Des étudiants peuvent être consultés pour s’assurer de la présence régulière des enseignants au cours. C’est l’une des conclusions issues du séminaire national sur la relance de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique au Bénin. Même si elle n’est pas encore visible dans son application, cette mesure nourrit des discussions au sein de la communauté universitaire. Invité à se prononcer sur le sujet, Igor Tossou, président de la Fédération Nationale des Etudiants du Bénin (FNEB) estime que cette mesure vient à point nommé, et pour cause : «Nombreux sont nos enseignants qui ne font pas réellement le travail, qui n’arrivent pas à épuiser la masse horaire allouée à leur unité d’enseignement parce qu’il n’y a pas vraiment un système de contrôle derrière qui les oblige à respecter les choses ». Pour le responsable étudiant, « il y a des enseignants qui se comportent comme des demi-dieux et n’acceptent pas les observations des étudiants. Mais si aujourd’hui les étudiants sont appelés à identifier leurs faiblesses, tout ce qu’ils feront de mauvais, afin que des recommandations leur soient faites pour qu’ils s’améliorent, je pense que c’est une opportunité que nous devons vraiment saisir». Aspirant assistant chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi, docteur Luc Dougnon estime qu’il n’est pas question de s’affoler sur cette nouveauté d’autant plus qu’un enseignant qui dispense correctement son cours ne devrait pas s’inquiéter de se faire évaluer. «Du moment où je fais bien mon cours, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Je crois que l’esprit de la mesure n’est pas méchant. Mais d’un autre côté, on ne sait pas comment les étudiants vont se servir de cela. Un enseignant qui est très rigoureux à son cours peut pousser des étudiants à ne pas l’évaluer sur la qualité de l’enseignement. C’est pour cela que moi, je préfère qu’on parle d’évaluer l’enseignement plutôt que l’enseignant», suggère-t-il. Ce n’est pas une occasion pour nous, rassure Igor Tossou, de tenir tête aux enseignants parce que jusqu’à preuve du contraire, nous sommes venus à l’université pour étudier, nous sommes appelés à nous soumettre. «Il ne faudrait pas que nos enseignants abusent de leurs prérogatives en essayant de nous influencer et en contrepartie, nous allons jouer notre partition pour qu’il n’y ait pas de problème», martèle le responsable de l’organisation estudiantine la plus représentative.
Edouard KATCHIKPE