Chaque tradition retient que l’éducation est globalement la transmission d’un savoir-vivre sinon d’un savoir-être des ascendants aux descendants. Ce qu’on transmet généralement, ce sont des habitudes et attitudes, voire des aptitudes acquises de génération en génération. On sait ce qu’il s’agit de transmettre, on s’y tient avec rigueur et confiance.
Le tout est de savoir si les parents actuels sont encore assurés d’être les premiers vecteurs de la formation du caractère de leurs progénitures et surtout s’ils comprennent ce qu’il s’agit d’inculquer à ces enfants imperméables à toutes les traditions et spécificités culturelles de nos sociétés. On se demande finalement si les premiers à éduquer ne sont pas les parents !
Dans une société africaine, notamment francophone où on commence à vous regarder timidement à partir du Master, quel diplôme acquérir pour être des parents éducateurs certifié iso ? Je ne parle pas d’être géniteur hein ! C’est le plus facile. On ne soutiendra quand même pas ici que « l’habit fait le moine » et qu’ainsi, j’ai des enfants, une maison et je les nourris et leur paie l’école donc, je les éduque ! Non ! La société actuelle mondialisée a multiplié les diplômes et les spécialités mais n’a pas su créer la plus importante : celui de parent qualifié et compétent !
Nos enfants nous trouvent ringards, et peu au courant de la vraie vie. Nous avons accepté qu’ils peuvent nous faire connaître et comprendre des choses, mais n’avons plus aucune marge de manœuvre, faute de savoir ce qu’il nous reste à leur faire connaître et comprendre. Bien des parents gardent de plus en plus leurs traditions et leurs villages pour eux ; leurs repas estampillé OVC « Origine Villageoise Connue » ne résistent pas à l’éternel riz asiatique sinon à la fadeur de la mal bouffe (chawarma et hamburger). Or, ils doivent soutenir le statut d’éducateur avec toute leur tradition qui a foutu le camp.
Alors j’insiste : quel type d’éducation donner à nos enfants, où l’acquérir ? quels critères définissent les bons parents ? La seconde question est essentielle. Lorsque je ne suis ni beau comme tel acteur, ni riche et charismatique comme tel politicien national, lorsque je ne sais pas jouer au foot et ne suis pas champion de boxe, puis-je éduquer mes enfants ? Il semble plutôt essentiel de juste les distraire pour pouvoir vivre avec eux. Ils ont le smartphone ; les ordinateurs et autres accessoires inutiles pour réussir. On les amène au restaurant à l’occasion ou on leur fait quelque plaisir coûteux pour nos poches et après, ils se referment encore. L’évidence est là : C’est plutôt les parents qu’il faudrait d’abord éduquer. Et je n’ose pas évoquer les parents démunis, qui se laissent nourrir par les rapines et les prostitutions de leurs propres enfants encore adolescents !
Jadis, les parents se cachaient derrière les enseignants savants et pétris d’assurance et fiers de transmettre et de former. Aujourd’hui, tout est morne et tout est mort : autant les enseignants qui passent le temps à dégringoler de leur piédestal pour devenir des nécessiteux aux statuts inconfortables et les enseignements qui oublient d’intégrer l’essentiel à savoir la compétence et le respect de l’éducation.
La solution pour des parents qui n’ont rien à proposer à cette progéniture bardée de certitudes tirées d’innombrables media, c’est de jouer quelque vague rôle de pourvoyeur de ressources et de se retourner vers les différentes chapelles religieuse, politique ou tout simplement biérologique. Généralement, l’homme respectueux laisse la femme choisir la première solution qu’il avalisera ensuite en se tournant vers la dernière et la plus facile : la spécialisation dans la bière et accessoirement les serveuses. Quant au politique, à part ne pas avoir de diplômes, il nécessite trop d’improvisation et de versatilité.
Alors que disparaît la chaîne vertueuse parents-enseignants-enfants, on voit s’installer une chaîne vicieuse media-politicien-temples messianiques qui ne vendent que du rêve et de la manipulation. Vous l’avez remarqué, dans cette seconde chaîne, l’être humain n’existe pas !
On comprend l’énorme travail de nos traditions qui proposaient des étapes initiatiques pour acquérir le statut d’homme. Les valeurs morales classiques qui nous ont élevé, sont maintenant de lourds fardeaux vers la formation du caractère car la société actuelle les piétine, les détourne et les contourne. La solution, c’est qu’en attendant le retour de la chaîne vertueuse, on mette les parents à l’école de la vraie vie !
Maoudi Comlanvi JOHNSON,
Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe