Entrepreneuriat sur les bancs de l’université : Seuls les étudiants courageux s’y frottent (Une si difficile expérience à insérer dans les curricula)

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S’il y a une question qui hante à la fois gouvernants, parents d’élèves et d’étudiants, la société en générale, c’est bien le chômage des jeunes. La solution à ce problème récurrent réside dans l’emploi dans le public ou le privé et l’entrepreneuriat. Devenir un employé semble être la solution la plus prisée par beaucoup de jeunes diplômés. L’entrepreneuriat relève, par contre, pour une bonne frange d’entre eux, du monde de l’impossible. L’insertion professionnelle et l’entrepreneuriat des jeunes diplômés, c’est la thématique du mois de mars à Educ’Action. Avec des fortunes diverses, ils se dévoilent, ces jeunes étudiants et diplômés, chacun avec ses difficultés et son expérience de jeune entrepreneur.

L’ambiance est bon enfant ce matin du samedi 13 février 2021 à l’Université d’Abomey-Calavi. Basket-ball, Maracaña, pétanque, hand-ball, etc. Tous les sports se mélangent sur les aires de jeu mis à disposition de la communauté universitaire par le Centre des Œuvres Universitaires et Sociales (COUS). En face des terrains de sport, la cantine draine du monde. Après avoir pratiqué le sport, étudiants et usagers se dirigent vers les vendeuses de nourritures, communément appelées « bonnes dames », affairées dans leurs boutiques pour certaines, ou devant leurs étalages disposés sur la terrasse de leurs boutiques pour d’autres. L’ombrage fourni par les arbres crée la fraîcheur idéale pour savourer les bons plats. A côté des lieux de consommation d’aliments, pullulent aussi des kiosques de photocopie qui jouxtent le parc d’embarquement des bus de l’université. C’est un pan de l’univers dans lequel baignent de jeunes étudiants entrepreneurs aux parcours singuliers.

Deux parcours atypiques…

Assis sur une table de son kiosque de photocopie et de vente de consommables informatiques, Clément Zocli, doctorant à la Faculté de Droit et de Sciences Politiques (FADESP), ne semble pas avoir l’air d’un patron. Dans une ambiance détendue, il discute avec les filles qu’il a recrutées et qui ont à charge les diverses prestations fournies par sa micro-entreprise. Sourires et rires se mélangent sur les visages des jeunes demoiselles à l’écoute des histoires de vie contés par le jeune patron, vêtu d’une chemise locale multicolore.
Pour lui, c’est en 2002 que l’aventure entrepreneuriale a commencé, de son retour de la Côte d’Ivoire où la crise politique faisait rage. Objectif de ce retour au pays de ses ancêtres, poursuivre les études après l’obtention de son Baccalauréat et honorer la promesse faite à son père. « Je me suis inscrit en Droit et, n’ayant personne, je me suis juré de travailler à fond pour bénéficier de la bourse universitaire », se rappelle-t-il, d’une voix calme et posée. Orphelin des deux parents dans la fleur de l’âge, il relève le défi et passe en deuxième année de droit avec une moyenne de 12,83 sur 20, décrochant au passage la bourse universitaire. Le jour où il reçoit les émoluments de cette bourse estimée à plus de 300.000 francs CFA, une question lui taraude l’esprit : que faire avec cet argent ? « Etant chrétien catholique croyant et fervent, j’ai été présenté cette somme au Saint Sacrement afin que Dieu m’inspire. Je suis resté là et j’ai prié jusqu’à 23 heures avant de rentrer chez moi. J’ai laissé l’argent à la maison pendant une semaine sans le toucher », raconte Clément.
Après avoir observé et discuté avec les prestataires de photocopie, puis analysé les coûts d’une entrée sur le marché universitaire des photocopies et de vente de consommables informatiques, il comprend qu’il n’a pas le capital nécessaire pour se lancer. Il décide alors de commencer petitement. « Dans les amphis, il y avait beaucoup de filles qui adoraient les petites choses : les soutiens-gorge, les slips et autres. Comme j’avais le goût de l’esthétique, je savais choisir ce qui leur fallait. Ce fut la réussite totale. J’ai fait un premier investissement avec un achat de cinquante mille (50.000) francs CFA et en deux jours, j’ai tout vendu dans les amphis. J’étais stupéfait ! J’ai eu le double de mon investissement. La deuxième fois, je suis passé à 200.000 francs CFA. En une semaine, j’ai tout écoulé. J’ai dit waouh ! J’ai continué ainsi. Je suis devenu un homme d’affaires dans les amphis et je gérais aussi ma bourse. A la fin de l’année, j’ai eu un capital de plus de deux millions (2.000.000) francs CFA », se souvient le jeune patron. Les dés sont alors jetés pour faire une incursion dans le monde des photocopies et consommables informatiques.
Emmanuel Yenoussi, Licencié en droit, entrepreneur dans le commerce des objets d’art, a suivi un autre chemin car il a marché sur les traces de son père. Ce dernier lui a transmis la fibre entrepreneuriale depuis les bancs. « Depuis les bancs, je faisais de petites activités pour couvrir les dépenses de mes études en payant moi-même les photocopies, TD, et autres », explique le jeune homme au sortir d’un atelier sur l’entrepreneuriat.
Comme eux, ils sont nombreux ces étudiants courageux qui initient diverses activités pour se prendre en charge depuis les bancs de l’université. En revanche, d’autres ignorent encore les réalités du monde de l’entrepreneuriat en milieu universitaire. Ils se livrent, sans ambages.

 

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