Les grossesses dans les établissements du Bénin et les violences sexuelles faites aux filles à l’école continuent de prendre des proportions inquiétantes, en dépit des nombreux efforts consentis par l’ensemble des acteurs du système éducatif. On dénombre, chaque année, une moyenne de 2.000 grossesses avec une dizaine d’enseignants en prison pour harcèlement sexuel, viol ou tentative d’avortement sur élève. Grossesses en milieu scolaire, statistiques, révélations, témoignages inédits, commentaires et analyses, c’est dans les lignes à suivre, à travers ce dossier exclusif réalisé par la rédaction de votre journal Educ’Action.
«La première fois, c’était après une séance de sensibilisation sur le Vih/Sida, qui a eu lieu dans notre classe l’année scolaire écoulée. Nous étions tous en classe de 5ème. Ce soir-là, il m’avait demandé de venir chez lui et quand j’y suis allée, il a porté le préservatif et m’a demandé de me déshabiller, car disait- il, ‘’je veux que nous testions ce qu’on nous a expliqué aujourd’hui sur le préservatif à l’école’’, puis il s’est jeté sur moi… », ainsi s’exprimait Hermès, une fille de 15 ans déflorée par son ami Ezéchiel, tous deux élèves au Collège d’enseignement général (Ceg) de Zagnanado dans la commune d’Abomey. Des faits rapportés par nos confrères de l’Evènement précis dans leur parution du 22 novembre 2013. Ce témoignage pour le moins écœurant de la petite Hermès, qui a d’ailleurs été contrainte par son père Thierry AHOUANDJINOU, à continuer les cours malgré le regard insultant de ses camarades, donne à la fois, le ton et la couleur du phénomène devenu alarmant dans les établissements du Bénin. Selon les statistiques reçues au Ministère de l’enseignement secondaire, dans les départements de l’Ouémé et du Plateau, le point des grossesses se présente comme suit : 106 cas déclarés pour l’année scolaire 2011-2012 et 337 pour l’année 2012-2013, dont 89 cas pour les élèves de la 3ème, 76 pour la 4ème, 37 pour la 5ème et 31 pour la 6ème.
Pour Sadia ADEBIYI ADAM, conseiller technique à la promotion de la scolarité et du genre au MESFTPRIJ, les collèges de la commune de Tchaourou seulement, ont enregistré 465 cas de grossesses au cours de l’année scolaire 2012-2013. Sur le terrain, Educ’Action a pu constater au CEG Akpakpa-Centre, avec les statistiques fournies par la Surveillante Générale Valérie FIOSSI EZIN, vingt-deux (22) pour l’année 2012-2013 dont quatre (04) cas en 6ème, deux (02) en 4ème, sept (07) en 3ème, en Seconde AB2 trois (03) cas et en Terminale six (06) cas. Cette année scolaire 2013-2014, à peine le premier trimestre en voie d’achèvement que s’enregistrent déjà des cas de grossesses. Plus de quatre (04) cas ont été déjà notés dans les classes de 4ème, 3ème et 1ère. au CEG Akpakpa-Centre. Au CEG Dantokpa, il y a eu deux (02) cas l’année dernière et un cas d’une fille en Terminale, cette année, enceintée par un étudiant en 3ème année de géographie à l’UAC. Le CEG Godomey, l’un des plus grands établissements secondaires publics en terme d’effectif, dans le département de l’Atlantique, n’est pas exempt des cas de grossesses précoces. Nicole SAMSON ALAHASSA, Directrice dudit établissement, a sereinement évoqué une moyenne de dix-huit (18) grossesses par an. Les élèves filles des classes de 6ème, 5ème, 4ème et 3ème en seraient les plus exposées, et c’est surtout pendant les périodes de grève que le phénomène se développerait plus. « Ces élèves filles en état de grossesse viennent avec leurs ventres au collège et c’est même mieux. Si c’était autrefois, c’est des avortements clandestins qui surviennent. Aujourd’hui, on leur permet de suivre les cours », a-t-elle expliqué. « Sur ces 18 élèves filles en état de grossesse dénombrées, plus de la majorité arrive quand même à poursuivre la scolarité », ajoute-t-elle. Au CEG Ste Rita, les chiffres sont moins éloquents. Selon Jean TOTTIN, Directeur, il y a eu cette année deux (02) filles qui ont déjà accouché et qui ont repris les cours normalement. Une en Terminale, et l’autre en 3ème. Aussi le Directeur a-t-il souligné le nombre d’abandon de jeunes filles qui s’élève à vingt-un (21) pour l’année 2012-2013. « Il pourrait y avoir des cas de grossesses », a-t-il observé. Au CEG du Lac où Jean TOTTIN était précédemment Directeur, la situation était un peu plus différente. « Là-bas, c’est une zone démunie où les filles très pauvres voguaient. La situation y était plus criarde », a déclaré à Educ’Action le Directeur Jean TOTTIN.
Au Collège d’enseignement général de Gbégamey, un établissement réputé de Cotonou, deux filles, une de la 5ème et une autre en Terminale portent actuellement des grossesses et suivent normalement les cours conformément aux dispositions. Pour Pépin Joseph SIMEON, professeur certifié d’Histoire-Géographie, Directeur de ce temple du savoir, « il y a souvent trois (03) élèves grosses chaque année à Gbégamey. Mais attention ! ça, c’est le nombre de celles qui avouent. Il y a des cas où les filles abandonnent et c’est bien après que vous apprenez qu’elles ont conçu. » Et pour renchérir ses propos, l’année scolaire 2012-2013 a connu vingt-huit (28) cas d’abandon de jeunes filles dans ce CEG.
Si au niveau du primaire, les cas de grossesses sont quasi inexistants, le taux d’abandon est assez révélateur des mobiles de ces départs injustifiés du système scolaire. Selon les statistiques de l’INSAE en 2011, le taux d’abandon au primaire est de 15, 31% sur l’ensemble du territoire national.
Dans les départements de l’Atacora et du Borgou, plus de 1.500 apprenantes ont contracté une grossesse sur la triennale 2010-2013.
Pour Sadia ADEBIYI ADAM, conseiller technique à la promotion de la scolarité et du genre au MESFTPRIJ, au cours de l’année scolaire 2012-2013, le Bénin avait enregistré environ 2.000 cas de grossesses dans tous les collèges publics du Bénin, un chiffre qui constitue la moyenne générale annuelle de ce phénomène.
S’il est vrai que la grossesse est toujours le résultat d’une relation bilatérale, on est en droit de se demander qui sont souvent les auteurs de ces actes en milieu scolaire.
Qui sont-ils, les géniteurs en milieu scolaire ?
« Celui qui m’a fait çà, c’est le vitrier qui est au coin de la rue où je passe pour aller à la maison », a confié à Educ’Action, une fille en classe de 6ème actuellement enceinte au CEG Akpakpa-Centre de Cotonou. Au nombre des auteurs des vingt-deux grossesses de ce CEG, figurent des cuisiniers, des vitriers, des chauffeurs, des soudeurs et vulcanisateurs, des gens ayant de petits revenus pouvant leur permettre peut-être d’offrir à leurs victimes (élèves filles) des cadeaux tels que les portables, les tissus, les montres … Interrogée sur les mobiles de son choix, une des élèves enceintes dans cet établissement a confié : « Celui qui m’a enceinté, me donne 200 Francs, 500 Francs ou parfois 1.000 Francs par semaine… » ; une réponse confirmée par la Surveillante Générale du CEG Akpakpa-Centre Irène GOGAN OKAMBAWA, qui se désole en ces termes : « La mère ou le père n’ayant rien laissé à la maison pour sa pitance journalière, la fille se tourne vers ce milieu d’ouvrier au revenu précaire pour se laisser faire afin de survivre et de suivre les cours ». Le conseiller technique à la promotion de la scolarité et du genre au MESFTPRIJ indexe aussi bien les acteurs du système éducatif que beaucoup d’autres acteurs hors du système. « Des zémidjans par exemple, des meuniers, des vendeurs de cassettes. Le meunier par exemple, lorsque la fille n’a rien à manger, elle se livre pour pouvoir trouver son pain quotidien. Le zémidjan, en assurant le transport des filles, devient rapidement le copain, le confident puis le mari » a-t-elle expliqué.
Evoquant les plausibles mobiles de ces grossesses précoces chez les élèves filles en milieu scolaire, Nicole SAMSON ALAHASSA, Directrice du CEG Godomey, indexe l’épineuse question du harcèlement sexuel. « Le harcèlement sexuel existe bel et bien et ce n’est pas à sens unique », a-t-elle lancé, très sereine. « Dans le milieu scolaire, on a de ces jeunes filles qui parviennent à séduire les professeurs. Certains professeurs succombent assez rapidement. Dans l’autre versant, il y a aussi de jeunes professeurs qui harcèlent nos élèves filles », a-t-elle témoigné. Selon elle, celles qui résistent à la tentation s’en sortent, hélas, en perdant des plumes. « Celles qui n’en peuvent pas ou qui se plaisent à la pratique contractent à la fin, des grossesses non désirées avec tous les risques possibles », a-t-elle lâché.
Consciente du fait, la directrice du CEG Godomey, elle-même victime du harcèlement sexuel alors qu’elle était élève, a sa stratégie pour prévenir le mal. « Moi, pour mes conseils de rentrée, j’interdis formellement aux professeurs de harceler mes élèves filles que j’appelle mes ‘’bébés roses’’. Je ne veux pas qu’on touche à mes ‘’bébés roses’’ pour gâter leur scolarité », dit-elle.
Elle s’indigne de l’ampleur du phénomène à nos jours dans le milieu scolaire, interpellant la conscience des enseignants et autres encadreurs. « Ces jeunes filles que vous harcelez et par finir engrossez, peuvent bien être vos filles, vos enfants. Vous devez vous mettre à la place des parents de ces filles-là. »
Pour Pépin Joseph SIMEON, Directeur du CEG Gbégamey, le harcèlement est une triste réalité dans les établissements du Bénin. « Certaines filles éprouvent même du plaisir à dire à leurs copines, le prof là, c’est mon ami. Il m’a même envoyé un sms et elles s’échangent. On essaie de sensibiliser les filles. Avant, lorsqu’il vous est donné de voir les cuisses d’une jeune fille ou ses seins, c’est que vous avez réussi. Vous êtes suffisamment avancé, ça promet. Aujourd’hui, comment les filles s’habillent, le dessous est dehors, les seins sont dehors etc. », a constaté Pépin avant de témoigner d’un cas vécu. « A Gbégamey ici, j’ai réagi violemment lorsqu’un professeur ACE intervenant dans les lettres, a tenté de harceler des filles de sa classe. Il a envoyé le même message à deux filles de la même classe. Un message au contenu très tendancieux suivi d’actes délictueux. Il a invité une fille à sortir des classes, qu’il a tenté de violer en plein jour dans l’établissement alors que l’élève était au cours ; j’ai trouvé que c’était inacceptable. Aujourd’hui, celui-là dont je préfère taire le nom n’est plus dans l’établissement. J’ai informé les autorités et rapidement, son cas a été examiné. » Pour régler ces problèmes dans les établissements, les autorités en charge de l’éducation et le législateur ont prévu des sanctions.
Les dispositions juridiques qui protègent les filles
En effet, l’arrêté interministériel N°16 de l’année 2003 a été remplacé par l’arrêté N°259 de l’année 2012 en ce qui concerne le Ministère de l’enseignement secondaire. Cet arrêté pris par le ministre Alassane SOUMANOU porte ‘’Sanctions à infliger aux auteurs de violences sexuelles dans les établissements publics et privés d’enseignement secondaire général, technique et professionnel’’. Cet arrêté prévoit au titre III, des sanctions aussi bien pour les apprenants auteurs de grossesse ou de harcèlement que pour les éducateurs. Les articles 21 et 22 par exemple de cet arrêté en disent long sur le sort réservé aux éducateurs indélicats. L’article 21 stipule : Tout éducateur reconnu auteur de grossesse constatée sur une apprenante est temporairement exclu de ses fonctions pour une durée de 6 mois avec suspension de salaire. En cas de récidive, il est révoqué de ses fonctions sans suspension des droits à la retraite. L’article 22 dit : Tout ( e ) éducateur (rice) reconnu ( e ) coupable de tentative d’avortement ou d’incitation à l’avortement sur une apprenante est retrogradé (e ) de deux échelons. En cas de récidive, l’intéressé (e ) est révoqué (e ) de ses fonctions avec perte de tous ses droits à pension. Toujours dans le but de protéger les filles en milieu scolaire, le législateur a pris la loi n° 2003-04 du 03-03-2003 portant santé sexuelle et reproduction puis la loi n° 2006-19 du 05-09-2006 portant sur le harcèlement sexuel au Bénin. D’ailleurs, « les juridictions béninoises ont envoyé en prison au moins 6 enseignants au cours de l’année 2012-2013 qui se sont rendus coupables de harcèlement sexuel, viol ou tentative d’avortement sur élève. », a déclaré Sadia ADEBIYI ADAM.
Malgré l’existence de toutes ces dispositions, les grossesses se multiplient et donc, le Béninois lambda s’interroge sur les causes profondes de la situation.
Les causes religieuses, culturelles, autres…
Selon Sadia ADEBIYI ADAM, digne fille d’un grand religieux du Nord Bénin, les grossesses en milieu scolaire s’expliquent notamment pour ce qui concerne le Nord Bénin par le religieux et le culturel. En effet, « Des fois, vous avez des apprenantes qui vont à l’école déjà mariées. Dans certaines familles religieuses, une fois que la petite fait ses premières règles, elle n’a plus le droit de continuer à rester chez ses parents. Il faut l’envoyer chez un mari. Et si la belle famille accepte l’envoyer à l’école, cela ne les gêne pas de la voir enceinte en kaki ; surtout dans les zones à forte influence musulmane où on ne tolère pas qu’une fille au-delà de 15 ans soit encore sans mari », a-t-elle indiqué à Educ’Action avant de continuer « il y a également des zones où on continue d’enlever des enfants, surtout les zones peulh, pour les amener en mariage forcé. Lorsque vous échangez avec certains parents, ils vous disent que c’est la faute aux filles parce qu’il y a des moments où eux parents, ils n’arrivent plus à les contrôler. Ils pensent que si la fille reste toujours avec le garçon, c’est qu’elle veut aller en mariage. Il faut donc l’accompagner avant qu’elle ne contracte une grossesse hors foyer qui constitue une honte pour la famille. »
Outre ces causes religieuses et culturelles, Emma MONGBO, Directrice exécutive de l’ONG SINDO parle d’une dépravation prononcée des mœurs chez les jeunes filles et jeunes gens aujourd’hui. Une dépravation qui, entre autres, les amène à souscrire à des tontines de sexes qui les exposent à tout. Elle a cité les CEG Gbégamey, Akpakpa-Centre, Ste Rita et autres où ces pratiques se développent. Si les responsables des CEGs Akpakpa-Centre, et Ste Rita affirment ne pas être dans l’économie de cette réalité, le Directeur du CEG Gbegamey, lui, déclare avoir entendu parler des tontines de sexe dans son établissement, « mais je n’ai pas de preuves. On m’a même identifié un petit réseau. Mais elles sont organisées. Quand j’ai tenté de percer un peu, je me suis peut-être mal pris, elles m’ont dit : Ah Directeur, nous-là, on n’est pas dedans hein ! », a affirmé le Directeur qui continue ses investigations jusqu’à démanteler ces réseaux. Les réseaux, il y en a toujours.
Selon Sadia ADEBIYI ADAM, des réseaux d’élèves sont constitués dans certains établissements où les nouveaux collégiens sont récupérés et initiés à la débauche par leurs aînés qui leur collent systématiquement des copains ou copines. « Mais à chaque fois, nous attirons l’attention des chefs d’établissement », a-t-elle signalé. Des filles se sont aussi constituées en réseaux spécialistes d’avortement. Elles y entraînent leurs camarades avec toutes les conséquences que cela comporte. Si les réseaux se nourrissent de mauvaises pratiques, ils véhiculent aussi de fausses informations. Olga ADOVOEKPE, née BEHANZIN, coordonnatrice de l’Unité focale de lutte contre le sida au MESFTPRIJ, très active dans l’éducation sexuelle des jeunes des établissements secondaires, a rapporté ses conversations avec certains élèves à Educ’Action. « Quand on vous dit par exemple que lorsque vous ne faites pas l’amour avant l’âge de 18 ans, vous serez stérile ou vous n’êtes pas branché ou alors lorsque vous êtes une fille et que vous faites l’amour avec un homme, vous aurez le Vih-Sida, alors autant aller avec des filles et c’est cool entre filles, vous imaginez quelles informations ces jeunes s’échangent, totalement ignorants des réalités sexuelles. »
Ce sont là autant de causes qui conduisent aux grossesses en milieu scolaire sans occulter la question de la distance. En effet, des élèves sont si loin de leur CEG que la route présente plusieurs risques. « A Matéri, une élève de 5ème a été violée par un homme qui s’est proposé de la déposer chez elle alors que fatiguée, elle revenait des cours le soir. Il a bifurqué dans la brousse et l’a violée avec des menaces de mort si jamais elle en parlait », a indiqué la CT Genre du MESFTPRIJ.
Les Directeurs Pépin Joseph SIMEON et Jean TOTTIN ont aussi estimé que le très jeune âge des enseignants vacataires qui n’ont pas reçu une éducation pédagogique en est pour beaucoup dans les cas de harcèlement enseignants-élèves. Pour preuve, il y a des enseignants vacataires qui ont confié à certains de leurs collègues que « le métier d’enseignant est très ingrat. Donc, les liaisons avec les apprenantes sont une manière de compenser cette ingratitude du métier.»
Devant de si graves déclarations, il apparaît urgent d’apporter une thérapie de choc pour exorciser le mal. Au MESFTPRIJ, les autorités ne se lassent pas d’attirer l’attention des chefs d’établissements sur le fait que les filles doivent faire l’objet d’un suivi rigoureux. Sur instruction du ministre Alassane SOUMANOU, les chefs d’établissements doivent incessamment mettre sur pieds, des comités de suivis et d’écoute. Et dans ces comités, on doit pouvoir retrouver, deux enseignants, un homme et une femme, deux apprenants, une fille et un garçon, une vendeuse parce qu’autour du repas, les enfants échangent beaucoup d’informations, les gardiens des CEG parce que généralement dans les salles de classe vides les soirs ou les week-ends, beaucoup de choses se passent parfois au vu et au su du gardien moyennant quelques ristournes, la responsable du centre de promotion sociale en plus du chef de brigade ou son représentant. Avec ces comités d’écoutes, les autorités espèrent amoindrir les conséquences de ce phénomène qui sont énormes.
Les conséquences
Pour Olga A. BEHANZIN, les enfants qui s’adonnent au sexe très jeunes s’exposent aux IST, car en plus des grossesses qu’elles contractent, elles peuvent banalement perdre leur vie. D’ailleurs la rentrée scolaire 2012-2013 a enregistré un décès de ce genre au CEG Akpakpa-Centre. La Surveillante Générale Irène GOGAN OKAMBAWA rappelle avec consternation, les faits: « C’est vers mai que nous avons constaté que la fille qui était en 3ème était enceinte. Elle est venue au BEPC en juin dans notre centre, qui est son collège. Et nous avons constaté qu’elle avait des œdèmes et les deux pieds étaient très enflés. Ça nous a gêné parce qu’on était là et on lui a demandé de ne pas revenir le soir, de partir à la maternité pour qu’on l’examine. Elle a accepté la chose. Donc l’après-midi, elle n’est pas revenue mais au bout de deux jours, la nouvelle est tombée, son père est venu nous annoncer qu’elle était décédée. Et ça, c’est très dur pour tout le monde et pour les parents parce que c’est une perte et pour nous qui, non seulement sommes des éducateurs mais aussi les responsables d’établissement », a témoigné la Surveillante Générale presque au bord des larmes.
Le phénomène est en train de gagner les premières années de l’université où on dénote aussi des cas de grossesses non désirées. Même si à l’université, les étudiantes sont plus ou moins majeures, elles devraient pouvoir se planifier pour finir leurs études et se donner une chance d’autonomisation. Aubierge DAH HOUNNON, Infirmière Diplômée d’Etat en service au Centre de santé universitaire d’Abomey-Calavi indique qu’en 2012, dix-sept (17) cas de grossesses ont été recensés au niveau des étudiantes de l’Uac. Cette année 2013, ces cas de grossesses sont chiffrés à vingt-neuf (29) à la date du vendredi 20 Décembre.
De la responsabilité des parents
De façon unanime, toutes les personnes rencontrées ont mis l’accent sur la responsabilité des parents à suivre et à protéger leurs enfants. Olga A. BEHANZIN en donne la quintessence lorsqu’elle déclare : « Je dirai surtout aux parents de ne pas démissionner. Ne soyez pas ces parents qui rentrent et les enfants courent se cacher. Non, il faut parler avec vos enfants. Vous courez, vous cherchez de l’argent et vous abandonnez l’éducation de vos enfants, si vos enfants ont une grossesse demain, le Vih ou n’importe quelle Ist, c’est d’abord votre échec. »
Réalisé par
Ulrich Vital AHOTONDJI,
Serge-David ZOUEME &
Romuald D. LOGBO