La mise en place de la délégation générale au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur provoque de si vertueuses indignations de la caste de personnes les mieux nourries de l’éducation, qu’on se perd en conjectures. Devant une majorité institutionnelle (l’Etat) et sociale (les parents et autres acteurs de l’éducation) qui accusent, proposent et imposent une conduite, une opposition certaine (les universitaires) incriminent et récriminent !
Ce qui est étonnant, c’est que ces enseignants pointent du doigt plusieurs conditions désastreuses d’exercice de leurs professions tout en n’évoquant jamais le fait qu’ils sont bien payés. Mais, pourquoi ne souhaitent-ils pas que celui qui donne le salaire, contrôle et ordonne. Les deux points d’achoppement qui semblent apparaitre dans cette situation renvoie toute à une seule vision à savoir celle de l’éthique dans l’éducation : éthique dans l’enseignement et éthique dans le comportement.
Je voudrais examiner ce qui pourrait être considéré comme le second point à savoir l’éthique dans le comportement. Ne vous méprenez pas : la levée de boucliers de nos universitaires s’intéresse fortement à cela aussi. Ils ne comprennent pas pourquoi on voudrait, non seulement toucher à leur droit de cuissage mais aussi les punir pour ça. C’est connu : qui travaille à l’hôtel vit de l’hôtel ! Que c’est dommage ! Comment des gens qui se prostituent et autorisent la prostitution peuvent être des enseignants de qualité pour des étudiants de qualité ! Si le sujet-enseignant est corrompu et les étudiants aussi ; alors, l’enseignement ne peut être de qualité.
En même temps, il existe une statistique impressionnante qui montre que les plus de 80% des enseignants de toutes catégories, ont épousé leurs élèves. Comment comprendre et accepter cet état de fait ? Il faudrait se référer à notre Seigneur Jésus-Christ cité dans le livre de Matthieu 5 : 27-28 : « Vous avez appris qu’il a été dit : tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur ». De la même façon, l’autorité première de notre pays nous met en garde : la déontologie éducative interdit de considérer les étudiants comme des simples objets de perpétuels désirs et de vices à assouvir. Ce qu’on doit retenir, c’est que l’enseignant célibataire ou disponible, peut dans son cursus, rencontrer et épouser une étudiante dans le respect des principes. Mais on ne peut, en aucun cas, ériger une prostitution active et passive comme type de comportement et donc d’enseignement. C’est ce que dit l’Autorité : dura lex sed lex. En même temps, il y a la loi et l’esprit de la loi. On peut donc désirer mais alors réprimer au nom de l’éthique, sinon épouser ! Autrement, l’objectif d’éducation se délite complètement au profit des culbutes et autres acrobaties docimologiques.
Nous devions alors comprendre que c’est l’éthique du comportement qui détermine celle de l’enseignement. Elle anoblit l’enseignant qui respecte et cherche à promouvoir l’étudiant. L’enseignant est alors convaincu qu’il a une mission voire un sacerdoce : donner le meilleur de lui-même. Sinon, comment enseigner avec plaisir et rigueur à des êtres humains déshumanisés et ravalés au rang de serpillières ; qui vous écoutent et ne vous entendent pas car la note est acquise dès le départ. Vous pourrez arguer que d’autres en usent ! mais justement, vous êtes là pour leur apprendre à cultiver leur autonomie de conscience et à garder leur intégrité physique et morale. Et puis détrompez-vous ! vos relations ne sont jamais consentantes, mais basées sur l’influence qui annihile toute raison.
Alors, faute d’auditoire crédible, l’universitaire ne se cultive pas ; il ne cherche pas à exceller dans son domaine. Il se contente de recopier des cours sur le net qu’il revend même aux étudiants, de venir quelques rares fois au cours où les élèves font exposé toute l’année etc. Les plus assoiffés d’honneur se focalisent sur leur réussite dans le cursus du CAMES qui leur assure des titres importants dont ils n’ont pas la qualité. On dévoie alors une immense institution dont on profite des grades par tous les stratagèmes.
On comprend pourquoi l’autorité a mis en place une nouvelle voie par-delà le CAMES (qui est un moyen) pour vérifier l’éthique comportementale et enseignante (qui est la fin). En définitive l’autorité a toujours raison même s’il ne rencontre pas toujours notre assentiment. Dans le cas d’espèce, la majorité des béninois est en phase avec elle. Gageons qu’enfin, nos universitaires se décident à donner de la compétence à nos enfants et à se conformer à la logique qui veut que dans les pays développés, ceux sont les théories intellectuelles qui fondent le pouvoir politique.
Evidemment, on connait plusieurs enseignants de qualité mais qui se taisent souvent et se contentent de soupirer car, dans l’ensemble, notre éducation ne marche pas. Même si les tords sont partagés, il n’en demeure pas moins que le ver est souvent dans le fruit. Il appartient à chaque camp de présenter à chaque fin d’année, un livre blanc de l’état de l’éducation au supérieur !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe