Trois ans après Abuja, les promesses faites au nom de la jeunesse, de la recherche et de l’innovation sont de retour sur la table. A Cotonou, lors de la 2ᵉ édition du Forum Africain pour la Recherche et l’Innovation (FARI), les ministres chargés de l’enseignement supérieur et de la recherche des pays membres de la CEDEAO ont dû répondre à une question simple, mais lourde de conséquences : « Qu’avez-vous fait des engagements pris ? »
Ils sont arrivés à Cotonou le verbe haut et la posture assurée. Mais très vite, la 4ᵉ journée du FARI 2025 a viré à l’exercice d’évaluation. Au pupitre, un à un, les ministres de l’Enseignement supérieur et de la Recherche des États membres de la CEDEAO ont dû affronter une question redoutablement simple : depuis Abuja 2022, qu’avez-vous concrètement fait pour financer la recherche et soutenir l’innovation ?
Chacun s’est défendu comme il a pu. Certains ont affiché des résultats tangibles comme des budgets en hausse, de nouveaux incubateurs, ou encore des programmes de bourses pour jeunes innovateurs. D’autres ont essayé d’avouer, de façon voilée, que sur le terrain, les engagements peinent encore à se traduire en actions concrètes. On aurait dit une séance de reddition de comptes, un face-à-face entre ministres et journalistes scientifiques.
La commissaire du département du développement humain et affaires sociales de la CEDEAO, Fatou Sow Sarr, interpellée sur les mesures prises pour éviter la non-application des recommandations s’est vu rassurante : « Des efforts ont été faits, mais certains leviers restent à activer. Un mécanisme de suivi sera mis en place. »
Une promesse parmi tant d’autres, diraient les sceptiques. Mais celle-ci, nuance-t-elle, sera « mise à l’épreuve dès la prochaine édition du FARI ». Une manière de dire que l’ardoise ne sera plus éternellement effacée à chaque rencontre.
Un livre d’or pour graver les engagements
Peut-être en réponse à la volatilité des déclarations politiques, les organisateurs ont anticipé en prenant des garde-fous. Cette année, pas de sortie de salle rapide après les applaudissements. Les ministres ont été invités à signer un livre d’or. Pas un simple geste protocolaire, mais un acte symbolique fort. En apposant leur signature, ils s’engagent, devant témoins, à appliquer les recommandations adoptées.
Et elles sont nombreuses. A Cotonou, de nouvelles recommandations sont venues s’ajouter à celles d’Abuja. Les jeunes de la région réclament des réseaux de mentors, des pôles d’innovation accessibles, des financements concrets et des programmes d’inclusion. Leurs demandes ont été entendues. Reste à savoir si elles seront respectées.
Ce FARI 2025 aura donc eu le mérite de rompre avec les déclarations sans lendemain. Il a fait place à une exigence de redevabilité, même si cela reste encore fragile. Les engagements sont maintenant signés et consignés.
Rendez-vous à la prochaine édition, en 2027 à Accra, au Ghana. Cette fois, les projecteurs ne seront pas seulement tournés vers les jeunes, mais ils vont éclairer aussi les promesses tenues ou trahies.
Edouard KATCHIKPE