Les préparatifs de la sixième édition du forum régional « Notre Futur – Dialogue Afrique Europe » vont bon train. En prélude à ce forum prévu du 6 au 8 juin 2024 au Palais des Congrès de Cotonou, une équipe de Notre Futur a entamé une tournée dans les universités publiques du Bénin pour échanger avec les étudiants sur le thème : ‹‹ Le Français pour quoi faire ? ››. Godline Agbidinoukoun, membre de l’équipe éditoriale de Notre Futur et ancienne présidente de la Fédération Nationale des Étudiants du Bénin (FNEB), a accordé une interview à Educ’Action. Lisez plutôt !
Educ’Action : Qu’est-ce qui a suscité la création du forum « Notre Futur – Dialogue Afrique Europe » ?
Godline Agbidinoukoun : C’est à l’issue du sommet de Montpellier en 2021 qu’il a été décidé de créer un cadre de discussion permanent entre l’Europe et l’Afrique. Ce cadre est destiné à gérer les relations entre les jeunesses africaines et européennes. Ainsi, pour concrétiser cette idée issue du sommet, le forum « Notre Futur » a été initié. Depuis 2022, il fait son bonhomme de chemin dans les États africains, de l’Afrique du Sud à Maurice, en passant par l’Algérie et le Cameroun. Le mois dernier, c’était en Côte d’Ivoire et le mois prochain en juin, ce sera le tour du Bénin.
Quels sont les objectifs du forum ?
Il importe aujourd’hui et il est temps de revoir les relations Afrique-Europe. C’est déjà bien qu’on parle d’Afrique-Europe, car auparavant, nous parlions de Françafrique. Il faut pouvoir traiter d’égal à égal, de Continent à Continent. C’est déjà un premier pas. Ce n’est pas dans une radicalisation qu’on y parviendra, mais dans un cadre de discussion et de concertation pour trouver le juste milieu et revoir le contrat social qui relie l’Afrique à l’Europe. C’est principalement l’objectif de ce forum.
Pensez-vous avoir atteint l’objectif visé par l’activité déroulée à l’Université de Parakou ?
À 1000% ! Je le dis ainsi parce que j’ai vu des étudiants très impliqués. Cela signifie que la question est d’actualité, qu’elle intéresse et qu’elle passionne. Ils ont des choses à dire. Nous les avons écoutés, et le temps a d’ailleurs manqué, mais l’essentiel est que nous avons recueilli leurs avis. Nous avons eu plus de deux heures d’échanges, et pour nous, cela a été très satisfaisant.
Pensez-vous que ces trois jours de discussion du forum vont permettre de corriger la relation entre l’Europe et l’Afrique ?
Bien sûr ! Car ce sommet à Cotonou est un marchepied vers le sommet de la Francophonie en octobre 2024, qui réunira les chefs d’État. Tout ce qui sortira de ce sommet sera consigné et présenté au sommet de la Francophonie en octobre 2024. Cela ne tombera certainement pas dans les oreilles de sourds, mais dans celles de tous les chefs d’État de l’espace francophone, tant africain qu’européen.
Les préparatifs du forum vont-ils bon train ?
Les préparatifs du forum vont bon train. Il y a beaucoup de pressions mais nous tenons le coup. Nous sommes à deux semaines du forum et nous espérons que les fleurs porteront les fruits escomptés.
Quel message avez-vous pour la jeunesse ?
Ce que je dirai à la jeunesse africaine, c’est que personne ne le fera pour nous. Quand on parle de Notre Futur, de quel futur parlons-nous ? Nous connaissons notre passé, un passé triste et chaotique. Le présent, nous le voyons. Quel est le futur ? Comment l’envisageons-nous ? Il va falloir à un moment que nous retroussions nos manches et que nous arrêtions de nous victimiser. Sinon, nous continuerons à nous plaindre. Dans les siècles à venir, nous et nos enfants subirons encore. Il est temps qu’il y ait une prise de conscience, un éveil, et que nous comprenions que si nous ne le faisons pas, personne ne le fera pour nous. Il faut véritablement prendre part à ce genre de tribune, donner nos points de vue. Je pense que quelque chose se fera avec l’élan dans lequel nous sommes.
Propos recueillis par Jean-Luc EZIN