Il est le résultat d’une vingtaine d’années de recherches scientifiques axées sur les tendances musicales béninoises. Il est aussi le ‘‘réceptacle’’ d’une importante collection d’instruments de musique. Le musée de la Musique du Bénin, nous l’avons découvert à Parakou dans l’enceinte de l’Institut Régional Supérieur des Beaux Arts et de la Communication (IRSBAC), sis au ‘‘Nouveau quartier’’, 3ème arrondissement. Nous y avons fait un tour.
C’est un établissement muséal thématique que nous avons découvert dans la ville, chef lieu du département du Borgou. Ce musée conserve des instruments de musique du Bénin. Toutes les régions du pays y sont bien représentées. Il allie sauvegarde d’instruments de musique sacrée, ceux de musique funéraire et enfin les instruments pour la musique festive. Dans une visite guidée, avec au contrôle Isidore Akakpo, ancien étudiant de l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA), aujourd’hui en service dans ce musée, nous avons parcouru les trois zones : sacrée, funéraire et festive.
Un cours d’histoire sur les musiques béninoises …
La visite a démarré par la zone des objets de musique sacrée. Deux tambours nous accueillent à l’entrée. Il s’agit de deux instruments du milieu nago, lesquels sont utilisés pour la divinité « Nannan Samba » dont les adeptes sont appelés les « nênê ». Ensuite, le Kororu, un objet bariba qui est, selon les propos du guide, en voie de disparition. C’est pourquoi le promoteur du musée, le docteur Julien Atchadé l’a soigneusement mis dans un cadre vitré. Pour le jouer, il faut être d’abord initié, précise Isidore Akakpo. Juste à côté du kororu, il y a le tchakka du milieu tchaabè qui est un objet des chasseurs. Ils l’utilisent quand ils éprouvent de difficultés à ramener leur gibier à la maison. Non loin du tchakka, il y a le baratou, un tambour formé de calebasse et de peau d’animaux. Il sert à annoncer le décès d’un souverain et est propre à la région de Tchaourou. Le tam-tam qui suit est celui utilisé pour la divinité Oro. Le bois qui a servi à sa fabrication est peint en noir avec sept cauris au milieu. Le tambour Oro existe sous trois formes, à en croire le guide Akakpo. Le petit, le moyen et le grand. Comme objet sacré, nous avons la longue trompette qu’on joue à la sortie du roi, des castagnettes appelées Sinsinnou. Dans la zone des objets funéraires, on note, entre autres, des tambours, le gota du département des Collines et le fayenfa, une longue flûte. On utilise chacun de ces instruments pour annoncer la mort d’un proche, d’un roi ou d’un haut dignitaire. Toujours dans cette zone, le deuxième cadre vitré. En son sein, le wanrou qui permet de faire l’éloge, de chanter les litanies d’un disparu. A côté, le gnangbé, un petit tambour en forme ovale comme le gangan qu’on joue derrière un roi bariba quand il sort. Au milieu du musée, le satô du département du Mono. Deux géants tam-tams que seuls les orphelins jouent. Il y a le mal, pour les hommes et la femelle pour les femmes. Enfin, la zone des instruments de musique festive. Le premier est le gangan. Un instrument yoruba avec de clochettes autour. Il est utilisé dans les cérémonies de mariage, de baptême. A Porto-Novo, c’est le chanteur Ricos’Campos qui en fait la promotion. Ensuite, la guimbarde utilisée lors des veillés de conte. Le goumbé est aussi conservé dans ce musée. C’est un instrument du département des Collines qu’on joue simultanément avec un pied et les mains. Dans le cadre vitré de cette zone, on a le Kénou, objet festif qu’on joue uniquement au champ. Il est formé de quatre bois de différentes espèces. Enfin, un appareil de disques 45 et 33 tours. Il y est déposé, à en croire le promoteur, pour marquer l’évolution du monde musical. La particularité de ce musée est que chaque instrument est accompagné d’un élément audiovisuel qui permet aux visiteurs d’appréhender plus amplement les explications du guide. A cet effet, le promoteur y a installé trois télévisions accompagnées de DvD.
Au-delà de l’exposition …
Le Musée de la Musique du Bénin, au-delà de l’exposition, travaille pour l’interaction entre les musiciens. Pour ce faire, il organise, notamment au profit de la jeune génération, des rencontres professionnelles. Mais tout cela sans l’appui de l’Etat puisque le centre est privé. « L’Etat, à travers la direction du patrimoine, sait qu’il y a un musée de la musique. Ça s’arrête là. Quand les cadres du ministère viennent ici, c’est pour nous demander de payer des taxes. J’ai dû, une fois, élever le ton sur un cadre du ministère pour exprimer ma déception », regrette le promoteur de ce bien patrimonial. Le musée de la musique, malgré ses atouts, enregistre un faible taux de visiteurs. « Les quelques rares touristes que nous recevons sont des enseignants, des chercheurs qui viennent surtout de l’étranger », précise le docteur Julien Atchadé. Il est nécessaire de souligner que le Musée de la musique est officiellement ouvert en 2010. Six ans déjà qu’il existe.
Esckil AGBO