Voici ! J’ai enfin trouvé la compétence. Regardez, vous avez devant vous le CHOC de la photo de ce garçon de quelques années et le POIDS de ma découverte. N’ai-je pas enfin résolu le problème de l’éducation et de la formation qui nous préoccupent tant. Regardez et je vous raconte ! Par un matin froid et pluvieux du début d’août, je me mis en route dès six heures avec comme destination le vaste domaine agricole du grand promoteur Pascal GBENOU dénommé « SAIN » où je m’en allais chercher, luxe, calme et volupté au détour de cette escapade dominicale.
Perdu dans mes paisibles pensées, je sentis la voiture que conduisais mon neveu tressauter et caler pratiquement devant un camp militaire. Les soldats s’approchèrent nonchalamment pour s’enquérir de nos problèmes sans un instant douter de notre panne. Je me rendis compte après leur repli, que je me retrouvais devant une sorte de mess des officiers. Le service n’était pas encore ouvert sinon j’allais me résoudre à savourer une bonne bière, encore que le temps frisquet, se prêtait plus à notre chère liqueur des dieux, le vin de palme ! Je me résolus à envoyer mon neveu au village suivant : Azowilissè.
Quelle ne fut mon immense surprise lorsqu’une demie heure plus tard, il revint avec ce minuscule gamin qu’il me présenta comme le mécanicien. Je soupçonnais mon quasi fils d’avoir défié nos relations ataviques en vidant quelques verres au village et de s’être trompé de cible. Vous savez bien que notre liqueur de palme ne pardonne pas dans un ventre vide. Mais, il me tint un langage que je fus obligé de croire : il s’était trouvé in extremis devant le chef mécanicien qui soutint qu’en ce dimanche, le pasteur ne lui pardonnerai jamais de rater la messe où il était à la fois marguillier et choriste. Il nous recommande plutôt son apprenti au demeurant compétent.
Le tout-petit semblait plein de bonne volonté et d’assurance. Il demanda au neveu d’essayer de redémarrer et posa un diagnostic imparable après avoir écouté ce qui s’est passé : c’était la pompe à essence. Sous mon œil, à la fois amusé et sceptique, il ouvrit le cache du filtre, entreprit de le nettoyer en donnant une magistrale leçon à son ainé, mon neveu multi diplômé. Je me suis convaincu que le Seigneur a fait beaucoup de miracles. Qui suis-je pour ne pas y croire ou plutôt qui suis-je pour ne pas croire à la science, quel que soit l’âge du scientifique ou tout simplement à la compétence qui n’a pas d’âge et pouvait s’acquérir sur le tas. !!! Et, miracle scientifique : la voiture démarra. Le petit a fait le job. Comment interpréter cela ? Comment le comparer un garçon du même âge qui va à l’école et qui pour l’instant se contente de bucher, de manger et de dormir après un tour encore plus inutile dans les médias. Qui sera plus qualifié et plus complet dans dix ans !
Ce qu’il faut comprendre, c’est que nos frères de l’Ouémé ont ce talent rare de former de petits enfants qui excellent dans divers métiers très tôt. Comment récupérer ce savoir-faire et le systématiser avec un appui théorique. Je vous assure : l’éminent pédagogue et auteur de plusieurs ouvrages de référence en Physique et dans plusieurs autres domaines ; Monsieur Issaou GADO a soutenu qu’il y a eu compétence et non bricolage car : le petit « a mobilisé des ressources (des savoirs et savoirs faire) pour résoudre un problème familier ou non familier dans le respect de son patron et de son client (savoir être), ce dernier ayant eu satisfaction dans le temps (efficacité et efficience). Faisons le débat avec notre immense vivier de pédagogues de qualité. Beaucoup se cacheront, car aucun ouvrage occidental qu’on pourrait citer, n’a prévu ce cas. Et c’est cela notre problème : oser penser, réfléchir et avancer ensemble.
D’un autre côté, la voix de ma conscience m’interpelle. Ai-je profité du travail d’un enfant ; ce qui alors tombe sous le coup de la loi ?! En tout cas j’attends vos félicitations ou votre désapprobation !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe