«Interdiction d’accès aux ONG dans les prisons en période de Covid-19 : les ONG s’inquiètent pour les mineurs en conflits avec la loi ». Ainsi s’intitule le 5ème thème de la série de six à réaliser par les organisations de la société civile, dans le cadre du projet d’Appui au plaidoyer des organisations de la société civile pour la protection des enfants au Bénin.
Dans le but d’éradiquer le mal du siècle qu’est le coronavirus, l’Etat béninois a interdit l’accès à toutes personnes étrangères, en l’occurrence les Organisations Non Gouvernementales dans les prisons. Pour comprendre les raisons de cette interdiction, il est revenu à Erick Martial Hacheme, spécialiste des droits de l’homme en exercice à la direction des droits humains et de l’enfance du Ministère de la justice, d’apporter des éléments de réponse qui, selon lui, pourraient justifier la décision de l’Etat.
De l’article 40 de la Convention relative aux droits de l’enfant passant par l’article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques et socioculturels pour échouer sur les règles internationales en matière de traitement des détenus, l’homme de droit a démontré que tout ce qui concerne la santé de l’enfant est une obligation pour l’Etat, qui se doit d’établir des conditions pour leur bien-être physique et mental. Il explique, par ailleurs, que les espaces dédiés aux activités des ONGs dans les prisons ne sont pas grands pour faciliter le respect des exigences liées à la covid-19, d’où cette interdiction pour les ONGs. De même, renseigne-t-il, les dispositions ont été prises par l’Etat en l’absence des ONGs pour le bien des enfants.
Tout en reconnaissant que les ONG étaient autrefois autorisées à aller dans les prisons après avoir fourni un certain nombre de dossiers, Philibert Tossou, membre de l’Association Chrétienne pour l’Abolition de la Torture (ACAT-Bénin), n’accueille cependant pas bien la nouvelle décision de l’Etat. « L’activité des ONG dans les prisons n’est pas à négliger parce que cela apporte beaucoup pour les détenus, en particulier les enfants parce que le milieu carcéral est un milieu difficile vu les conditions de détention », a-t-il martelé avant de faire observer que l’Etat aurait pu instituer un dialogue avec les ONGs sur les modalités de la gestion de cette période. « Nous voudrions que l’Etat et l’agence pénitentiaire nous associent pour discuter et voir dans quelle mesure on pourrait nous permettre de nous rendre dans les prisons quelles que soient les conditions qui seront posées », plaide-t-il.
Pour rappel, cette conférence est mise initiée par l’ONG Enfants Solidaires d’Afrique et du Monde (ESAM) avec l’appui technique et financier de l’Unicef.
Estelle DJIGRI