La phase expérimentale des classes culturelles est dans sa deuxième année de mise en œuvre dans 89 établissements publics retenus pour son implémentation. Après un an de mise en œuvre, voici le constat !
Les classes culturelles viennent de boucler une année d’expérimentation dans les 89 établissements publics retenus pour l’expérience. Les doigts posés sur les touches blanches du clavier, le duo enchaîne des mélodies devant l’encadreur de la salle A, visiblement satisfait des performances de ses élèves. Dans cette section, l’objectif est d’amener les apprenants à maîtriser les accords de base en piano suivant la portée inscrite au tableau. Même objectif pour l’encadreur de la salle B où se déroule l’apprentissage des instruments à vent. La Situation d’Apprentissage (SA) dédiée à l’étude des intervalles se déroule à merveille. C’est aussi le cas dans la salle D1 où les apprenants sont à l’étape d’échauffement en attendant de passer à la batterie. L’horloge indique qu’un quart d’heure nous sépare de 18 heures quand nous franchissons, dans cette soirée du vendredi 2 février 2024, la porte de la salle G1 destinée aux apprenants de la section en Arts Plastiques. C’est l’atelier qui réunit le plus grand nombre d’apprenants parce que les formateurs ont fait preuve d’imagination en vue de maintenir les apprenants. En effet, au début de chaque mois, des cadeaux composés de pots de peinture sont offerts aux élèves assidus et permanents au cours. Cette tradition est perpétuée dans cette section des classes culturelles du CEG ‘‘Sainte Rita’’ depuis le lancement officiel du programme, le 3 février 2023.
Prenons, à présent, la hauteur du bâtiment G. Ici au premier étage, ce sont les élèves de la section ‘‘Danse’’ qui sont en pleine exécution de la danse traditionnelle Gbonh. L’objectif de cet apprentissage, c’est d’amener les élèves à exécuter avec maîtrise la forme globale de ce rythme traditionnel du Bénin. Elève en classe de 5e, Marie-Annick Zodéhougan est dans sa deuxième année des classes culturelles. « La danse est une activité que j’aime beaucoup. Je suis venue ici parce que je voudrais apprendre un peu plus sur les danses de chez nous. Je voudrais apprendre à danser un peu plus », confie-t-elle avant d’inviter ses camarades à se joindre à elle dans les classes culturelles. Junior Misséfan de la première B1 du CEG ‘‘Sainte Rita’’ a une préférence pour l’art dramatique. C’est la raison de sa présence dans la section ‘’Théâtre’’ depuis l’année dernière. « Quand j’étais enfant, je voyais mes aînés pratiquer le théâtre dans les collèges et cela me plaisait beaucoup. Je me suis dit que moi aussi je le ferai un jour. A l’avènement des classes culturelles, je me suis inscrit en théâtre. Au début, c’était un peu difficile mais avec le temps, j’ai fait des progrès qui m’ont permis de tenir un rôle dans une pièce que nous avons jouée. C’était lors des journées culturelles de l’année passée devant le public scolaire », renseigne-t-il.
Des encadreurs relèvent une assiduité au niveau des apprenants
C’est dans une balade musicale sous une inspiration de la chanson ‘‘Malaïka’’ de Angélique Kidjo que l’encadreur de la section guitare a reçu la visite de Educ’Action. Une guitare sous les bras chacun, 4 apprenants appliquent les accords majeurs sur les instruments. L’atelier de ce soir est consacré à un exercice pratique sur la grille des accords avant l’accession aux morceaux des vedettes de musique. Magloire Ganwi, l’un des encadreurs de cette section ‘‘Guitare’’ affirme : « Les élèves ont pris l’initiative au sérieux à notre grande surprise. Ils viennent régulièrement au cours et sont assidus aux enseignements que nous dispensons. » Interrogé sur la pédagogie utilisée dans la transmission du savoir aux élèves dans les classes culturelles, Horacio Djagbessi, le délégué des encadreurs du CEG ‘‘Sainte Rita’’, informe : « Chez nous, ce sont des spécialités. La pratique occupe plus d’heure que la théorie. Il y a plus de pratique que de théorie. » Les classes culturelles, fait-il remarquer, éveillent la culture chez les enfants et leur permettent de s’épanouir dans tous les sens.
« Au lieu d’errer dans les rues, les enfants sont regroupés dans un cadre formel d’éducation que nous constituons et où ils apprennent à devenir des futurs artistes. C’est une manière de récupérer les enfants, de détecter leurs talents et d’entretenir le don en eux », précise-t-il pour attirer l’attention sur les bienfaits du programme des classes culturelles pour les apprenants qui y participent tous les mercredis de 16 heures à 19 heures et les vendredis de 17 heures à 19 heures. A l’endroit des parents ou apprenants qui pensent que les classes culturelles constituent une perte de temps, le délégué des encadreurs du CEG ‘‘Sainte Rita’’ rassure : « Je voudrais dire aux parents de laisser les enfants s’épanouir dans leur choix. Nous sommes des éducateurs et nous accompagnons les enfants pour leur émergence. Nous disons aux enfants que ce n’est pas parce qu’ils se sont inscrits dans une discipline des classes culturelles qu’ils vont baisser les bras au cours. Ils savent qu’ils doivent atteindre une certaine moyenne et la barre, c’est 14 dans les autres matières. » S’inscrivant dans un même ordre d’idée, Junior Misséfan de la première B1 du CEG ‘‘Sainte Rita’’ et apprenant de la section ‘‘Théâtre’’, révèle que ce sont les classes culturelles qui l’ont aidé à améliorer ses notes en français et surtout en Histoire-Géographie. Pour lui, les classes culturelles ne l’empêchent pas de suivre les cours. En termes de difficultés rencontrées dans les classes culturelles, Horacio Djagbessi renseigne : « Par rapport à l’effectif que nous gérons, nous manquons de matériels. »
Edouard KATCHIKPE