L’espace Yanzo, siège de l’Ensemble artistique et culturel Towara-Bénin, a vibré le samedi 21 décembre 2024, au rythme des masques et traditions, à l’occasion de la soirée apothéose de la 15e édition du Festival des Rituels et Danses Masquées (FeRiDaMa). Devant une foule enthousiaste et conquise, les sociétés de masques ont offert un spectacle mémorable, mêlant mystère, histoire et émerveillement.
A 17 heures, l’arène s’est embrasée avec l’entrée spectaculaire des échassiers Kaletas de Godomey. Ces artistes perchés à plusieurs mètres de hauteur, ont exécuté des acrobaties captivantes et des démonstrations techniques qui ont tenu le public en haleine. Les cris d’admiration résonnaient tandis que petits et grands tentaient de suivre ces figures aériennes qui semblaient défier les lois de la gravité.
Puis, l’atmosphère a pris une tournure solennelle lorsque les Zangbétos de Lokokoukoumin ont fait leur apparition. Ces gardiens de la nuit, symboles emblématiques de la spiritualité endogène, ont fasciné l’audience avec leurs mouvements gracieux et leurs danses énigmatiques. Mais le clou du spectacle, tant attendu par les spectateurs, a été l’entrée triomphale du Kpakliyao, l’ancêtre des Zangbétos.
Rarement présenté au public, ce masque sans copie, sorti spécialement du couvent d’Avassa à Porto-Novo, a illuminé la soirée de sa présence. Tout ceci se déroule sous les regards des gardiens de la sauvegarde de ce patrimoine que sont les zangans et les hauts dignitaires de la congrégation du Kpakliyao venus de Porto-Novo. L’objectif de cette soirée culturelle est de rapprocher les communautés des sociétés de masques de la population, histoire de faire tomber les clichés pour éduquer à l’appropriation des valeurs culturelles.
« Le Kpakliyao est plus qu’un masque, c’est une mémoire vivante. Il symbolise l’ingéniosité et la résilience de nos ancêtres », explique Marcel Zounon, le directeur honoraire de l’Ensemble national et initiateur du FeRiDaMa. Connu pour son engagement à préserver et valoriser le patrimoine culturel béninois, Marcel Zounon, coutumier du fait, a déjà révélé au monde des masques légendaires comme le Gonouko et le Abikou lors des éditions précédentes du festival.
… un public composé de personnalités politiques et d’acteurs culturels
Le masque Kpakliyao, conçu à l’origine pour semer la peur et affirmer le pouvoir au temps des royaumes anciens, représente bien plus qu’une figure. « Le Kpakliyao, c’est la mémoire vivante de notre histoire. À travers lui, c’est tout un pan de notre identité culturelle qui s’exprime », confie Marcel Zounon avec passion.
En marge des exhibitions, cette édition 2024 a également offert un programme riche et instructif, avec un accent particulier sur la transmission des savoirs. Une conférence interactive sur le masque Kpakliyao a réuni universitaires et dignitaires de la communauté, le vendredi 20 décembre. Selon les conférenciers, il s’agit d’inspirer les jeunes, notamment les étudiants, à s’intéresser à ces trésors culturels qui regorgent d’histoires et de leçons pour notre société moderne.
Placé sous le patronage du ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané et soutenu par des personnalités locales comme Léopold Gbénou, conseiller au 13e arrondissement de Cotonou, le FeRiDaMa ne cesse de s’imposer comme une vitrine incontournable du patrimoine immatériel béninois. Cette 15e édition, qui s’est déroulée du 19 au 21 décembre 2024, a été marquée par des échanges riches, des réflexions profondes et des spectacles inoubliables.
À l’heure où le rideau tombe sur cette édition mémorable du festival, le public est reparti avec des souvenirs indélébiles et un sentiment d’appartenance renforcé. « Cette soirée m’a reconnectée à mes racines. Le FeRiDaMa est une véritable célébration de notre identité », a confié une jeune spectatrice émerveillée venue à la soirée avec ses deux enfants.
L’esprit du FeRiDaMa, c’est de célébrer les masques et les traditions tout en transmettant aux générations futures la richesse inestimable de l’héritage béninois. Une mission noble que Marcel Zounon et son équipe mènent avec passion et brio.
Edouard KATCHIKPE
