphabétisation à l’endroit d’un nombre assez important de personnes, à en croire les propos de Charlotte Bah-Kpèvi, la chargée du secteur Education de Base à Assovie. « Les actions ont démarré avec l’alphabétisation des personnes dans les marchés en 2011. Ensuite, nous avons initié les cours accélérés en français en 2012. Le programme qui est fait au niveau de l’école formelle en 6 ans, est fait en 3 ans pour les enfants et c’est ainsi que nous avons présenté les premiers candidats au CEP en 2015 », a informé Charlotte Bah-Kpèvi tout en se félicitant des taux de réussite obtenus à chaque examen. « Nous passions par d’autres écoles pour envoyer les candidats à l’examen du CEP, mais notre partenariat avec le ministère nous permet dorénavant, de déposer les dossiers pour participer au CEP. C’est ainsi que désormais, nous avons nos propres taux de réussite qui sont élevés. Le plus petit taux que nous avons eu, c’est 66% en 2016. Depuis, nous n’avons que des taux au-dessus de 70%. A trois reprises nous avons eu 100%, et nous espérons que ce sera 100% encore en 2022 », souhaite la responsable.
Cette ONG intervient dans les marchés et précisément ceux des villes de Cotonou, Porto-Novo et Ouidah. « Nous avons commencé dans les marchés parce que le besoin s’est fait sentir dans ces endroits. Les enfants placés viennent accompagner les parents tuteurs dans les marchés, ils n’ont pas la possibilité d’être dans les écoles formelles. Donc, nous avons amené l’école vers les enfants pour qu’on ne dise pas que l’enfant ne doit pas quitter l’étalage, l’enfant doit faire ceci ou cela », a expliqué la chargée du secteur Education de base. Pour elle, cette manière de faire permet également aux parents, d’avoir les yeux sur les enfants, de savoir l’heure à laquelle l’enfant est appelé à sortir des classes. Du constat fait dans les marchés, cela facilite également l’accès pour les personnes vivant dans les maisons environnantes de ces différents marchés secondaires. Au-delà de ces actions, le Réseau National des Opérateurs privés pour la Promotion des Langues Nationales (RéNOPAL) s’investit dans la rédaction des documents stratégiques pour le rayonnement du sous-secteur.

De la rédaction de document à l’alphabétisation fonctionnelle

Franck Arnauld Sedjro du RéNOPAL

Les actions de plaidoyers se poursuivent du côté du RéNOPAL. « L’année dernière, le RéNOPAL a élaboré un document sur le processus devant conduire à la mise en place d’un fond alpha-Fadec et cela a servi d’opportunité pour les acteurs du sous-secteur. Nous espérons que si ça marche, nous allons atteindre les 3%. Dans tous les cas, le plaidoyer et le renforcement des capacités des acteurs va pouvoir se poursuivre », a déclaré convaincu Franck Arnauld Sèdjro, secrétaire exécutif du RéNOPAL. Beaucoup de documents de travail ont été élaborés pour faciliter la mise en œuvre des activités de l’Alphabétisation. « Il y a le document cadre de mise en œuvre de l’alphabétisation du faire-faire, le plan de suivi-évaluation des normes de qualité en matière d’alphabétisation, il y a le document sur le programme de l’alphabétisation », rappelle le secrétaire exécutif du RéNOPAL. Par ailleurs, il affirme que chaque gouvernement a toujours ses priorités. « Certainement que l’alphabétisation n’est pas encore la priorité des priorités. Néanmoins, sous l’égide de l’Etat se fait l’alphabétisation par les métiers et un programme est élaboré par rapport, et pour ça », a-t-il laissé entendre. « Nous ne sommes plus à l’ère de l’alphabétisation de masse où il faut simplement apprendre à lire, écrire et calculer puis vider les centres. Nous sommes plutôt à l’ère de l’alphabétisation fonctionnelle où les connaissances acquises grâce à l’alphabétisation doivent être en rapport avec les préoccupations de l’alphabétisé », souligne Aimé Agbomahenan, chef service alphabétisation et éducation non formelle à la Direction Départementale des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle du Zou (DDESTFP/Zou). Il n’a pas manqué de saluer les efforts dans la révision des programmes d’études afin qu’ils soient adaptés aux exigences actuelles. Aujourd’hui, des campagnes d’alphabétisation sont faites en direction des artisans, surtout les apprentis, afin qu’ils soient mieux outillés et mieux instruits pour être capables de participer activement au développement du pays. Pour ces acteurs engagés dans le domaine de l’alphabétisation, des actions restent à mener pour un Bénin plus alphabétisé.

Des plaidoyers pour l’éducation des 61,02% de Béninois non alphabétisés

L’importance de l’alphabétisation n’est plus à démontrer. Mais force est de constater que les centres retenus à cet effet, n’accueillent pas des apprenants en nombre suffisant pour rehausser le taux d’alphabétisés au Bénin. L’une des solutions pour pallier cette insuffisance de personnes réside, d’une part, dans la communication et, d’autre part, dans le financement de ce secteur selon certains acteurs. « Il faut une communication pour faire comprendre l’importance de l’alphabétisation pour le développement d’une nation. Au-delà de la communication, il faut prévoir des séances de travail avec des compatriotes et autres partenaires au développement capable de financer le secteur. Il faut également mettre l’accent sur les échanges avec les responsables des collectivités territoriales afin qu’ils fassent de l’alphabétisation, un levier de développement sur leurs territoires respectifs », plaide pour sa part, Aimé Agbomahenan, enseignant et consultant en alphabétisation fonctionnelle. Il invite, par ailleurs, ceux qui investissent dans ce secteur à en faire davantage. De même, il exhorte d’autres à leur emboîter le pas afin de réserver à ce secteur un avenir radieux et prometteur. Car, précise-t-il, le développement de notre pays en dépend aussi. Emboîter les pas à ceux qui s’y investissent, revient donc à avoir plus de maîtres alphabétiseurs et de centres d’alphabétisation. C’est d’ailleurs le plaidoyer de la Direction de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (DAPLN). « Mon plaidoyer, c’est qu’on fasse tout pour qu’on ait plus de centres d’alphabétisation et un nombre plus élevé de facilitateurs. Ces facilitateurs pourront bénéficier des moyens adéquats pour aller dans les campagnes parce que nous ne sommes pas dans les villes en général, mais nous sommes surtout dans les campagnes. C’est la mise à disposition des moyens qui nous permet d’aller le plus loin possible. Le gouvernement fait des efforts mais tant qu’il reste à faire, rien n’est encore fait », a souhaité Charles Maximin Codjia, directeur de l’APLN.

Gouvernement, partenaires et parents attendus pour plus d’impacts

Outre ces actions des ONG, du RéNOPAL et de la Direction de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (DAPLN), le gouvernement béninois est davantage attendu sur ce chantier. « Nous souhaitons que le gouvernement tienne compte des besoins en alphabétisation, car son absence ne favorise pas l’atteinte des objectifs. Il est nécessaire que l’Etat accompagne de plus en plus les partenaires, les ONG qui sont dans le domaine. Il faut que les partenaires fédèrent leurs énergies, leurs actions. Il faut que nous tenions compte des besoins réels des populations de notre zone d’intervention », a exprimé Charlotte Bah-Kpèvi, comme plaidoyer au nom de Assovie. Ce souhait de Assovie ne peut être une réalité que si l’Etat augmente le financement accordé à ce sous-secteur. « Notre problème de tous les jours est le manque de financement pour mener à bien les activités, puisque 61,02% de la population active n’est pas allée à l’école, ce qui veut dire que tous ceux-là sont considérés comme des analphabètes. Pour agir sur cette masse importante de la population, il faut avoir des ressources et le budget qui nous est souvent accordé est insuffisant pour mener à bien cette tâche », vient confirmer Narcisse Demagbo, responsable d’actions et chef de division de la coopération, du partenariat et de la communication à la DAPLN. L’engagement des parents d’enfants et de chaque Béninois est également souhaité par ces acteurs pour relever le défi de l’alphabétisation au Bénin. « Il faut que les Béninois comprennent que l’alphabétisation est importante. Les parents doivent en parler à leurs enfants qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. Chaque Béninois doit sensibiliser son entourage sur la question de l’alphabétisation », martèle Charlotte Bah-Kpèvi. Aussi, pense-t-elle, la communication autour de ce sous-secteur va permettre de rendre plus visibles les diverses actions menées.

La Rédaction

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