Les évaluations finales des acquis des apprenants des centres du Programme d’Appui à la Gestion Décentralisée de l’Alphabétisation (PAGEDA) phase 2, se sont déroulées le samedi 9 novembre 2024. C’est le ministre des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, Kouaro Yves Chabi, et la cheffe du bureau de la Coopération suisse au Bénin, Elisabeth Pitteloud Alansar, qui ont conjointement procédé au lancement des épreuves au lycée des jeunes filles de Natitingou.
«A l’église, les lectures, l’évangile et l’homélie se font en waama. Je voyais deux filles qui lisent en waama et vraiment, ça m’impressionnait. Je me demandais comment en tant que mère je pouvais le faire. Je parle bien le français et d’autres langues. Cependant, ma propre langue, je sais la parler, mais je ne pouvais pas l’écrire. Comment relever le challenge et faire comme ces filles ? J’étais dans ces réflexions quand j’ai eu l’information des cours d’alphabétisation sur notre forum de femmes Waama. Je me suis présentée dans l’école primaire Yokossi, où je me suis inscrite depuis l’année passée. Aujourd’hui, je suis au niveau 2 en alphabétisation, je suis lectrice en waama sur ma paroisse et je lis aisément à la messe. A l’heure actuelle, je suis beaucoup sollicitée par le prêtre à l’église pour former mes mamans, mes pères, nos enfants. »
C’est le témoignage de Tègri Koura, à la sortie de la composition, le samedi 9 novembre 2024, jour d’évaluation pour montrer l’impact positif de ses acquis. Comme elle, ils sont au total 17 277 candidats dont 10 172 femmes à plancher dans 662 centres répartis dans 27 communes des quatre départements du nord Bénin, après six mois de cours.
Un lancement selon les règles de l’art
Echanges avec les autorités et surveillant de salle, conseils aux candidats, vérification de l’intégrité des enveloppes. Ce sont les assurances de la délégation ministérielle conduite par Kouaro Yves Chabi, le ministre des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, avant le lancement effectif des épreuves. « C’est un examen, c’est une évaluation comme les autres examens. Prenez cela au sérieux ! », a conseillé le ministre en donnant le top aux évaluations des apprenants en alphabétisation pour le compte du Programme d’Appui à la Gestion Décentralisée de l’Alphabétisation (PAGEDA) phase 2. La cérémonie s’est déroulée en présence de Elisabeth Pitteloud Alansar, la cheffe du bureau de la Coopération suisse au Bénin. « La Suisse, à travers son programme d’appui à l’alphabétisation, est heureuse de concourir aux efforts du Gouvernement béninois pour promouvoir cette alphabétisation fonctionnelle », a souligné la cheffe de la coopération suisse.
C’est le directeur de l’Alphabétisation et de la promotion des langues nationales qui a levé le voile sur les statistiques de l’examen avant de préciser les langues de composition. « Nous avons treize langues dans lesquelles les apprenants seront évalués : baatonum, dendi, fulfudé, naténi, anii, biali, mbèlimè, ditamari, waama, boo, yoruba, lokpa et yom », a informé Charles Maximin Codjia.
Les apprenants en composition à Pouya
Avec des matières axées sur des compétences directement utilisables
Les apprenants seront évalués en Sciences sociales, SVT, langues, Maths / Gestion. « Les Maths/Gestion permettent de faire des achats groupés. Ils définissent en détails ce qu’ils veulent acheter. An niveau des SVT par exemple, on leur apprend à identifier les symptômes des maladies, comment lutter contre le choléra, comment laisser son centre toujours propre et accueillant pour éviter les maladies. L’autre matière, c’est les langues elles-mêmes. Ils apprennent à lire et à écrire en langue, à faire le marché en langue. Les sciences sociales leur permettent de vivre dans la société et les comportements à adopter. Ils apprennent aussi à faire de l’économie familiale », a expliqué Mathieu Doko, le chef service alphabétisation et promotion des langues nationales à la direction départementale des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle de l’Atacora.
Les apprenants ont acquis ces connaissances et développé les compétences à travers deux méthodes pédagogiques : la pédagogie du texte et la nouvelle méthode. A la fin des compositions, les acteurs ont donné leurs impressions.
Les impressions de quelques participants
Salomon Balogoun, directeur exécutif Ong Sia N’Son
«Je suis vraiment très ému, parce que quand je constate la mobilisation au niveau des salles, c’est vraiment quelque chose, surtout en cette période-là. Parce que l’alphabétisation, en principe, on a l’habitude de démarrer la campagne en décembre pour terminer en mai. Mais compte tenu de certaines difficultés de départ, on a pratiquement démarré la campagne en juin, pendant la saison de pluie. Mais malgré cela, les acteurs étaient mobilisés. Nous avons aussi un objectif. C’est d’atteindre plus de femmes. Et quand vous constatez dans les salles aujourd’hui, on est à plus de 70% de femmes.
Kassa Toussaint, commerçant et maître maçon
«Je me suis inscrit dans un centre d’alphabétisation pour apprendre à lire et à écrire dans ma langue. Afin que cela puisse m’aider dans mon activité professionnelle. Que je sache comment écrire tout ce que je fais. Comment par exemple compter, comment faire les calculs. Comment tenir ma comptabilité afin que cela puisse m’aider dans ma vie. J’aurai un papier à la fin qui va sanctionner mon apprentissage et qui va montrer que désormais je sais lire et écrire. Moi-même, avec ce papier, je peux aider d’autres personnes à apprendre à lire et à écrire en waama.
Yvette Dassagaté, coiffeuse
«Aujourd’hui, je suis capable d’écrire et de lire dans ma langue. Cela m’aide dans mon travail parce que dans le métier de coiffure, il y a aussi des prises de notes. Il y a aussi les quantités. Tout cela, doit être noté. Moi je ne savais pas le faire. Aujourd’hui que je sais lire et écrire dans ma langue, je le fais aisément et je ne me trompe plus. D’abord, quand je vais au marché pour faire les commandes, désormais, j’écris, je quantifie, je sais ce que j’ai à acheter et ça m’aide à tenir ma comptabilité personnelle. Ensuite, dans l’exercice même du métier, il y a des mesures. Par exemple, pour certaines mèches, il faut mesurer à quel niveau ils vont couper.
Bio Djega, Directeur exécutif de l’Ong Potal Men
«L’alphabétisation est la porte d’entrée aux actions de développement. Nous pensons que pour accompagner la commune de Natitingou dans le développement, soutenir l’alphabétisation a sa signification. Nous sommes contents de constater que, déjà, tout le monde est là. Ils ont suivi les cours du début jusqu’à ce jour. Aujourd’hui, ils ont été présents. Donc, nous espérons qu’ils vont tous réussir. Nous disons merci au Gouvernement et à la Coopération suisse pour leurs encouragements et leurs soutiens technique et financier.
Adjéi KPONON