Le bien et le mal sont deux notions qui se perdent parce que s’amalgamant chaque jour. On doit reconnaitre à la plupart des religions le souci de faire la démarcation entre ces deux notions ou plutôt ces deux voies qui conditionnent notre vie ; la première en tant que valeur déterminant la morale et la seconde en tant que l’expression du péché, voire la marque du démon. En réalité, ce n’est pas si simple !
La thématique que je voudrais évoquer aujourd’hui, c’est de savoir quelle est la meilleure voie ? D’aucuns sinon plusieurs, me diront qu’ils connaissent la meilleure voie, qu’ils cherchent à la prendre le plus tôt possible et lorsqu’ils ont l’impression d’avoir trop dévié, ils continuent leur chemin, se faisant la douce et tendre violence de s’enliser dans la facilité.
En réalité, ces deux éléments ne nous aident pas vraiment à savoir notre caractère d’être imparfait et nos églises et temples qui placent la barre très haute. A ceci, vient s’ajouter le manque réel de mécanisme pouvant nous pousser fortement et régulièrement à aller vers la voie du bien. En fait, ce mécanisme existe et nous pouvons l’utiliser et il est très facile à expérimenter ; c’est celui de l’apprentissage par l’exemple. On ne cessera jamais de le dire, qu’on apprend à l’enfant, à la personne qu’on veut éduquer par l’exemple !
Les esprits chagrins ou malins vont rétorquer : est-ce que l’exemple est gage de qualité, de réussite de telle façon qu’on puisse soutenir qu’il nous pousse vers le bien ? Il est vrai que ceux qui représentent le summum de la morale ont déjà soutenu « faites ce que je dis ; ne faites pas ce que je fais ». Est-ce du cynisme ? J’ose croire que c’est juste un aveu de faiblesse qui exprime l’impuissance de l’être humain qui, quel qu’il soit, manifeste son imperfection. Je comprends, mais je n’excuse pas car les parents, les enseignants et autres éducateurs ont le lourd fardeau qui consiste à montrer l’exemple. Comment réussir s’ils n’ont pas un socle ? Et pourtant, la Bible nous a prévenus dans Matthieu chap.18 V 2-3 : « Observez donc et faites tout ce qu’ils vous diront, mais ne faites pas ce qu’ils font, car ils disent ce qu’il faut faire et ne le font pas ».
En réalité, l’exemple en tant que repère contient les germes du bien : lorsqu’on examine la réaction des enfants vis-à-vis des parents, on se rend compte à quel point ils veulent ressembler, pour une large part, à leurs ascendants. Si la nature leur a donné les traits des parents, on est fier lorsque les gens vous le rappellent. Ainsi, la nature, elle-même, nous montre la voie à suivre. Vous serez étonné que les enfants prennent certaines de vos habitudes et attitudes culinaires, vestimentaires et morales. Mais alors, si les attitudes sont mauvaises et marquées par le sceau de la facilité, vous vous retrouvez avec des enfants paresseux, prompts à quelques larcins parce qu’ils vous voient recevoir à longueur de journée des gens que vous rançonnez, à qui vous mentez, que vous maltraitiez et piétinez ! Et pourtant, vous êtes le premier à leur crier dessus parce qu’ils ne travaillent pas à l’école ; à vous épancher largement sur vos qualités imaginaires mais vous oubliez vos mauvais exemples de cadre corrompu, de politicien véreux ou tout simplement de menuisier peu scrupuleux. Les enfants nous regardent, voire nous épient pour nous copier !
Ce que je voudrais soutenir dans cette chronique, c’est qu’il nous faut éduquer par l’exemple car s’il est possible qu’il ne soit pas nécessairement synonyme de bien, il est surtout synonyme d’humanité et de sincérité, voire de compétences. Nous sommes des êtres imparfaits et l’éducation par l’expérience manifeste cet état, de telle façon que celui qui apprend avec nous comprend qu’on peut trébucher, mais qu’il faut toujours se relever en mettant la balle toujours plus haute. On se comprend, on apprend aussi, on se dispute, on se réconcilie et donc, on avance en allant, « plus haut, toujours plus haut ». Le rôle de la théorie ne consistera alors qu’à systématiser ces exemples, ces expériences.
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe