« Totché », c’est son nom d’artiste. Très jeune, plus de la trentaine, Léonard Cosme Totchemetcheho s’offre des moments de plaisir en donnant forme et corps à ses inspirations de l’heure. A partir de ses tableaux d’art largement expressifs et diversement peints, il tente de nourrir son public en le replongeant dans son quotidien, dans sa vie de tous les jours à travers des thématiques évocatrices et d’actualité telles l’amour, la haine, le bonheur, la souffrance, la paix, la guerre, la solidarité, la désunion. A travers cet entretien, « Totché » nous plonge dans son univers d’artiste autodidacte, son parcours et ses rêves.
Educ’Action : « Totché », que cachent les débuts de l’artiste plasticien autodidacte que tu es ?
Totché : Depuis plus de dix (10) ans, j’exerce comme artiste plasticien. Certes, les débuts n’ont pas été faciles. Mon goût pour l’art sur tableau a commencé quand j’étais enfant. A la maison comme en classe, je dessinais sans en maîtriser le sens. Cette passion a commencé à se développer au fil du temps. C’est en classe de cinquième que je me suis rendu compte réellement de mes potentiels ; que je pouvais contribuer à travers mes œuvres au développement du secteur culturel béninois. J’ai commencé à peaufiner mon pinceau en participant à des séminaires de formation, en m’associant à des ateliers de création d’art et bien d’autres. A l’entame de ma carrière, je faisais du « papier marché » et puis après du « papier marché avec la colle, l’argile et la terre battue ». Lors des expositions, je fais un peu d’installation. Tout ceci fait partie de ce que j’ai touché dans le domaine de l’art plastique. Aujourd’hui, je m’intéresse aux questions d’environnement, je façonne beaucoup de choses dans l’espace.
C’est certain que l’environnement et la nature t’inspirent. Quelles sont les thématiques fortes que tu abordes à travers tes œuvres ?
Je m’intéresse beaucoup à mon environnement, à tout ce qui m’entoure et à la société. Je célèbre les valeurs, les mérites et dénonce les maux, les insuffisances. Ma première exposition portait sur la liberté de la presse. Je l’ai intitulée « Xèfun ». La plume pour symboliser le travail méritoire des journalistes. J’ai fait cette exposition un 03 mai lors de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse. C’est comme ça que j’ai commencé à choisir des thèmes. J’ai travaillé un peu sur la guerre, j’ai pris l’exemple du Rwanda. Je m’interroge sur la valeur intrinsèque de l’homme. Selon les philosophes, l’homme est un tout et j’essaye d’apporter cette réponse à mon public à travers mes œuvres peintes.
Quelle lecture fais-tu aujourd’hui de l’art sur tableau ?
L’art sur tableau reste le premier des arts. Il reste expressif de la quotidienne, de notre vie. Certes, par le passé, peu de gens s’y intéressent. Mais aujourd’hui, les choses sont en train de changer positivement et je me réjouis. Beaucoup de jeunes et parents passent voir les œuvres surtout lors des expositions. L’engouement vient beaucoup plus du côté des étrangers. Ils connaissent la valeur de cet art. Je n’ai pas encore eu de déception par rapport à ceux que je rencontre. Seulement, je n’aime pas qu’on me dise que c’est bon. Je veux qu’on me critique pour m’amener à aller de l’avant.
Quelles sont les difficultés que tu rencontres dans l’exercice de ton métier ?
Je ne parlerai pas de moyens. Ma plus grande difficulté est liée à l’inspiration. Il m’arrive de passer des heures à reproduire mes inspirations. Je prends du temps, je fais la part des choses. Au-delà de l’inspiration, il nous faut faire former. Car la formation est la clé principale de la réussite dans toute entreprise.
Quel appel as-tu à lancer à l’endroit des autorités béninoises ?
Si on peut nous construire des échangeurs, on peut aussi penser à nous construire des écoles spécialisées. Il nous faut des écoles d’art au Bénin. Au Sos village d’Abomey-Calavi, les gens font déjà des efforts dans ce sens. Il faut que nos autorités pensent autrement. Qu’on veuille ou non, on a déjà des créations qui résistent au temps. J’exhorte les dirigeants à créer des espaces d’exposition. Ceux qui existent ne nous suffisent pas.
Propos recueillis par
Serge-David ZOUEME