L’élaboration du Plan Sectoriel de l’Education PSE 2018-2030 a mobilisé durant deux années, l’ensemble des acteurs de l’éducation avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers. Parmi eux, on peut citer entre autres, Educo-Bénin, la Coalition Béninoise des Organisations pour l’Education Pour Tous (CBO-EPT) et l’Agence Française de Développement (AFD) qui a embrassé de nombreuses initiatives pour le renouveau du système éducatif béninois avec un engagement total de 53,7 millions d’euros dont 35 millions d’euros en prêts souverains. Bienvenue donc dans le dernier numéro de la thématisation de ce mois de Mars consacré à l’élaboration du Plan Sectoriel de l’Education 2018-2030.
Selon Roméo Ayéna, chargé de mission pôle secteurs sociaux, « la vision de l’AFD est l’accompagnement de l’universalisation de l’éducation ». A ce titre, l’institution a des interventions au niveau du bloc éducation de base, du bloc post éducation de base par l’appui à la formation professionnelle au CQP et au CQM à travers les lycées techniques et les centres de formation professionnelle et d’apprentissage, et, dans l’Enseignement Supérieur à travers un projet spécifique également sur fonds propres de l’AFD et en co-financement avec la Banque mondiale. Ainsi, l’institution a une action transversale à travers divers projets. Dans l’enseignement primaire, l’AFD finance deux projets portés par des Organisations de la Société Civile française pour un montant cumulé de 1,3 million d’euros et un projet FISONG d’une valeur de 744 mille euros, mis en œuvre par l’ONG Plan International, qui vise à améliorer l’accès et le maintien à l’éducation fondamentale des filles et garçons dans 4 communes rurales du département de l’Atacora.
Enseignement Secondaire, Technique et la Formation Professionnelle
De nombreux chantiers en cours…
Les sous-secteurs de l’Enseignement Secondaire Général (ESG) et de l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle (ETFP) mobilisent le gros du financement de l’AFD. Sur les six (06) projets de l’organisation, quatre concernent ces sous-secteurs. Il s’agit du Projet d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Insertion des Jeunes (AFPIJE) d’un montant de 4 millions d’euros ; du Projet d’Appui à l’Enseignement Secondaire (PAESB) d’une valeur de 10 millions d’euros ; du Projet Soutien à l’Enseignement Secondaire au Bénin (SeNS) estimé à 16 millions d’euros et du Projet de Développement de la Formation et de l’Insertion Professionnelles (DEFi-PRO) qui va coûter 23 millions d’euros. Les projets SeNS et PAESB visent à impacter 50.000 élèves à travers la construction et l’équipement de plus d’un millier de salles de classes. De façon plus spécifique, le PAESB favorisera l’amélioration de la qualité de l’éducation à travers la professionnalisation des équipes de direction et d’encadrement pédagogique, soit 3.000 directeurs, inspecteurs, conseillers pédagogiques, animateurs d’établissement et 50 inspecteurs de collège à impacter. Ce projet contribue également à renforcer la qualité de l’enseignement des sciences au collège. Dans la continuité du projet PAESB, le projet SeNS doit favoriser l’amélioration du pilotage du système éducatif et une gestion plus efficiente, du niveau central jusqu’au niveau local. Le premier projet du compartiment enseignement technique et la formation professionnelle est AFPIJE mis en œuvre depuis le 27 mars 2013. A travers ce projet, AFD soutient le dispositif de formation de type dual. A terme, il permettra l’accompagnement de 1.200 jeunes vers l’emploi, la formation de 1.000 maîtres artisans et l’ouverture de nouvelles filières de formation dans les métiers du secteur informel (en grande majorité, l’artisanat) en lien avec les bassins d’emplois.
La modernisation de l’ETFP…
«Grâce à ce projet, sept (07) lycées techniques vont être réhabilités et un lycée technique moderne de mécatronique (mécanique et électronique) va être construit à Bohicon. Ce sera un lycée de référence. Les sept (07) lycées qui ont été identifiés vont être réhabilités aux standards et aux normes internationaux », soutient Roméo Ayéna. Estimé à 23 millions d’euros, le projet mis en œuvre depuis le 19 octobre 2016 connaitra son épilogue en juin 2022 en modernisant les établissements concernés. De plus, selon le chargé de mission, l’initiative permettra d’une part, de faire la revue des curricula de formation et d’harmoniser des pratiques de formation, observées notamment dans le secteur privé de l’ETFP, en les alignant aux normes internationales, et, d’autre part, de favoriser la mise en réseau des lycées techniques dit de ‘’référence’’ avec les entreprises de leurs secteurs pour s’orienter vers un mode de gestion en partenariat public/privé. Par ailleurs, Défi-Pro mettra un accent particulier sur la qualité avec le renforcement de la formation des formateurs et sur l’accès avec la mise en place d’un mécanisme d’orientation des jeunes. En ce qui concerne les établissements de formation en hôtellerie, tourisme et restauration touchés par le projet, Roméo Ayéna a révélé qu’ils seront dotés d’un restaurant d’application. Avec l’adoption récente de la Stratégie Nationale de l’ETFP, l’AFD s’est aussi positionnée sur un projet axé sur les formations agricoles et rurales. Le projet va accompagner la réforme du ministère de l’agriculture dans les Agences Territoriales de Développement (ATDA) et aura comme point d’intérêt la formation des formateurs et le développement des métiers de l’agriculture et de l’élevage avec un financement de 20 millions d’euros.
A la pointe de l’excellence…
Le soutien à l’Enseignement supérieur est au cœur du projet « African Centers of Excellence, phase III (ACE Impact) », en co-financement avec la Banque Mondiale. Les 3 centres d’excellence bénéficiaires de ce projet sont : l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC), le CEA-Eau et le CEA-SMIA (Sciences, Mathématiques, Innovation appliquées). « Dans ce projet, ce sont des bourses d’excellence au niveau doctoral qui sont offertes, il y a la formation des enseignants, le soutien au fonctionnement des établissements, … », justifie Roméo Ayéna, chargé de mission pôles sociaux de l’AFD. En somme, le projet vise à cofinancer ces 3 centres d’excellence sur la base d’un mécanisme incitatif de décaissements sur résultats ciblés sur des objectifs d’excellence de la recherche et de la formation, d’attraction régionale des étudiants, d’impact sur le développement et d’amélioration de la gouvernance et de la soutenabilité financière des centres. La signature de la convention du projet est prévue pour ce mois de mars 2020, perturbée par le Coronavirus.
Une myriade de réalisations faites par Educo pour accompagner le gouvernement…
Active durant l’élaboration du fameux Plan Sectoriel de l’Education post 2015, l’ONG Educo, Partenaire Technique et Financier du secteur de l’éducation intervient dans un domaine spécifique de cette boussole éducative. Organisation humanitaire dont l’ambition est de créer un monde où tous les enfants jouissent de leurs droits et vivent en toute dignité, Educo ne fait pas marchander sa prestation dans ce secteur. « Educo s’appuie sur les partenariats au niveau local pour conduire des actions de développement dans les domaines aussi bien de l’éducation formelle que de l’éducation non formelle à la base, au Secondaire Technique et Professionnel ainsi qu’au niveau de l’Enseignement Supérieur », a précisé Ernest Athigbedjou, référent thématique Education à Educo Bénin, pour orienter sur le domaine d’intervention de l’organisation dans le PSE 2018-2030. Soucieux de l’amélioration de la qualité de l’offre éducative, Educo-Bénin entend accompagner le gouvernement dans ses nouvelles orientations en surfant sur quatre (04) importants programmes. « Nous mettons actuellement l’éducation dans un environnement protecteur dans le département du Borgou, le Programme d’accès à une éducation adaptée et accessible aux enfants vulnérables dans le département de l’Alibori, le Programme de renforcement des systèmes nationaux de protection et de l’éducation de l’enfant et le Programme de protection des enfants et jeunes en mobilité dans les départements de l’Ouémé, du Littoral et de l’Atlantique », fait savoir le référent thématique Education à Educo Bénin. Par ailleurs, Educo Bénin poursuit ses réalisations de construction de modules de classes, de réhabilitation et d’équipement de modules de classes pour les Programmes de Cours Accélérés, de dotation d’écoles en kits scolaires, de renforcement des capacités des enseignants sur la pédagogie active et la communication positive pour ne citer que ces actions-là. Des difficultés ne manquent pas pour l’atteinte des objectifs fixés dans la nouvelle architecture éducative. « Je pense qu’il serait plus intéressant d’initier une réforme majeure comme celle de l’extension de l’éducation de base jusqu’en classe de Terminale. Car, la revue du Plan d’actions triennal aura permis de bien évaluer l’actuelle réforme de l’éducation de base jusqu’en classe de troisième. Aussi, la crise actuelle du Covid-19 peut-elle engendrer des perturbations dans le respect de la feuille de route pour l’actualisation du PSE et les autres rencontres des différents cadres de concertation en faveur de l’éducation », a déclaré, triste, Ernest Athigbedjou avant de souligner que Educo Bénin a contribué aux réflexions qui ont abouti à la définition de la Stratégie Nationale de l’Enseignement et de la Formation Technique et Professionnelle (SN-EFTP).
De nouvelles réformes à engager…
«Après l’élaboration du PSE, nous en étions à la mise en place des dispositifs d’accompagnement pour la mise en œuvre de ce plan lorsque les membres du gouvernement ont fait un séminaire gouvernemental et à l’issue de ce séminaire, ils ont pris une décision qui va encore impacter le système éducatif. C’est le fait d’avoir porté l’éducation de base jusqu’en terminale ». Cette nouvelle décision rappelée ici par Hervé Kinha de la CBO-EPT va ainsi obliger les acteurs du système éducatif à réviser ce Plan Sectoriel de l’Education dont la première phase connait une mise en œuvre timide depuis cette année scolaire 2019-2020. Estimant la mise en œuvre de ce Plan à 40% depuis le début de cette année, le représentant de la CBO-EPT salue tout de même les premières étapes déjà franchies dans son exécution. « Dans la nouvelle architecture, on a proposé des blocs d’éducation de base, un bloc pour le post éducation de base. Il faudrait élaborer un cadre normatif pour pouvoir rendre fonctionnelles les passerelles entre les différents blocs. Donc, le gouvernement s’est employé à faire trois choses. La première, c’est l’élaboration d’une Politique Nationale Enseignante qui s’arrime avec la nouvelle architecture du système éducatif et qui s’arrime avec les nouvelles orientations de notre Plan. La deuxième chose, c’est l’élaboration de la Stratégie de Renforcement des Alternatives Educatives et la troisième, c’est l’élaboration d’une Politique de l’Enseignement et de la Formation Technique et Professionnelle. A cet effet, il y a un projet de loi qui est en train d’être soumis à l’Assemblée nationale pour adoption », a renseigné Hervé Kinha qui fait observer la nécessité de beaucoup d’autres réformes pouvant coller aux exigences du PSE. Autrement, il est question, d’une certaine manière, de repartir à zéro.
Les difficultés rencontrées…
Les difficultés ne manquent pas dans l’action quotidienne de l’institution et ont pour noms : indisponibilité des acteurs, la coordination des projets, parfois une instabilité des documents de politique. « L’autre difficulté, c’est parfois un manque de ressources adaptées à certains profils ou certaines compétences clés qui sont sollicitées dans le cadre des projets », ajoute le cadre de l’AFD. Cela dit, « nous encourageons l’État à mettre en œuvre des plans de formation, à renforcer les capacités des acteurs et à porter vraiment le lead », a-t-il conclu.
Implication de la société civile
La CBO-EPT au cœur de l’élaboration du PSE…
Le Plan Sectoriel de l’Education qui reste la pièce maitresse dont la mise en œuvre va permettre d’observer un changement positif au niveau du système éducatif n’a pas été élaboré sans la société civile. Représentées par la CBO-EPT, les organisations de la société civile actives en éducation ont été associées du début jusqu’à la fin, ensemble avec les PTFs. « Nous nous retrouvons parfaitement dans ce PSE 2018-2030 parce que pour nous, ce que nous avions défendu, c’est son arrimage avec les exigences de l’ODD4 et également avec les orientations définies dans la stratégie continentale de l’éducation 2016-2025 et nous pouvons dire que ce PSE a pris en compte tout cela », se réjouit Hervé Kinha, coordonnateur de la CBO-EPT. Les réformes qui sont en cours, notamment l’élaboration des différents documents de politique à savoir la Politique Nationale Enseignante, la Stratégie de Renforcement des Alternatives Educatives au Bénin, la Politique de l’Enseignement de la Formation Technique et Professionnelle, n’ont pas été faites sans la présence des organisations civiles, qui, à leur tour, se sont chargées de sa vulgarisation. « Nous avons également contribué à la vulgarisation de ce plan dans les départements et aussi au plan national parce que nous avons déjà organisé des émissions télé et radio sur ce plan pour que la population s’approprie le plan pour pouvoir constituer quand même un lobbying autour de sa mise en œuvre », a renseigné le coordonnateur qui précise que ces initiatives sont fortement soutenues par la société civile. Mais le Plan, de l’avis du coordonnateur de la CBO-EPT, n’est pas encore dans sa phase d’opérationnalisation, vu les nombreuses réformes qui s’imposent à nouveau.
Réalisé par la Rédaction de Educ’Action