Du 16 au 21 septembre 2016 à ‘’ Le Centre’’, les œuvres de douze tisserands du Palais royal de Houégbadja ont été exposées au public. Autour du fil, tisserands, photographes et plasticiens ont réalisé l’exploit de la transformation du fil de coton, en pagne tissé à bande unique.
Du premier tisserand introduit en 1948 sous le règne du roi Agonglo au Palais royal de Houégbadja, le Bénin compte aujourd’hui plusieurs artisans spécialisés dans la transformation du fil de coton en pagne tissé. Comme l’enseignement ou le commerce, le tissage est un métier pour le tisserand. Dans sa vision de valoriser ce métier et de le rendre rentable, le projet « Atelier Africain du Design », coordonné par Martine Boucher de la France et Constant Adonon du Bénin avec le soutien de Wallonie Bruxelles International, a convergé dans le mois d’Août à Abomey, les compétences de 12 tisserands du Palais royal de Houégbadja à celles du plasticien Totché et des photographes Sophie Négrier, Dah Photography, Yanick Folly et Warren Sare. Motivés sur une nouvelle approche du tissage pour plus de compétitivité, les spécialistes de la transformation des fils de coton en pagne tissé étaient confrontés, dans le cadre de l’atelier du projet « Atelier Africain du Design », à un seul fil. L’idée, confie Martine Boucher, est d’amener les tisserands à concevoir un vêtement à partir d’une seule bande. Du tissage à deux, quatre, voire six mains, les tisserands ont confronté les connaissances afin d’évoluer vers de nouvelles créations qui ont été portées à la découverte du public du 16 au 21 septembre 2016 à ‘’Le Centre’’. Des chaises, des rideaux et des hamacs réalisés au pagne tissé, des vêtements sont confectionnés en chaine ou en trame avec de la filature de coton et teintés à l’indigo, à la mangue, au caïlcédrat, au polyester et même au Honsukwékwé. Designers, stylistes, photographes, artistes et tisserands ont fédéré les talents pour réaliser des œuvres qui sont appelées à investir de nouveaux marchés et de nouveaux cieux, les jours à venir. « Comme le médecin qui vit de son métier, l’artisan ne vit pas encore de son métier », déplore Constant Adonon. Les produits « Made In Benin », explique-t-il, sont confrontés au problème de la finition. « On ne retrouve la qualité ni dans la production, ni dans l’emballage. Donc, on végète dans un monde de médiocrité », a-t-il fait observer avant de se prononcer sur les bienfaits du projet pour les tisserands : « ce que nous faisons, c’est de ramener les artisans à réfléchir un peu plus sur leurs productions. C’est de les amener à parfaire leurs produits afin de mieux vendre chaque jour que Dieu fait ».
Edouard KATCHIKPE