Né depuis bien des années, le Groupe d’Action pour la Réduction de la Pauvreté et des Inégalités Sociales (GARPIS), est l’une des nombreuses organisations non gouvernementale ayant comme aspiration de venir en aide à toute personne en quête d’un premier emploi. Rencontrée au cours de l’une de ses nombreuses activités, la directrice Hervée Alida Alingo a accepté librement de répondre aux questions de l’équipe de votre journal Educ’Action. Elle a par ailleurs saisi l’occasion pour renseigner sur les activités phares et les domaines d’excellence de son ONG. Entretien…
Educ’Action : Présentez-nous l’ONG GARPIS.
Hervée Alida Alingo : GARPIS signifie Groupe d’Actions pour la Réduction de la Pauvreté et des Inégalités Sociales. C’est une Ong qui a pour but principal de lutter contre la pauvreté. Les objectifs de cette Ong se déclinent comme suit : lutter contre la pauvreté ; former, éduquer et insérer les jeunes déshérités dans le monde du travail ; développer des activités de l’épargne et du crédit ; créer un cadre de protection et de réhabilitation des personnes vulnérables (personnes du troisième âge, orphelins, enfant maltraités, femmes en difficultés) etc. Le siège social de l’Ong est situé dans la commune d’Abomey-Calavi, arrondissement d’Akassato, quartier Agassa-Godomey et a un bureau exécutif qui travaille pour l’épanouissement du groupe. Sont membres de GARPIS, toutes personnes de bonne volonté passionnées par les activités sociales et caritatives.
Quelles sont les actions que l’Ong GARPIS mène dans la société ?
Dans le domaine de la réduction de la pauvreté, d’abord nous avons commencé cette année, un projet dénommé la cour aux milles métiers. C’est un projet qui fait appel à une reconversion des personnes qui ont des diplômes mais qui n’ont pas trouvé du travail ; c’est un projet qui fait appel à toutes les personnes qui veulent se faire former rapidement et qui est dédié aux métiers de l’événementiel. C’est-à-dire la décoration, l’art floral, le mécope qui n’est rien d’autre que le maquillage. On apprend à nos stagiaires à maquiller les mariés, à faire les maquillages de soirées, les maquillages de présentation pour les journalistes et animateurs télé et également les attachés de foulard, les coiffes pour la fête. On apprend aux jeunes à vite faire ce métier parce que quand tu fais ce métier, tu as dix jours d’apprentissages et on te donne une attestation. A base de cette attestation, tu peux déjà commencer par te chercher. On a eu beaucoup de témoignages, les gens ont commencé et n’ont pas fait dix jours avant de commencer par prendre des marchés. On a eu des gens qui ont appris la décoration et en pleine formation, beaucoup ont reçu des marchés en décoration comme en emballage. Le projet est dédié à tous les métiers de l’événementiel. Donc, on fait la décoration, les emballages cadeaux. Et c’est comme ça que nous aidons les jeunes qui se disent sans emploi à se reconvertir. Cela ne voudra pas dire qu’ils peuvent laisser leurs métiers. Mais quand tu as ce métier à côté et qu’on sait que dans notre pays, chaque samedi, il y a toujours de fête, il y a des funérailles, cela te sert toujours, tu peux t’en sortir facilement. Donc, c’est pour ça que nous avons initié ce projet pour pouvoir aider les jeunes déshérités dans le monde du travail. Avant ce projet, nous avons eu des projets précédents. On a eu le projet « enfant épanouir » où on travaille avec les enfants en situations difficiles. C’était en partenariat avec l’Office central de protection des mineurs. On a travaillé dans le centre d’accueil et de transit des enfants avec la brigade de protection des mineurs actuellement appelée Office de protection des mineurs. Nous sommes aussi avec les enfants de la rue pour leur porter de petits soins, pour les écouter. Donc, nous avons des psychologues dans notre équipe qui prennent ces enfants en charge. Au niveau des inégalités sociales, il y a aussi des actions que nous menons.
Quel est le coût de vos formations ?
Pour aller apprendre une de nos formations ailleurs, vous devriez avoir au moins 400mille francs. Mais ici, l’Ong a subventionné ce projet. Avec seulement 10mille francs, vous pouvez venir vous former chez nous. Dans la liste de nos stagiaires, vous y trouverez des étudiants, des couturiers, des journalistes … des gens qui n’ont pas de grands moyens mais qui souscrivent à la formation chez nous. Donc, c’est sous cet angle-là que nous voyons les inégalités sociales et sur un autre plan, on peut parler des sans voix, les enfants de la rue que nous considérons comme les divorcés sociaux alors qu’ils ont besoin, d’une petite attention, d’un soin psychologique pour pouvoir avoir une estime de soi. Nous ne les rejetons pas. C’est pour ça qu’on a des psychologues qui les prennent en charge, qui les écoutent et qui les orientent.
Que dire alors de la gent féminine ?
Nous avons quelques femmes qui nous viennent et nous les accompagnons juridiquement. On n’a pas assez de juristes mais on essaie de les orienter vers où elles doivent partir pour que leurs voix se fassent entendre. Nous offrons nos formations à toutes personnes sans distinctions de sexe et de religion. Nos formations sont ouvertes à tout le monde. Quand vous allez faire cette formation ailleurs, vous êtes à 400mille et nous on prend simplement le millième de ce montant pour former. C’est pour ça qu’on parle d’inégalités sociales parce que tout le monde n’a pas les moyens ou des parents riches mais tout le monde a la chance d’être intelligent, d’avoir ses dix doigts pour travailler.
Quelles sont les projets à venir de l’Ong GARPIS ?
Comme projets à venir, l’Ong GARPIS entend rebondir vers les personnes vulnérables. C’est-à-dire on a un projet de bibliothèque animée pour les enfants et le site est déjà connu, c’est à Porto-Novo. Ce n’est pas un projet de prise en charge mais un projet de prévention pour les enfants, car, c’est quand un enfant échoue dans la rue que l’on commence par vouloir le retirer de la même rue. Et c’est très difficile dans ce cas. Ce projet regroupe des psychologues membres de GARPIS, des éducateurs spécialisés de GARPIS et des artisans. Donc, les enfants y viendront, pourront lire, pourront accéder à des jeux éducatifs, des films éducatifs et des sensibilisations pour pouvoir les retenir à la maison. Le second projet porte sur une baraque pour pouvoir regrouper nos enfants parce qu’on peut dire qu’avant, on fait des activités de transhumance dans les rues pour rencontrer les enfants. Désormais, on aura un siège de rassemblement des enfants, où on se rencontre en permanence. Les encadreurs et éducateurs y seront chaque fois pour accueillir les enfants.
Quels messages avez-vous à l’endroit des jeunes désœuvrés qui se disent chômeurs ?
Je voudrais simplement dire aux jeunes qui croient qu’il n’y a pas d’emploi dans le pays, que ce n’est pas seulement ce qu’on a appris à l’école ou la formation qu’on a reçue qu’on doit forcément faire pour se faire de l’argent. Il y a de petites activités qui rapportent mieux que le salaire. Quand vous prenez quelqu’un qui a suivi nos formations, avec une dépense de 10mille francs, il peut réaliser un bénéfice de 30mille. Il ne faut pas se dire qu’il faut forcément travailler dans un bureau, une boutique avant de commencer par exercer. Avec la décoration, vous pouvez décorer les bâches. On travaille avec toutes personnes qui désirent se faire former. Je voudrais demander à tous ceux qui sont en train d’errer de se lever et de se joindre à nous, car, on a de belles formations qui pourront les aider à s’en sortir.
Propos recueillis par Estelle DJIGRI