Gestion des troubles du comportement dans les écoles : Les enseignants appelés à renforcer leurs capacités professionnelles en psychopédagogie

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Des apprenants des écoles primaires, qu’elles soient publiques ou privées, présentent des troubles du comportement en pleine activité pédagogique ou en dehors du cadre scolaire. Face à ces comportements, certains enseignants pour défaut ou insuffisance de formation en psychopédagogie, peinent à résoudre certains cas pendant que d’autres, sortis des Ecoles Normales d’Instituteurs, semblent efficacement apporter la réponse à cette maladie peu ordinaire observée chez certains écoliers. Pour voir à quoi se résume la gestion de ces troubles du comportement, en comprendre les causes, manifestations et traitement, Educ’Action a fait le tour de quelques écoles primaires. Et voici son constat !

«Il a fallu que je sorte pour que tu animes la classe alors que j’ai donné des exercices. Pourquoi tu perturbes ta camarade alors que je vous ai donné des exercices ? », lance un maître à son écolier Enock qui répond : « J’étais un peu fatigué et je voulais m’amuser un peu ». Et au maître de répliquer : « Et c’est à ce moment du travail que tu dois faire ça ? ». C’est un pan des échanges surpris en pleine situation de classe à l’EPP Gbégamey entre le maître et son écolier. Présente sur les lieux, l’équipe de reportage de Educ’Action, saisie par les échanges, a cherché à comprendre le comportement de l’apprenant. « C’est un jeune garçon intelligent. Je ne lui connais pas d’habitude ce comportement. Et donc, j’ai le devoir de me rapprocher de lui à la fin du cours pour lui demander ce qui ne va pas », déclare l’instituteur Gildas Guidjimè, visiblement surpris du comportement de son écolier. « Je lui ai demandé les raisons de sa réaction au moment où ses camarades faisaient leurs exercices. Il me fait comprendre qu’il n’avait pas bien dormi la nuit. Et c’est pour lutter contre le sommeil lié à la fatigue qu’il s’érige en perturbateur de classe lors des activités pédagogiques », renseigne Gildas Guidjimè, abordant les causes à l’origine de ces réactions peu ordinaires chez les apprenants. En effet, au cours de l’année scolaire, les directeurs et enseignants sont confrontés à des apprenants qui présentent sciemment ou inconsciemment des troubles de comportement. Ce qui, pour certains, constitue une équation à résoudre et pour d’autres, une passionnante activité de tous les jours. Il parait indispensable de mettre à niveau par des sessions de formation psychopédagogiques, les enseignants n’ayant pas eu la chance d’être formés dans les mêmes conditions que ceux qui sont sortis des ENI pour une prompte gestion des réactions psychologiques que présentent certains apprenants dans la quête de l’acquisition du savoir.

De la genèse à l’introduction de la psychopédagogie dans les curricula de formation des enseignants …

« La psychopédagogie est une discipline scientifique qui aujourd’hui est perçue sous le vocable science de l’éducation. A une période de l’histoire de cette science, elle a porté le nom de science psychopédagogique parce que pendant longtemps, la psychologie a été l’une des disciplines les plus importantes qui se veut scientifique sur la pédagogie. Avec le temps, il s’est avéré que la psychologie à elle seule ne pouvait plus résoudre toutes les questions en lien avec la pédagogie. Donc, on a d’abord donné le nom de la science de l’éducation, qui, ensuite, s’est mué en ‘’sciences de l’éducation’’ », éclaire Patrick Houessou, enseignant et maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université d’Abomey-Calavi pour établir le lien entre la psychologie et la pédagogie. Pour Eve Falana, directrice de l’école urbaine centre groupe A, la psychopédagogie est : « la science et la méthode biologique appliquées à l’étude psychique. Ça s’adresse surtout aux petits enfants que nous prenons en charge dès le CI. Ces enfants-là venus fraîchement de la maison, sont confrontés à beaucoup de problèmes psychiques ». Parlant de l’importance de la psychopédagogie, elle poursuit qu’elle occupe la première place à l’école primaire en ce sens que l’enseignant qui n’a pas fait la psychopédagogie ne peut pas agir sur les nouveaux écoliers. Approchée, Christine Afiavi, institutrice dans la même école, affirme à son tour que « la psychopédagogie est une science qui étudie la psychologie des enfants afin de savoir comment agir face à chaque apprenant ». Pour Patrick Houessou, enseignant et maître de conférences des sciences de l’éducation, c’est « une nécessité pour chaque enseignant d’avoir des connaissances en psychopédagogie que sont, entre autres, la sociologie, la philosophie de l’éducation, la psychologie du développement pour mieux appréhender leurs relations pédagogiques avec l’enfant ». Force est de constater que nombre de nos enseignants n’ont pas cette connaissance et présentent des défaillances face aux troubles du comportement chez leurs apprenants.

La psychopédagogie, la bête noire des enseignants formés sur le tas …

Enseignement comme tremplin pour contourner le chômage ambiant, bien de jeunes non préparés y vont sans une formation conséquente. « Dans un pays sérieux, on ne devient pas enseignant par ‘’dilettantisme’’. On ne le devient pas en attendant de trouver un boulot ailleurs. On devient enseignant parce qu’on a été déjà formé pour. Autrement, la réaction de ces enseignants sans formation serait déplacée », note Patrick Houessou qui invite les jeunes désireux de faire carrière dans l’enseignement à y aller par vocation avant de poursuivre : « l’enseignement étant de l’art, il y a des personnes qui n’ont pas besoin de se faire former pour savoir ce qu’il faut faire, comment gérer les enfants. Mais lorsqu’on se fait former à un art, on est encore plus compétent ». Différents troubles du comportement s’observent chez les écoliers. Les instituteurs quotidiennement en contact avec leurs apprenants en parlent…

Des principaux troubles du comportement constatés chez les apprenants …

Les troubles du comportement que présentent souvent des apprenants varient d’un apprenant à un autre et d’une école à une autre. Approché pour en connaître davantage, Roméo Sessou, instituteur à l’EPP Cadjehoun déclare : « nous sommes confrontés à des apprenants qui ne s’expriment que dans les langues vernaculaires sachant bien que c’est proscrit. D’autres sont inscrits précocement, c’est-à-dire n’ont pas l’âge requis et commencent la classe. Pendant que certains refusent impérativement de faire les exercices donnés ». Il souligne par ailleurs qu’il n’y a pas une réaction standard face aux troubles du comportement chez les enfants. Parlant des différents troubles chez les enfants, Patrick Houessou en énumère quelques-uns. Il s’agit notamment « des troubles de la parole liés à des maladies neurologiques, les troubles de l’attention liés à la naissance de l’enfant avec agitation qui peuvent être accompagnés d’activité ou d’hyper activité. Ces enfants ont du mal à se concentrer. Des enfants qui naissent en prison parce que leurs mères sont prisonnières, accouchent là et donc, ils présentent des troubles du comportement ». Cependant, l’enseignant-chercheur n’a pas manqué de préciser qu’ « il y a des troubles du comportement qui peuvent être créés par les enseignants si ces derniers ont la colère facile ».

Des messages à l’endroit des enseignants formés sur le tas

Point n’est besoin de rappeler que de nouveaux enseignants ont été recrutés pour pallier le déficit du personnel d’encadrement dans nos centres pédagogiques. Initialement qualifiés pour être utiles dans d’autres secteurs, ceux-ci se retrouvent aujourd’hui par la force des choses dans l’enseignement. Il est donc à souhaiter qu’ils complètent leur formation de base par l’acquisition du savoir en psychopédagogie. Ceci, dans la perspective de gérer d’éventuels troubles chez les enfants. « Rares sont ces enseignants qui s’intéressent à la formation en psychopédagogie dans les unités pédagogiques. Ils croient faire du mal aux directeurs. Donc, je les invite à s’intéresser à la chose », suggère Eve Falana, directrice de l’école urbaine centre du groupe A. Propos partagés par Christine Afiavi, institutrice dans la même école qui, à son tour, témoigne : « Il est important à l’enseignant d’acquérir des connaissances en psychopédagogie pour le bon déroulement des activités pédagogiques. Sans la formation que j’ai suivie, je n’aurais pas été capable de gérer en situation de classe certains troubles liés aux enfants ». Quant à Roméo Sessou, il exhorte les stagiaires des Ecoles Normales d’Instituteurs à recourir à leurs supérieurs hiérarchiques en cas de troubles du comportement qui les dépassent. Par ailleurs, il précise que « ces troubles du comportement retardent les activités pédagogiques ».

Enock GUIDJIME

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