Obligation pédagogique, l’évaluation formative est instituée par l’arrêté N° 279 du 30 novembre 2016 signé par Salimane Karimou, Ministre des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP). Cet arrêté porte sur l’institution, l’organisation et le déroulement des évaluations dans les classes des écoles primaires publiques et privées. Educ’Action revient ici sur l’utilité et la portée de ce type d’évaluation, essentiel pour l’amélioration des performances des apprenants. Reportage !
Nous sommes à l’Ecole Primaire Publique Cadjèhoun groupe C, ce vendredi 22 janvier 2021. Il est 9 heures 40 minutes. De loin, dans la classe de CP de ce groupe, la voix des apprenants vient percer le calme plat qui règne dans la cour de l’école. C’est un chant que Christian Hounkpatin, titulaire de cette classe a demandé aux apprenants d’entonner afin de les apprêter au démarrage de la leçon du jour : l’expression écrite. Aussitôt après le chant, c’est le rappel de la leçon antérieure sur les sons ‘‘an, am, en, em, g’’. « La séquence pédagogique que j’ai déroulée aujourd’hui est l’expression écrite. C’est une activité qui nous a permis d’amener les enfants à connaître des mots et les lire. C’est un moyen de les préparer à affronter la dictée. Après, nous avons commencé la leçon du jour : comment placer ‘’une’’ et ‘’la’’ devant les mots pour avoir les noms féminins ou ‘’un’’ et ‘’le’’ devant les mots pour avoir les noms masculins. Avant de commencer, nous avons essayé de rappeler les leçons antérieurement étudiées. A chaque fois que je pose une question, j’essaye de faire une évaluation pour voir si l’apprenant a compris. Nous faisons également les travaux de groupe dirigés par un modérateur. C’est ce que j’ai fait à chaque champ de formation », a expliqué avec déclamation Christophe Hounkpatin, maître de la classe de CP, pour montrer les étapes suivies dans le déroulement de la leçon en respect aux principes de l’évaluation formative. Mise en œuvre dans les écoles primaires du public comme du privé, l’évaluation formative ne manque pas d’utilité.
De l’utilité de l’évaluation formative…
Assis dans son bureau à la Circonscription Scolaire Sikè-Nord, vêtu d’une tenue ‘‘bazin’’ soigneusement brodée, Codjo Camille Tchiapkè, inspecteur du 1er degré et chef de la Région Pédagogique N° 28, le regard plongé dans un document, met l’accent sur l’utilité de l’évaluation formative. « L’évaluation formative permet d’apprécier le niveau d’acquisition de l’apprentissage chez les apprenants. Elle permet aussi à l’enseignant d’identifier les difficultés de ses apprenants en vue de réajuster son enseignement », a-t-il affirmé, au micro de Educ’Action. Abondant dans le même sens, Marie-Claire Suzanne Zinzindohoué, directrice de l’EPP Cadjèhoun groupe C explique : « c’est une évaluation qui consiste en une action pédagogique immédiate auprès de l’élève pour assurer une progression constante des apprentissages. Elle permet à l’enseignant d’intervenir pour aider ses élèves à fournir de meilleures performances. Elle se fait au même moment que l’enseignement ». Appliquée au cours de l’enseignement-apprentissage, l’évaluation formative vient faire l’échographie du niveau de compréhension des apprenants en vue d’une remédiation. « L’évaluation formative permet à l’enseignant de savoir s’il est compris des apprenants. Il voit si son enseignement est efficace. C’est une évaluation sanctionnée par un devoir écrit de 10 minutes sur les activités de français comme la grammaire, la conjugaison, l’orthographe, le vocabulaire et puis la mathématique. C’est surtout après la synthèse orale », dira, pour sa part Nicaise Assogba, directeur émérite de l’enseignement primaire avant d’ajouter qu’il a eu de bons résultats au cours de sa carrière d’enseignant grâce à la mise en application de cette évaluation. Élément de connaissance du niveau de compréhension des apprenants, l’évaluation formative obéit à une démarche méthodologique.
De la démarche à suivre au cours de l’évaluation formative…
Conformément à l’article 2 alinéa 2 de l’arrêté cité plus haut : « l’évaluation formative englobe, entre autres, l’évaluation diagnostique qui est organisée en début d’année à l’intention des élèves du CI au CM2 pour permettre à l’enseignant d’apprécier le niveau de maîtrise des prérequis ». Une citation soutenue par Nicaise Assogba, directeur d’école ayant fait valoir ses droits à la retraite. « L’évaluation formative n’est pas prise de façon unique. Elle se situe dans un contexte, dans un ensemble. Elle est encadrée par l’évaluation diagnostique et l’évaluation certificative. Au début de l’année scolaire, on fait une évaluation diagnostique pour voir le niveau de l’apprenant et savoir ce qu’il faut régler avant de lui servir les cours de la classe. Donc l’évaluation diagnostique porte sur la classe antérieure », a-t-il précisé. Se revêtant de son manteau de pédagogue, Nicaise Assogba, sourire aux lèvres, explique avec exemple à l’appui, la démarche à suivre dans le cadre d’une évaluation formative. « L’évaluation formative connaît trois moments. La période avant la leçon du jour, celle durant la leçon et celle à la fin. Toute séquence de classe doit démarrer par l’essentiel des activités antérieures. Si au cours de la leçon du jour par exemple, l’enseignant a prévu trois activités, au terme de l’activité 1, l’enseignant fait une synthèse . C’est une forme d’évaluation. Il aborde l’activité 2 et au terme de cette activité aussi, il fait une synthèse et une évaluation. Il aborde l’activité 3 et au terme, il fait une synthèse de cette partie, et, à la fin, il fait la synthèse des activités 1, 2 et 3 », fait savoir Nicaise Assogba, ancien directeur de l’EPP Hlazounto B. Si ces trois moments sont primordiaux lors de l’évaluation formative, c’est par contre quatre étapes chez Suzanne Zinzindohoué, directrice de l’EPP Cadjéhoun C. « il y a la préparation, la mesure, l’évaluation et la réflexion. A l’étape de la préparation, l’enseignant fixe des objectifs à atteindre par les enfants, à ce qui doit être évalué, à la nature de l’évaluation formative et sommative, aux critères qui permettent d’évaluer les apprentissages des élèves, aux instruments de mesures les plus appropriés ». Poursuivant dans ses explications, elle ajoute : « A l’étape de la mesure, l’enseignant prend des décisions relatives aux instruments de collecte de données, à la bonne utilisation de ces instruments, à l’élimination des préjugés et à la manière dont on effectue la mesure. Pour évaluer, l’enseignant interprète les données pour recueillir et peut aussi juger la préversion des élèves et ensuite l’enseignant prend des décisions en ce qui concerne la programmation des compétences acquises, qu’il peut remédier ou enrichir la connaissance des enfants », a-t-elle précisé pour renseigner sur les différentes étapes qui sanctionnent l’évaluation formative. « Avant l’évaluation, il faut les activités d’intégration. Avec ces activités, il y a une période déterminée au cours de laquelle l’enseignant voit ce qui a été déjà fait et propose une activité qui prend en compte toutes ces notions et dont la résolution doit amener l’enfant à prendre appui sur des notions vues. Lorsque l’enseignant finit les différentes séquences pédagogiques d’une situation, il peut évaluer l’apprenant. La logique est qu’à la suite de l’évaluation, les enseignants doivent analyser les résultats obtenus en vue de prendre une décision », dira l’inspecteur de 1er degré, Codjo Camille Tchiapkè avant d’ajouter que les enseignants doivent mettre un accent particulier sur l’évaluation formative pour ne pas pénaliser les apprenants. Des observations issues de son inspection dans les classes sous sa tutelle, il ressort que des efforts doivent être encore faits. Toutefois, souligne-t-il, les enseignants ont été informés avant l’institution de ladite évaluation.
Enock GUIDJIME