En résidence de création depuis le 27 Juillet au Centre Arts et Cultures de Lobozounkpa, le trio de plasticiens Gratien Zossou, Jérémy Guillon et Edwige Aplogan sont en restitution de travaux depuis le samedi 20 Août 2016. C’est à travers une exposition collective dénommée « Entités » et qui s’achève le 15 septembre prochain.
Peintes sur du papier ciment de haute résistance, reposant sur de la moustiquaire enchâssée, les toiles de la plasticienne béninoise Edwige Aplogan en exposition collective ‘’Entités’’ au Centre Arts et Culture de Lobozounkpa fait l’éloge de la femme. La femme dans sa dimension maternelle, affectueuse, courageuse et combattante se dévoile aux visiteurs. Pour l’artiste, la femme est l’avenir de l’homme et la femme africaine, l’avenir de l’humanité. A travers ses peintures, l’ancienne étudiante en Droit Public de l’Université de Paris Val de Marne, qui aiguise depuis 20 ans ses pinceaux dans le domaine des arts plastiques, exprime à travers des représentations en forme humaine, ses émotions, affirmations et prises de position. Célèbre pour ses drapés monumentaux érigés sur des édifices historiques symboliques, la plasticienne dans une dimension réflexive et ouverte, parachève son exposition par un drapé du musée de la Récade. Membre de la section béninoise de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA), Edwige Aplogan fait partie de cette génération d’artistes internationaux dont le travail interroge le contexte social, l’enfance, la politique et les valeurs endogènes. En même temps, il construit un vocabulaire original et critique. Dans ses prises de position, la plasticienne s’est notamment engagée sur le conflit Israélo-palestinien ou encore l’Apartheid en Afrique du Sud. Sa démarche oscille entre l’actualité politique et les soubresauts qui agitent le monde contemporain. En France, en Suisse et au Portugal sur le continent européen, en passant par le Brésil pour l’Amérique du Sud et la Côte d’Ivoire et le Bénin en Afrique de l’Ouest ; les œuvres de Edwige sont exposées partout dans le monde. Deuxième artiste plasticien béninois associé à cette exposition, Gratien Zossou. Il est venu préserver à travers ses œuvres, la mémoire des territoires lacustres de son pays. A travers les six toiles en exposition, l’artiste qui considère ses peintures comme des poèmes visuels, rend un vibrant hommage à la Venise de l’Afrique, la cité lacustre de Ganvié. Saisissant les nuances de couleurs, de lumière et les reflets de l’eau, les toiles de Gratien Zossou aspirent à préserver la mémoire de ces espaces avant qu’ils ne soient envahis un jour, de bâtiments pouvant altérer la beauté de ces lieux. Poète, chanteur, comédien et peintre font de l’homme un artiste aux multiples facettes qui a parcouru la Russie, le Nigéria, le Togo et la France. « Prisonnier d’opinion », l’une de ses toiles en exposition est extraite de son médium de prédilection qu’est la peinture. « Chacun d’entre nous est un prisonnier d’opinion », pense l’artiste interrogé sur l’histoire de cette œuvre. D’origine française, Jérémy Guillon, le troisième mousquetaire des ‘’Entités’’ utilise l’acrylique, le brou de noix ou encore l’encre de Chine dans ses toiles de peinture. Sa technique préférée est l’improvisation. En prélude au vernissage de l’exposition le samedi 20 Août 2016, les trois artistes contemporains ont échangé avec le public sur leur parcours. A l’espace scénique du Centre Arts et Cultures de Lobozounkpa, la vie et les techniques de travail de Jérémy, Edwige et Gratien ont été revisitées. Exposition collective, mais non thématique, le titre « Entités », souligne la singularité des artistes exposés. Chacun constituant une entité distincte et dans un même mouvement, une entité commune révélée par les œuvres collectives rythmiques. « Entités », est la réunion de trois générations d’artistes aux parcours différents et aux univers parfois lointains. A la lecture de cette exposition, pas de parcours ou de propos clairement définis mais des univers et des subjectivités qui, selon la sensibilité des visiteurs, orientent la perception de cette déambulation.
Edouard KATCHIKPE